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13 janvier 2015

QUI était LES TERRORISTES de charlie hebdo ?

"Saïd était le 'pilier'. Le plus déconneur, c'était Chérif"
Marie Vaton Publié le 13-01-2015 à 15h09

EXCLUSIF. Une amie de la famille Kouachi raconte son enfance aux côtés des frères Kouachi, en foyer, leur rapport à la religion... Interview.

Saïd et Chérif Kouachi (FRENCH POLICE / AFP)Saïd et Chérif Kouachi (FRENCH POLICE / AFP)
 
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Vous êtes une amie de la famille Kouachi. Dans quelles circonstances l’avez-vous connue ?

- Au Centre des Monédières de la Fondation Claude Pompidou, à Treignac, un petit village de Corrèze. Quand j’y suis arrivée, toute la fratrie Kouachi était déjà là. Il y avait Saïd, l’aîné, le plus sage, le "pilier". C’était le "grand frère", tout le monde s’appuyait sur lui. Il était très sérieux, très doué en cuisine (il préparait un CAP en restauration, NDLR). J’imaginais qu’il serait chef plus tard. Puis Aïcha, la sœur, dont j’étais particulièrement proche. Pour moi, elle était comme ma grande sœur. Qu’est-ce que j’ai pu rire avec elle… Ensuite, venait Chérif, puis Chabane, le plus jeune des frères et enfin, une demi-sœur. Le plus déconneur, c’était Chérif, de loin. Toujours à se faire remarquer, à vouloir briller. C’était un petit trublion. Maintenant, quand j’y réfléchis, je me dis qu’il devait être tellement en recherche de reconnaissance.

Quelle était la situation de cette famille ?

- L’histoire des Kouachi est d’une grande tristesse, comme toutes celles des enfants qui arrivent en foyer. Eux, ils n’étaient pas des enfants battus ni violés. A ce que m'avait raconté Aïcha, leur père était décédé et leur mère ne pouvait pas les élever tous seule. Quand elle a confié Saïd et Chérif à l’Aide Sociale à l’Enfance, elle devait se dire que c’était provisoire. Mais voilà, elle aussi était malade. Et elle ne voulait pas se faire soigner, de peur de devoir rester à l’hôpital et que ses trois autres enfants soient placés eux aussi. Un jour, Aïcha, qui habitait encore dans le 19ème arrondissement à Paris, est rentrée de l’école, et a trouvée sa mère par terre, allongée dans la cuisine, morte. Aïcha est arrivée peu après dans le centre, avec les plus petits. Une famille d'orphelins.

Comment se passait la vie au foyer ?

- Pour avoir été une enfant ballotée de foyers en foyers, je peux dire que, comparé à d’autres, "le Centre des Monédières" était un très bon établissement. On avait la possibilité de faire beaucoup d’activités, comme de l’équitation, du foot, de la musique… Le dimanche, on allait visiter la chocolaterie. On choisissait où on voulait partir en vacances. On recevait même un peu d’argent de poche. On avait beaucoup de libertés.Mais dès qu’on sortait du centre, on nous renvoyait systématiquement à notre « condition » : pour la plupart des gens du village, on était et on resterait « les enfants de la Fonda ».

Avez-vous gardé des liens avec la famille Kouachi ?

- Oui. Jusqu’en 2007, j’étais en contact avec Aïcha qui travaillait dans la restauration après avoir fait un BEP Hôtellerie au Centre. J’ai suivi un moment l’itinéraire de Chérif. A 18 ans, quand il a fallu quitter le foyer, il n’avait rien. Pas de diplôme, pas de projet et surtout pas de famille vers qui se tourner. C’est le cas de beaucoup de jeunes issus des foyers qui ont pour beaucoup dormis au moins une fois dans la rue. Chérif a été hébergé un temps chez des mères de copains à lui, puis quelques mois chez des amis à nous à Saint Denis. Ensuite, j’ai un peu perdu sa trace jusqu’en 2007, quand il est sorti de prison. A ce moment là, il a été hébergé chez une ancienne du foyer qui l’avait vu dormir sur le trottoir à Porte de la Chapelle, en plein d’hiver… Saïd, lui, travaillait, il avait l’air plus stable. Ceux qui s’en sont le mieux sorti, c’est Chabane et leur demi-sœur, parce qu’ils ont été placés rapidement dans des familles d’accueil. Cela les a sans doute mieux structurés certainement.

Comment expliquez-vous la dérive meurtrière de Saïd et Chérif ?

- Je ne me l’explique pas. Chérif était le plus influençable et manipulable, c’est sûr. Mais Saïd… Concernant la religion, le seul pour qui ça comptait au foyer, c’était lui. Mais d’une manière très tolérante. Pas du tout donneur de leçon ou prêcheur. Je ne l’ai jamais entendu dire quoi que ce soit quand je mangeais du porc. Le mardi, c’était steak frites à la Fonda et pendant le Ramadan, il y en avait jamais un pour ne pas être à la cantine... Pareil pour l’alcool. J’ai beaucoup fait la fête avec Aïcha, c’était une fille très libre. La dernière fois que je l’ai vue, elle était sur le point de se marier. Son fiancé était un Français "de souche" comme on dit, il venait de se convertir à la religion musulmane. A l’époque elle n’était pas très pieuse.

Quand j’ai appris dans les journaux qu’elle s’était voilée, j’ai halluciné… Nous avions aussi un peu parlé de Chérif qui sortait de prison pour djihadisme. J’avais relativisé, en disant : "qu’est ce qu’il a fait encore comme connerie ? Il délire complètement". Elle m’avait répondu, triste et honteuse : "Ne t’inquiète pas, avec Saïd, on va le reprendre en main". Ensuite, nous nous sommes perdues de vue après une broutille. Je le regrette. Peut-être que tous ensemble, si on avait gardé contact, on aurait pu empêcher tout ça…

Quel est votre sentiment après ces événements ?

- Un immense gâchis et une grande tristesse, comme tous les anciens de la Fonda qui les avons connus. On était comme une famille vous savez... Aujourd’hui, j’ai envie de crier et je crie : des djihadistes en puissance, comme Saïd et Chérif, il y en a des centaines dans les foyers ! Ouvrez les yeux ! On nous parle de déchéance de nationalité, mais ils étaient Français, nés en France et élevés dans des institutions françaises.  Au lieu de parler des prisons et des cités, n'oubliez pas les jeunes de la DDASS qui se retrouvent à la rue ! Souvent sans repères, sans qualifications, à la merci de toutes les tentations.

Propos recueillis par Marie Vaton

 

Les anciens amis des Kouachi du centre des Monédières se sont réunis dimanche et ont écrit une lettre commune que nous publions ci -dessous :

LETTRE A TOUS
Nous pleurons ce soir comme nous avons pleuré mercredi soir ! Nous pleurons des amis, des hommes que nous avons connus, que nous avons  appréciés, nous pleurons des humains, nous pleurons une sœur, un frère qui ont tout perdu ! Nous pleurons aussi des maris, des femmes, des frères, des sœurs, des amis(es), une société.
CE SOIR, NOUS SOMMES CHARLIE
(Nous ne sommes pas leurs dessins nous sommes leurs liberté)
Nous condamnons les actes d'hommes que nous ne reconnaissons pas, que nous ne soutenons pas.
Nous savons qui ils ont été, et nous pensons savoir dans ce groupe, ce qui les à menés à ce qu'ils ont fait. Ils ont été nos amis, nos ex, nos confidents, nos camarades de chambre, nos rivaux, nous les avons aimés et haïs parfois.
Ce sont des enfants perdus, des FRANÇAIS, enfants de la France, orphelins ! Nourris par la France, nourris par l'amour de cette terre, nourris par la haine de fous! Nourri par ceux qui on su leur faire croire que leur salut était la folie d'un Dieu qui n'en est pas.
Parlons de ce qu'ils ont fait, parlons de ce qu'ils étaient, de ceux qu'ils sont devenus et pourquoi ils le sont devenus.
Plus encore, battons nous ! Combattons ensemble la cause et non les effets, mobilisons nous ! Parlons-nous ! Retrouvons-nous.
Nous devons dire à tous ceux qui pensent que l'origine, la couleur, la religion, est un danger, nous devons, nous, plus que d'autres, leur dire que le seul danger c'est l'abandon, l'oubli et la stigmatisation!
Que celui qui pense qu'il ne peut rien se lève! On peut conquérir avec des mots, on peut combattre avec des idées, on peut gagner avec une conviction.
Je Professe:
JE CROIS EN DIEU CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE
JE CROIS EN HALLA CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE
JE CROIS EN YAVE CREATEUR DU CIEL ET DE LA TERRE
JE SUIS CHARLIE
JE CROIS EN LA LIBERTE DE CHACUN DE NOUS
JE CROIS EN LA LIBERTE D'EXPRESSION
JE CROIS EN L'ÊTRE HUMAIN
JE REFUSE L'AMALGAME
JE REFUSE L'IGNORANCE
JE REFUSE L'ABANDON
JE REFUSE L'INTOLERANCE
JE REFUSE LA HAINE
JE REFUSE LA VENGEANCE
PARDONNEZ-LEURS, ILS NE SAVENT PAS CE QU'ILS FONT !!!!

 

 

 

 

Les terroristes sont-ils tous des musulmans ? C’est bien loin d’être la réalité (The Daily Beast)

 

Quel est le pourcentage d’attaques terroristes commis par des musulmans aux Etats- Unis et en Europe ?

Devinez... 
Non... 
Devinez à nouveau... 
Encore...

Combien de fois avez-vous entendu : " Tous les musulmans ne sont pas des terroristes, mais tous les terroristes sont musulmans” ? Bien sûr, nous avons entendu Brian Kilmeade (1) journaliste de Fox News le dire , mais pour moi, tout ça fait partie de la politique même de Fox News : crétiniser leurs téléspectateurs, chaîne qui d’ailleurs s’est brillamment illustré le week-end dernier, lorsque son "expert" sur le terrorisme Steve Emerson a été pris la main dans le sac en train de mentir sur la ville de Birmingham, en Angleterre, en disant qu’elle est fermée aux non-musulmans (4).

Mais plus inquiétant encore est le fait que même des personnes raisonnables aient relayé cette déclaration mensongère. Et ce genre de commentaire est bien souvent suivie par la question : Pourquoi ne voyons-nous pas des terroristes chrétiens , bouddhistes ou juifs ?

Bien sûr, il y a des gens qui se considèrent sincèrement comme des musulmans, qui ont commis des actes horribles au nom de l’Islam. Nous, musulmans, pouvons faire valoir que leurs actions ne sont pas basées sur une partie quelconque de la foi, mais bien sur leur propre programme politique. Mais on ne peut nier le fait qu’ils soient musulmans.

Cependant, et ça en choquera probablement plus d’un, alors respirez un grand coup : la très grande majorité de ceux ayant commis les attentats terroristes aux États-Unis et en Europe ne sont pas des musulmans.

Donnons nous quelques instants pour ajuster nos esprits.

Si vous ignoriez ce fait, ce n’est pas de votre faute. Vous pouvez blâmer les médias. (Oui, Sarah Palin, je suis d’accord sur un point : Les médias traditionnels puent) .

Alors, voici quelques statistiques pour ceux qui s’y intéressent. Commençons par l’Europe.

Devinez le pourcentage des attaques terroristes commis par les musulmans au cours des cinq dernières années ?

Faux ! À moins que vous n’ayez répondu : moins de 2%.

Comme l’indique Europol (6), l’agence d’application des lois de l’Union européenne, dans son rapport de l’an dernier, la grande majorité des attaques terroristes en Europe ont été perpétrées par des groupes séparatistes. Par exemple, en 2013, il y a eu 152 attaques terroristes en Europe. Seules deux d’entre elles avaient des “motivations religieuses”, 84 d’entre elles étaient motivés par des idéaux ethno-nationalistes ou séparatistes.

Nous parlons de groupes comme le FLNC en France, qui revendique l’indépendance de la Corse. En Décembre 2013, les terroristes du FLNC ont mené des attaques à la roquette contre des postes de police dans deux villes françaises, simultanément. En Grèce fin 2013, des militants de l’aile gauche des Forces Révolutionnaires Populaires ont abattu deux membres du parti politique d’extrême droite Aube Dorée. Alors qu’en Italie, le groupe anarchiste FAI a orchestré de nombreuses attaques terroristes, dont l’envoi d’une bombe à un journaliste. Et la liste s’allonge encore...

Avez-vous entendu parler de ces attentats ? Probablement pas.

Mais si des musulmans les avaient commis, pensez-vous que nos médias les auraient couvert ? Pas besoin de répondre, c’est une question rhétorique .

Quand nous voyons comment la presse Etats-Unienne à couvert en 2011, l’une des pires attaques terroristes en Europe, lorsqu’ Anders Breivik a abattu 77 personnes en Norvège pour défendre sa cause, anti-immigration, anti-musulmans, et pro " Europe Chrétienne " comme cité dans son manifeste, on est bien loin de la façon dont elle l’aurait traité s’il avait s’agit d’un terroriste musulman. De plus, dans la sphère des chaines d’infos, nous n’avons pas eu droit, aux bombardement médiatique habituel des experts du terrorisme, cherchant comment arrêter de futurs attentats terroristes chrétiens. En fait, la suggestion même que Breivik est bien un "terroriste chrétien" a été accueillie avec indignation par beaucoup, Bill O’Reilly de Fox News compris (7).

Avez-vous entendu parler des terroristes bouddhistes ? Eh bien, des extrémistes bouddhistes ont tué de nombreux civils musulmans en Birmanie (8), et il y a quelques mois au Sri Lanka, certains se sont déchaînés violemment contre la communauté musulmane, en brûlant des maisons, des entreprises et en massacrant quatre personnes (9).

Ou que diriez-vous ( si j’ose les mentionner ) des terroristes juifs ? Comme cité dans le rapport du Département d’Etat de 2013 sur le terrorisme, il y a eu 399 actes de terreur commis par des colons israéliens sous la dénomination d’ "attaques d’étiquette de prix " (10) et (11). Ces terroristes juifs ont attaqué des civils palestiniens, entraînant des dommages corporels pour 93 d’entre eux, ils ont également vandalisé des dizaines de mosquées et d’églises chrétiennes.

Aux États-Unis, le pourcentage d’attaques terroristes commises par des musulmans est presque aussi minuscule qu’en Europe. Une étude du FBI sur les actes terroristes commis sur le sol américain entre 1980 et 2005 a révélé que 94 pour cent des attaques terroristes ont été commises par des non-musulmans. En réalité, 42 % des attaques terroristes ont été menées par des groupes liés aux communautés latinos - , 24% ont été perpétrés par des acteurs de l’extrême gauche.

Et comme l’indique une étude de l’Université de Caroline du Nord publiée en 2014, depuis les attentats du 11 septembre, le terrorisme lié aux communautés musulmanes a coûté la vie à 37 Américains. Tandis que dans cette même période, plus de 190 000 Américains ont été assassinés(13).

En fait, en 2013 , les Étasuniens étaient plus susceptibles d’être tué par un bambin que par un terroriste. Cette année là, trois Étasuniens ont été tués lors du bombardement du Marathon de Boston, alors que cinq d’entre eux ont été tués accidentellement par des tout-petits jouant avec des armes à feu. (14)

Mais nos médias ne couvrent tout simplement pas les attaques terroristes non-musulmanes avec le même enthousiasme. Pourquoi ? C’est un choix commercial. Les histoires sur les effroyables « autres » se vendent mieux. C’est une histoire qui peut être simplement conçue avec la notion du bien contre le mal, les Etasuniens étant les bons gars et les musulmans mat de peau étant les mauvais.

Honnêtement, quand est-ce que nous avons entendu les médias se référer à ceux qui attaquent les cliniques d’avortement comme étants des "terroristes chrétiens" (15), même si ces attaques se produisent contre un établissements de santé reproductive sur cinq dans tout le pays ? Ça ne se vend pas aussi bien. Après tout, nous sommes une nation dite chrétienne, en parler nous obligerait à regarder l’ennemi en notre propre sein, et beaucoup de personnes se sentiraient mal à l’aise.

Ou pire encore, ils risqueraient de changer de chaine .

C’est la même raison pour laquelle nous ne voyons pas beaucoup de reportages ni de débats sur la façon de réduire le nombre d’Américains (30 par jour) tués par armes à feu, ni sur la violence domestique ( 3 femmes tuées par jour).

Mais les médias auront bien sûr de nombreux experts pour discuter sur comment empêcher ces effroyables musulmans à la peau brune, de tuer un seul Étasunien de plus, malgré le fait que nous ayons une plus grande chance d’être tué par un réfrigérateur qui nous tombe dessus. (16)

Il est évident que cet article ne va pas changer la façon de faire des médias. Mais j’espère que cet article en amènera certains à se rendre compte que les terroristes ne sont pas tous musulmans. En réalité, ils ne représentent qu’un très petit pourcentage d’entre eux. Pour autant, je ne vous dis pas d’ignorer les dangers posés par l’islamisme radical. Je vous dis simplement de faire attention aux frigos !

Dean Obeidallah

Dean Obeidallah (comédien Etats-Unien) http://deanofcomedy.com

(source de la traduction non précisée)

»» http://www.thedailybeast.com/articles/2015/01/14/are-all-terrorists-mu...
 
La fausse bonne conscience de l’Occident face au terrorisme

C’est en 1993 que Samuel P. Huntington publia son désormais célèbre Choc des civilisations. Pour l’auteur, la défaite de l’Union soviétique avait mis fin à toutes les querelles idéologiques, mais pas à l’histoire. La culture – et non la politique ou l’économie – allait dominer le monde.

Il en dénombrait huit : occidentale, confucéenne, japonaise, islamique, hindoue, slave orthodoxe, latino-américaine et, peut-être, africaine (il n’était probablement pas certain que l’Afrique soit vraiment civilisée !). Chacune incarnait différents systèmes de valeurs symbolisés chacun par une religion, « sans doute la force centrale qui motive et mobilise les peuples ». La principale ligne de fracture passait entre « l’Occident et le reste », car seul le premier nommé valorise « l’individualisme, le libéralisme, la Constitution, les droits humains, l’égalité, la liberté, le règne de la loi, la démocratie, les marchés libres ». C’est pourquoi l’Occident doit se préparer militairement à affronter les civilisations rivales, et notamment les deux plus dangereuses : l’islam et le confucianisme, qui, si elles devaient s’unir, menaceraient le cœur de la civilisation. Et l’auteur concluait : « le monde n’est pas un. Les civilisations unissent et divisent l’humanité... Le sang et la foi : voilà ce à quoi les gens s’identifient, ce pour quoi ils combattent et meurent ». Oussama Ben Laden aurait pu signer sans mal une telle déclaration.

Le choc des civilisations est revenu mercredi 7 janvier sur le devant de la scène. Au galop. Ce jour-là, une attaque terroriste décimait la direction de Charlie Hebdo. Parmi les morts figurent de nombreux journalistes, dont les dessinateurs Charb, Cabu, Wolinski, Tignous, Honoré, Elsa Cayat, Mustapha Ourad ainsi que Bernard Maris, chroniqueur pour l’hebdomadaire satirique et pour France Inter. Alors que les informations défilaient en boucle, plus de 100 000 personnes se sont rassemblées dans plus de cent cinquante villes de France. Une journée de deuil national a en parallèle été décrétée le lendemain en hommage aux victimes.

Laurent Léger, survivant de l’attentat, raconte « la barbarie entrée dans le journal ». Pourtant, rares sont ceux à rappeler que les deux tueurs présumés ont séjourné en Syrie où certains diront plus tard qu’on leur a « bourré la tête ». Un nouveau rapport de la Commission d’enquête des Nations Uniestraitant justement de ce pays a donné des explications choquantes sur l’usage de la terreur par le groupe armé autoproclamé État islamique (utilisation d’une violence extrême contre les civils et les combattants capturés).

Le rapport indique que « le soutien externe fourni à tous les belligérants en Syrie a contribué à la radicalisation des groupes armés, au bénéfice final d’ISIS (État Islamique, NDLR). Des organisations caritatives et des particuliers fortunés ont financé les entités radicales désireuses de promouvoir leurs idéologies et de servir leurs agendas. Les armes et le soutien offerts aux groupes armés considérés comme modérés sont maintes fois tombés dans les mains d’acteurs plus radicaux, y compris ISIS ». Dans un entretien exclusif au Monde, François Hollande confirmait d’ailleurs en août dernier que « la France a soutenu la rébellion syrienne démocratique », nous refaisant au passage le coup des armes chimiques. Les États-Unis ne sont pas en reste. Selon l’agence de presse britannique Reuters, le Congrès a voté secrètement le financement d’une aide militaire aux « rebelles syriens » jusqu’à la fin de l’année fiscale (c’est-à-dire jusqu’au 30 septembre 2014)

Jacques Chirac avait pourtant compris le problème, lorsque George W. Bush a décidé d’envahir l’Irak sous le prétexte fallacieux d’éliminer des armes de destruction massive. Mais pas Sarkozy, qui a pris le risque d’envoyer des troupes françaises combattre, avec des djihadistes et des terroristes d’Al-Qaïda, pour « libérer » les Libyens. Tous savaient que l’opposition laïque libyenne était insignifiante par rapport à la nébuleuse islamo-terroriste.

Le cas de la Syrie n’est pas totalement différent du précédent libyen. Même si elle a été plus ou moins pacifique au départ, l’insurrection syrienne a été très rapidement une résistance armée et composée par des djihadistes venant de tous les horizons : des Tchétchènes, des Libyens, des Tunisiens, des Algériens, des Saoudiens, des Jordaniens, des Irakiens, des Britanniques, des Américains, et bien évidemment des Français. Le nombre des candidats au martyre a été longtemps minimisé en France. Il a pourtant augmenté de 116 % depuis le 1er janvier 2014 selon des chiffres visés par le ministère de l’intérieur que s’est procurés France Info. L’administration estime aujourd’hui qu’il y a désormais plus de 1 200 personnes qui sont parties ou veulent partir faire le djihad. Bien entendu, certains reviennent au bercail. Militairement formés, cela va de soi.

Face au terrorisme islamique, force est de constater que l’indignation de l’Occident est à géométrie variable. Les heures qui ont suivi l’attaque meurtrière contre Charlie Hebdo ont vu se succéder les déclarations de solidarité de la part de la communauté internationale. Pourtant, les États-Unis autant que leurs alliés ont contribué à coups de millions de dollars à armer des mouvements terroristes à des milliers de kilomètres de nos frontières, au Proche-Orient ou ailleurs. Le terrorisme est donc une composante de l’action des États qu’on pourrait qualifier de doctrine non officielle... mais pourtant bien réelle. Il n’est plus systématiquement, comme certains peuvent encore le prétendre, l’arme des faibles.

Pour en finir avec l’hydre djihadiste, il faudrait assécher totalement les sources financières et les référents politiques auxquels s’adossent les mouvements qui s’en réclament. Pour ce faire, il serait temps de s’interroger sur la politique occidentale menée globalement à l’égard du monde arabe et du monde musulman, mais aussi sur la consistance des politiques menées par les régimes de ces régions (notamment ceux du Golfe) et sur la complaisance des pays occidentaux à leur égard. Or, aucune capitale occidentale n’a pour le moment émis un signal allant dans ce sens. Charlie hebdo en a payé le prix cash.

Capitaine Martin

 

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