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13 janvier 2015

JE SUIS...dans le DOUTE ?

 
Non, je n’irai pas à la télé
J’ai fait « un carton » sur les réseaux !

Il paraît me dit-on, que mon cri du cœur « Je ne veux pas partager mon deuil et ma douleur avec eux », publié par le site « Le Grand Soir » (ils y croient encore les coquins !) et « L’Humanité.fr » a « fait un carton » sur les sites, les lieux noirs et les diables blonds, les blocs, les blogs, les réseaux sociaux, les fesses de bouc ; dans les stations de ski, les prisons, les banlieues, les universités, les pôles emploi, les salons de massage...

Il m’a fait remonter de vingt points dans les sondages. En plus, il était paraît-il « critique » par rapport à « la ligne » (Albert Londres ne connaissait que celle du chemin de fer), et « pas Charlie » du tout. Faux ! Mais tout bon pour que la téloche « cherche à me joindre », tout bon pour les grands médias des bétonneurs et des marchands de canons ; ceux qui, en lobotomisant les audimatistes, en désinformant, en étouffant la pensée et la parole critiques, la liberté d’expression, contribuent eux aussi à fabriquer des monstres au quotient intellectuel d’huitre manipulée.

Alors qu’ils ne comptent pas sur moi ces fossoyeurs du pluralisme de l’information, ces promoteurs de l’obscurantisme, pour cracher sur les miens. « Ce vin est parfois aigre, mais c’est le nôtre », disait José Marti, le père de l’indépendance cubaine. Mon positionnement souvent décalé, et qui me vaut quelques désaffinités solides, est à l’image de ce que sont les communistes : pluriels, multicolores, divers, et d’été, différents... Mais d’accord sur l’essentiel : le capitalisme détruit l’homme et la nature ; il n’est pas amendable et seul son dépassement, le combat pour une société de tous, avec tous, pour tous, que j’appelle socialisme (éco-socialisme), et qui n’a jamais vraiment existé, peut apporter une réponse ré-humanisatrice.

Je hais la téloche privée (parfois tout autant la « publique »), coupable d’abrutissement et de manipulation des esprits, je hais les séances télévisées de pornographie « politique », de promotion du Front national, d’appel sournois à la haine de l’étranger (le monde est plein d’étrangers !!), qui désigne l’ennemi : l’Arabe, le musulman, des cibles, des qualificatifs aux bons vieux relents de colonialisme. « Les monstres » sont produits par notre société monstrueuse de relégation, d’exclusion, de compétition, de violence sociale et interhumaine, d’aliénation, de marchandisation de tout, d’idéal en cale sèche. Les monstres sont aussi le produit des interventions impérialistes des gouvernements français, de leur soutien au massacre des Palestiniens ; chaque bombe de Netanyahou qui tombe sur Gaza, qui tue des enfants, engendre de nouveaux « monstres », ici et ailleurs.

Voilà pourquoi j’ai écrit spontanément, épidermiquement, ce texte « Je ne veux pas partager mon deuil et ma douleur avec eux » en pleine tempête ; et en pleine entreprise de récupération politicienne, dégoûtante, de la légitime et généreuse émotion populaire. Je n’ai jamais appelé à ne pas manifester, j’ai moi-même marché deux fois à Pau, avec les miens... mais j’ai appelé à éviter les « infréquentables ». Jamais « l’union sacrée » n’a servi l’intérêt des peuples.

Jean Ortiz

URL de cet article 27780 
http://www.legrandsoir.info/j-ai-fait-un-carton-sur-les-reseaux.html
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Quand le Sud dénonce l’hypocrisie de l’Occident : l’editorial de La Jornada au sujet de la marche de dimanche
Paris : barbarie et opportunisme (La Jornada)

Des centaines de milliers de personnes se sont réunies hier dans les rues de Paris pour rejeter clairement et fermement les attentats extrémistes qui ont eu lieu la semaine dernière en France, dans lesquels sont mortes 17 personnes.

Comme cela avait été annoncé, une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement ont aussi participé à cette manifestation, parmi lesquels le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel ; le président de l’Autorité Palestinienne, Mahmous Abbas ; et le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy ; et les premiers ministres d’Israël, d’Angleterre et d’Italie, Benjamin Netanyahu, David Cameron et Matteo Renzi, respectivement.

Dans le cadre de cette concentration de leaders politiques, le Ministre de la Justice des Etats-Unis, Eric Holder, a annoncé un sommet sur la sécurité globale, qui se tiendra à Washington en février prochain, afin de « discuter des formes dans lesquels nous pourrons contrer cet extrémisme violent qui existe dans le monde ».

Suite aux condamnables assassinats de journalistes et de citoyens français la semaine dernière, la société française et celle d’autres parties du monde a fait preuve de façon exemplaire non seulement du rejet de la violence, de l’intolérance et du fanatisme, mais aussi de la défense de la liberté d’expression et de l’information.

Malheureusement, et c’était prévisible, les attentats ont aussi réveillé une vague réactionnaire et xénophobe en Europe, et a renforcé les déclarations de groupes comme le Front National français, dirigé par Marine Le Pen, qui a demandé hier le durcissement de la politique migratoire de son pays et a rejeté la responsabilité des actes violentes sur « l’immigration massive ».

A l’opportunisme de groupes comme le FN s’est ajouté celui de gouvernements comme Israël, lequel, il est important de le rappeler, maintient à l’ordre du jour une politique d’extermination dans les territoires palestiniens occupés qui l’a positionnée, aux yeux d’une bonne partie de la communauté internationale, comme un criminel de guerre et même comme responsable de délits contre l’humanité. Pour leur part, le gouvernement de Washington et ses alliés occidentaux n’ont pas d’autorité morale pour proclamer des condamnations énergiques contre le terrorisme, alors qu’ils ont encouragé le développement de ce fléau dans le monde, que ce soit indirectement avec leurs aventures guerrières contreproductives en Afghanistan et en Irak, ou directement, avec leur soutien à des groupes d’opposition en Syrie, parmi lesquels se trouvent des groupes extrémistes islamiques.

Dans ce contexte, l’organisation d’un sommet sur la sécurité le mois prochain peut soulever des inquiétudes justifiées autour de ce qui peut arriver : une possible intensification des interventions militaires de l’Occident au Moyen-Orient, une recrudescence des positions islamophobes en Europe et aux États-Unis.

Les sociétés occidentales qui ont manifesté contre l’atroce crime commis contre la revue satirique Charlie Hebdo devraient rester vigilants afin d’éviter que la réponse de leurs gouvernements, loin d’être une revendication civilisatrice, ne devienne un prétexte pour rajouter des couches de barbarie sur notre monde.

Edito de La Jornada (Mexique), lundi 12 janvier 2015.

Traduit pour Le Grand Soir par Luis Alberto Reygada

»» http://www.jornada.unam.mx/ultimas/2015/01/12/editorial-paris-barbarie...
URL de cet article 27779 
Commentaires suite à un article sur le blog du diplo:
http://blog.mondediplo.net/2015-01-14-Mourir-pour-des-dessins
  • Quelle déception de lire ce texte sur un blog du Diplo !

    Qualifieriez vous les caricatures antisémites des années 1930 d’inoffensifs "dessins" ? Non, ce sont des oeuvres politiques qui accompagnent des discours de stigmatisation et des actes de domination multiforme qui en France, vont de l’assignation à être, les discriminations, la relégation sociale et l’islamophobie pathologique qui incite à sous couvert de "laïcité" à criminaliser l’expression de l’islam...et en dehors de chez nous légitime des guerres calamiteuses qui ont elles mêmes alimenté ce terrorisme qu’on prétend dénoncer. Cette expression de la haine au quotidien qui pourrit la vie de millions de Français musulmans, Charlie Hebdo a contribué avec d’autres médias à en banaliser l’expression, à la rendre légitime.

    Charb avait exprimé son refus délibéré de caricaturer Moïse pour représenter le colon juif israélien...mais il a légitimé de représenter le prophète de l’islam comme caricature du terroriste en chef avec une bombe sur la tête.

    Charb ne s’est jamais désolidarisé de Val, de Fourest, porte-drapeaux des néo cons à la française, tenants d’un discours prétendument de gauche qui s’avère sarkozyste et pro israélien.

    En vérité, dans la caricature que vous reproduisez, j’y lis une ultime provocation et une représentation haineuse d’une France soumise au terrorisme islamique. Vous savez ce que disait Zola, à force d’annoncer chaque matin la survenue d’un drame, il finit par arriver. Charb ne s’attendait pas à se retrouver confronté à cet intégrisme qu’il a fantasmé, dont son journal a alimenté le personnage jusqu’à le rendre réel.

    Cette caricature, j’y lis presque un espoir. Comme si Charb espérait voir survenir un attentat, puisque son journal fait son beurre depuis des années sur l’islamophobie...c’est tellement plus confortable que de viser les puissants n’est ce pas ?

    Charlie H était un journal de qualité médiocre, aux dessins porno d’une pauvreté d’imagination désolante lourdement empreinte de beauferie misogyne...j’ai souvenir d’une autre caricature récente, montrant des femmes africaines voilées (double stigmate) criant "on veut des allocs", franchement, ce dessin aurait pu paraître sur Minute.

    D’ailleurs, si l’émotion ne perturbait pas votre jugement, vous devriez reconnaître que la caricature que vous reproduisez aurait aisément pu figurer dans les pages d’un site d’extrême droite.

    PNG - 35.2 ko

    La mort honteuse, absurde, tragique et infiniment triste de ces personnes doit elle justifier de les porter aux nues et de faire fi de tout esprit critique ? On assiste à cette hystérie collective en ce moment : des proviseurs qui "dénoncent" des élèves , des procès annoncés pour "apologie du terrorisme", cela après avoir lourdement pris position sur la "liberté d’expression"...quelle comédie sinistre !

    Et vous y participez ! C’est bien dommage venant du Diplo...j’aime bien vous lire d’habitude...

  • permalien Fofo :
    15 janvier @02h53   « »

    Ah et pardonnez moi, Mr Guarrigou, vous êtes sûrement un excellent professeur de sciences politiques mais votre accès de romantisme sur l’héroïsme des uns et la volonté des autres de détruire l’"humour" est singulièrement simplificatrice et prouve bien que l’émotion, la peur, la tristesse que vous ressentez peut vous conduire à abandonner vos grilles de lecture scientifiques habituellement.

    Lisez le récit du parcours des deux auteurs de la fusillade dans Médiapart : deux pauvres types, orphelins, aux vies cabossées, marquées par la violence extrême et de multiples ruptures. Ce n’est pas l’"humour" qu’ils voulaient détruire ni une quelconque grande et belle valeur, mais un des symboles d’une société qui les a condamnés à une non existence. Ils ont voulu parer leur déchéance d’une aura sacrificielle pour lui donner un sens supérieur, mais ils ne menaient aucun combat. Même si cela met à mal votre théorie des héros tombés pour la liberté, j’ai peur que mon explication certes moins romantique soit plus proche de la vérité...

  • permalien jgn :
    15 janvier @07h38   « »
    Mourir pour de la propagande

    J’ai lu des rumeurs de "normalisation" au Diplo. 
    En voilà une exemplaire quand, par normalisation, il faut entendre alignement sur le vomi dominant.

    Merci à Fofo d’exprimer ce qu’il y a à dire sur cet aveuglement, pour ne pas dire ce contresens, consistant à faire passer pour de l’"héroïsme" ce qui n’est que bravade raciste et méprisante à l’égard des croyances de 1,6 Mds d’êtres humains. 
    Marx disait de la critique de la religion qu’elle était la première critique. Faire passer les vomissures de Charb pour une critique de la religion est le premier mensonge de toute cette opération de propagande qui, au final, doit aboutir à faire croire que défendre la "liberté d’expression" consiste à la museler.

    Il ne s’agit nullement ici, je le précise quand même en ces temps de confusion où la connerie ratisse large sur la base de délations et d’approximations pour montrer qu’elle tient bien le haut du pavé, de dire que ces personnes ont eu la monnaie de leur pièce. Il s’agit simplement de ramener la réalité des faits : dans le monde réel, qui n’est pas celui des bisounours opposés au méchant Gargamel, que l’on prétend nous faire passer comme "notre" monde, laguerre coloniale que mène partout sur la planète l’Occident au nom du bien-fondé divin de ses "valeurs", appelle la résistance. Celle-ci fut la réponse de tous les peuples envahis ou que l’on prétend soumettre. Et tous les envahisseurs ont appelé "terrorisme" cette résistance.

    Prétendre que cet évènement terrible

    "nous aura déjà libéré de la fatigue morale et du cynisme mercantile"

    participe de cet aveuglement, à seulement considérer la fureur mercantile qui s’est emparé du dernier numéro de Charlie Hebdo
    Mais il est vrai que sa couverture était si "attendue", rajoutant une couche épaisse à la stupidité et à la méchanceté. Il est vrai qu’aujourd’hui, en ces temps de bassesse, voilà bien les seules "valeurs" qui se négocient au prix fort.

     

     

     
    D’Utøya à Charlie Hebdo

    Pendant les informations sur le massacre chez Charlie Hebdo, la presse a tenu à mettre aussi les événements en perspective. A dès lors défilé la liste des attentats terroristes en Europe les 10, 20 dernières années. Je ne pouvais qu’assister consterné : dans cette mise en perspective, aucune trace ou presque du terrorisme raciste et fasciste. Il ne s’agit pas ici de comparer les attentats les uns aux autres, ni de prétendre que la cruauté des uns justifierait celle des autres.

    Il n’y a pas d’excuse. Il n’y a pas de justification.

    Ce qui m’inquiète, c’est que « le terrorisme » soit assimilé à « la terreur de l’islam ». Et que se crée dans ce cadre une fausse unité nationale de l’état et du peuple. Ce qui m’inquiète, c’est la partialité de notre indignation et de notre humanité, lorsqu’il s’agit de la violence terroriste contre « les autres », contre les minorités.

    C’est précisément cette partialité qui emporte l’opinion publique, consciemment ou inconsciemment, vers encore plus de peur et de haine, vers plus de racisme et d’islamophobie.

    Le massacre chez Charlie Hebdo, suivi des deux autres tueries et prises d’otage à Paris, donne l’impression que nous avons été ou que nous sommes assaillis de toutes parts par des djihadistes d’Al Qaeda. Après Charlie Hebdo, l’usage des mots a radicalement changé. Il y a quinze ans, seul Bush parlait en termes de "nous" contre "eux" » et de « qui n’est pas avec nous est contre nous ».

    Aujourd’hui, les responsables politiques parlent sans vergogne d’une « guerre entre la barbarie et la civilisation ». La question à se poser est dans quelle mesure non seulement "la barbarie", mais "la civilisation" elle-même n’est pas contaminée par le terrorisme.

    Breivik et Zschäpe ?

    Lors des énumérations des massacres terroristes, celui de Breivik n’a pratiquement pas été mentionné. Breivik est blanc. Inspiré par la défense des valeurs européennes contre l’islamisation grimpante. Le 22 juillet 2011, il a d’abord fait exploser une bombe devant le Regjeringskvartalet, le parlement norvégien à Oslo, ce qui a coûté la vie à huit personnes. Deux heures plus tard, il abattait de sang-froid 69 personnes, surtout des jeunes, de sa propre main, un par un, dans le camp de vacances sur l’île d’Utoya
    J’y ai consacré un petit essai, The making of Anders B. Breivik, impressionné par le silence assourdissant qui a régné en Europe après cet attentat. Non, il n’y a pas eu de manifestations monstres dans des dizaines de villes en Europe et dans le monde, pas de T-shirts, pas de tag « Je suis Utoya », pas de marches républicaines, chefs d’État du monde entier en tête. Les partis politiques d’extrême droite ont fait profil bas ou ont déclaré que leur propagande raciste et islamophobe n’avait rien à voir avec ce massacre.

    Dans la rétrospective des attentats terroristes, pas de trace non plus des assassinats de la NSU en Allemagne, dont furent victime des Turcs et des Grecs ainsi qu’une policière. Le procès de la NSU et de Beate Zschäpe est en cours actuellement : elle est inculpée pour 10 meurtres racistes, 25 tentatives de meurtre, 10 braquages, extorsion et, oui, d’appartenance à une organisation terroriste.

    Pas de trace non plus des attentats terroristes contre les migrants, les tziganes, les musulmans ou les chercheurs d’asile. Comme la démolition en 2008 et 2009, de seize maisons de Roms en Hongrie, État-membre de l’Union européenne. Ou les 47 attentats entre 2008 et 2012 contre les mêmes Roms en République Tchèque, qui coûtèrent la vie à au moins cinq d’entre eux.

    Pas de mention non plus du fait que les attentats terroristes en Europe du fait de fondamentalistes musulmans, selon les rapports européens officiels sur le terrorisme, sont minoritaires par rapport à toutes les autres tendances politiques confondues.

    La « limite est atteinte », une « frontière est franchie », répète-t-on en boucle sur tous les médias. Et chacun devient brusquement Charlie. Mais pourquoi la limite n’était-elle pas déjà atteinte avec les attentats de Breivik et Cie. ?

    La terreur inégalée de la guerre ?

     

    Dans la “mise en perspective” du massacre à Charlie Hebdo, aucune mention de la guerre et de la terreur que font régner nos états civilisés. La guerre mondiale contre le terrorisme, the global war on terror, a été lancée après le 11 septembre 2001. Ce n’était ni plus ni moins que le déclenchement d’une guerre sans fin, et non pas une question de justice, de protection des populations ou de plus grande recherche de paix.

    Pratiquement tous les pays européens libéraux, libres et civilisés se sont lancés dans cette guerre les dernières années, la France, l’Allemagne et la Belgique après quelques réticences il est vrai. Ils savaient sans doute que cela déboucherait sur une catastrophe. Mais ces réticences n’ont pas résisté longtemps aux pressions étasuniennes.

    Dès le début de cette guerre, Michael Ratner, du Center (étasunien) for Constitutional Rights, dénonçait cette guerre comme une guerre, non contre le terrorisme, mais contre les musulmans. En quinze ans, cette guerre a transformé le monde en un gigantesque champ de bataille, une jungle sur laquelle poussent maintenant les champignons que nous avons semés, de Breivik à Isis, il n’y a pas de différence. Et tous deux veulent importer cette guerre sur le continent.

    Le climat raciste et islamophobe en Europe est clairement lié à cette guerre, dans laquelle la communauté musulmane est considérée comme une sorte de cinquième colonne. L’islam doit s’adapter, les musulmans sont sommés de se distancier, de s’excuser, de condamner... Les imams et les musulmans prêts à le faire sont activement recherchés par les médias. Nous a-t-on invités à faire de même lors des attentats de Breivik ou de Zschäpe ? Nous a-t-on dit que nous étions pratiquement obligés de descendre dans la rue ?

    C’est dans ce climat que Charlie Hebdo a vendu ces dernières années son « humour » sordide contre l’Islam et son prophète, sur les femmes musulmanes voilées, toutes esclaves du sexe, et j’en passe.

    Sur l’attentat lui-même contre Charlie Hebdo : toute ma compassion pour toutes les victimes qui ne méritaient en rien de mourir de cette manière et pour leurs familles durement et injustement éprouvées.

    Mais « Je suis Charlie » ? No way.

    »» http://lukvervaet.blogspot.be/2015/01/dutya-charlie-hebdo.html
    URL de cet article 27792 
    http://www.legrandsoir.info/d-utoya-a-charlie-hebdo.html

     

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    Commentaires
    D’Utøya à Charlie Hebdo
    14/01/2015 à 11:54 par Archer Gabrielle

    L’ennemi ce n’est pas celui d’en face que « ON » nous montre parce qu’il est d’une culture différente...Non l’ennemi c’est ces gouvernements et ces soi-disant élus qui ce sont imposés au dessus de nous en chef qui vivent sur notre dos, ils ont pour seul intérêt de nous diviser pour mieux nous soumettre et d’envoyer mourir beaucoup d’entre nous pour leur bien-être en nous montant les uns contre les autres..... !https://docs.google.com/file/d/0B9TaiNnF0QZmSFdYUkpWd0RuUTQ/edit?usp=d...

     
    D’Utøya à Charlie Hebdo
    14/01/2015 à 20:40 par Bruno

    Rappel : 
    16/07/2013 : " Le néonazi norvégien arrêté en Corrèze, une légende du black metal - Ce mardi matin, RTL révélait l’interpellation par la DCRI d’un « néonazi norvégien » à Salon-la-Tour, en Corrèze, soupçonné de préparer un 
    « massacre » " -

    http://rue89.nouvelobs.com/rue89-culture/2013/07/16/neonazi-norvegien-...

    D’Utøya à Charlie Hebdo
    14/01/2015 à 23:57 par Gabriel

    Un autre article sur Charlie 
    http://www.izquierdanacional.org/francais/article/une_critique_a_loppo...

     

     
    Un dimanche à Paris : Ah tiens une manif …
    Photo : BRENDAN SMIALOWSKI / AFP

    Enfin on va avancer l’enregistrement de mon nouvel album, « Ministère Double joker ou le moins pire des mondes possibles ». Mon ingé son, Momo le grand fou, habite à Jacques Bonsergent, ligne 5, près de la place de la République. La mauvaise place au mauvais moment... Impossible d’arriver au studio : une manif. J’ai beau essayer de me frayer un chemin, de prendre un autre métro, de contourner, de rentrer chez moi même… pas moyen : tous les chemins mènent à la manif. J’ai vraiment pas envie. Je peux pas travailler, je peux pas rentrer chez moi, je peux pas m’exprimer librement à travers ma musique. J’essaye de passer en-dessous des cordons faits par la police, qui me rembarre. Je râle : « on peut même plus rentrer chez soi ! ». Un manifestant d’une quarantaine d’année, visiblement exaspéré par ma réaction, me répond « On peut pas tout avoir ». Qu’est-ce ça veut dire ? T’as une manif donc des filcs, pas de flic donc pas de manif. Ok le ton est donné : hyper quadrillé et au pas. Et d’ailleurs, me voilà dans une manif au rythme particulièrement régulier, bien rangé et en ordre. Tu peux même plus râler. « T’as qu’à pas habiter là, pauve con » J’ai compris. Pas le choix : je fais la manif. J’ai bien su les événements, mais n’ayant pas la télé, je n’ai pas vraiment d’opinion. C’est donc avec une certaine innocence que je traverse, bon gré mal gré, ce flot humain et de pancartes ; bien rangé.

    On déboule dans une rue. Me voici immédiatement entouré de drapeaux bleu blanc rouge. Ca donne un peu le tournis : j’en avais jamais vu une telle concentration sur un si petit périmètre. J’ai dû tomber dans la mauvaise manif. Je demande, le plus neutre possible, à la petite dame à coté de moi : « C’est bien la contre-manif ici ? ». Elle me répond fermement, voire acariâtre : « Non : ici nous sommes dans la vraie ! ». A ce moment précis monte un chant : la Marseillaise. Je suis un peu confus. Je n’ose pas regarder la dame… bon j’ai dû rater un wagon…

    Passe alors un groupement de femmes juives, avec comme pancarte couvrant leur corps : « Je suis Charlie, Je suis juive, je suis flic ». Je flippe un peu. Flic dans une manif pour la liberté d’expression, juif dans une manif laïque, religion et police avec Charlie, ça dissone de partout. J’aurais bien voulu parler un peu avec elles, mais vu leur regard noir, on imagine facilement des matraques derrière leurs affiches…

    Ah tiens une main en carton ! Ah mais j’la reconnais, c’est « Touche pas à mon pote », le mouvement des années 80-90 qui a servi à rien sinon à faire la promotion du parti « socialiste » qu’on a maintenant… Qu’est-ce qu’il y a dessus ? « Touche pas à Charlie ». Ah oui… c’est sûr… mais c’est un peu tard, les gars…

    Oh des petites pancartes… une phrase : « Même pas peur ». Ca me rappelle quand on était gosses, les virées en voiture avec mon oncle toxico, dans les Alpes au bord des précipices. Pour se donner du courage et espérer arriver vivant, on gueulait pareil « même pas peur ! »… Bon on a quand même fini par se prendre un arbre...

    Une autre pancarte, un peu plus longue cette fois : « Le dialogue pour la compréhension, la paix et le respect. ». Je comprends pas très bien et je demande « Euh… quel dialogue ? ». Une grande dame à coté de moi me répond sur un ton prophétique. « On s’en fout. C’est pas grave. Le plus important c’est d’être dehors. Dehors tous ensemble ». On de la chance le temps est ensoleillé…

    Le drapeau du PSG (Paris St Germain) ! Le stade dans la manif politique, à quand les manifs politiques dans les stades ? Ca rappelle de mauvais souvenirs…

    Très rigolo : des jeunes italiens, visiblement exaltés, courent, sautillant, à travers la manif. Je finis par percevoir le beau drapeau gay multicolore avec écrit « PACE »(Paix). Je les regarde passer avec sympathie, et commence à me demander s’il ne s’agit pas là d’une nouvelle forme de carnaval, où tout s’inverse, le bas est en haut, le haut en bas, les valeurs se mélangent, se confondant pour une fête du non-sens. Peut être pour quelques vieux anars de Charlie, une fête du contre-sens…

    Alors là… au milieu de drapeaux américains et français, un drapeau que je connais pas : bleu et jaune. Vous connaissez vous ? Comme d’hab j’me renseigne. Deux mecs d’une carrure de boxeurs poids lourds, avec vraiment une sale gueule, me répondent, comme à un abruti : « Ben c’est l’Ukraine ! ». A moins que ça n’est changé depuis quinze jours, les neo-nazi ukrainiens soutenus par l’OTAN, ne sont pas des chantres de la liberté d’expression, me semble-t-il. Mais encore une fois j’ai dû rater un wagon…

    D’ailleurs pas si loin, j’entends parler américain très très fort et avec conviction. Je me demande ce qu’ils foutent là. Je me retourne. Des jeunes nanas. Peut- être elles suivent Madonna. Y parait qu’elle est à la manif. « Hey all is fine ? Yes yes yes ? What are you doing ? Just to know… » Regard particulièrement méprisant. Je n’insiste pas. Je me dis qu’Obama aurait tellement de leçons à nous donner en ce qui concerne la liberté d’expression, et la liberté tout court, que ça vaut bien de fermer humblement sa gueule…

    De superflu en superflu : « La satyre pas des tirs ». Bon ça rime…

    Le new-age n’a pas été oublié dans l’affaire : « De l’humour et de l’amour. » il manque plus que nos stars de la variété pour se faire une promo mondiale. Peut-être y sont là en fait…

    J’entends des gens apparemment spécialisés dans les mouvements de foule : « Le PS arrive ! Avec l’UMP qui coure derrière ! Et le front de gauche ! Y s’courent après pour arriver les premiers ! ». La ballade des gens heureux, la grande messe cool du dimanche, elle est quand même un peu stressée. Pas facile de rester politiquement correcte, quand y a autant d’enjeux et de marketing. Mais faut avouer, les gens s’en sortent très bien. A croire que c’est devenu une seconde nature le politiquement correct. Moi j’ai encore un peu de mal, mais j’vais regarder plus souvent la télé…

    Je finis par regarder du côté des vagues d’applaudissements, qui se suivent comme une marée montante. Mais pour quoi ? Je regarde au ciel, dès fois que j’aurais raté la Vierge Marie... et puis… j’percute… j’me frotte les yeux… mais non… c’est bien vrai… on applaudit au passage des cars de CRS ! On les embrasse même ! Alors là c’est l’pompon. La répression comme symbole de la liberté. Je ne demande rien à personne, parce que je sens que les gens sont devenus très susceptibles en ces temps de laïcité agressive ; et mes questions leur portent vite atteinte. Je fais un effort pour comprendre tout seul. Un flic est mort dans la « bataille », donc : « Je suis CRS ! ». Bon. Imaginons que ce jeune homme noir, musulman, sans papiers, qui a sauvé plusieurs personnes à Vincennes, en les cachant dans une chambre froide, soit un peu moins discret, qu’il ait été tué, et surtout, oui et surtout : qu’il ait été filmé. On aurait tous applaudit, et au passage, on serait devenu : 1- des jeunes hommes noirs (plausible), 2- des musulmans (plus difficile), 3- des sans-papiers (gloups…)... il faut avouer que dans l’état émotionnel où on est, on serait prêt à devenir tout et n’importe quoi...

    Tout à coup, comme un funeste présage, j’entends un son de trombone, genre « bienvenu au cirque ». Mais juste un. Vite étouffé. Je me suis demandé si on avait pas demandé au musicien de fermer sa gueule, à lui aussi. C’est sur : ça va pas avec la marche funèbre, les sons du cirque…

    Au milieu de cette marche débonnaire, et relativement silencieuse du coup, je vois des fantômes. Je vous jure : de vrais fantômes ! Un vieux noir avec des dread accompagné d’une petite femme à l’air très fatiguée. Ils tiennent à eux deux une banderole, blanche à la base, avec pleins de trucs écrits et pleins de ratures. Franchement on a pas envie de lire. En plus ils ont l’air dépité. Manque de bol, je me retrouve deux fois, pile devant eux. Je finis par lire leur banderole de récup : « Je ne suis pas Charlie, je ne vois qu’une Afrique pillée par l’OTAN qui favorise les pires terroristes. » Ils sont bien seuls, car partout autour : des sourires bienveillants des « Je suis Charlie ». Eureka ! Je comprends la phrase de la dame : « Le plus important c’est d’être dehors, ensemble ». On peut ne pas être d’accord, mais on est tous ensemble unis dans la même manif. Chacun a sa vérité. Pas de fanatisme. On se respecte. On marche ensemble. Respect de la différence. Liberté d’expression. Chacun son truc, mais on marche ensemble. Toutes les positions sont admises. Les gens de la manif ont la cool attitude. Tout se vaut. On est tous égaux. C’est beau. Ensemble dans la manif dans un consensus enfin national. Et en plus le monde entier nous regarde. On a enfin réussi à faire digérer des mots aussi antinomiques, grâce à la manif de la liberté d’expression, que l’OTAN et l’Afrique pillé par l’OTAN : même combat ! Cette petite banderole, au milieu du désert des sourires complaisants, rappelle que manifester pour la liberté d’expression contre le terrorisme, ça a quelque chose d’absurde. C’est comme manifester contre le sida. On peut réclamer plus d’argent pour la recherche et plus de facilités pour les médicaments, mais contre le sida, ca veut rien dire. Ben c’est pareil ici. Le symptôme, pas les causes ! Les causes du terrorisme et de la disparition de la liberté d’expression : on s’en fout ! Même mieux : les causes elles sont là, devant nous : les chefs d’Etat et leur politique, et en plus ils ont même réussit à foutre en l’air le sens de la manif. Et d’ailleurs ils le disent bien les causes : « C’est pas nous c’est les autres ! Et c’est quoi des causes ? C’est juste le chaos et on va remettre tout en ordre ! Tous ensemble ! Allez on frappe dans les mains ! » Les manifestants voient ça de loin, même si on frappe dans les mains. Ca donne le rythme. Comme ça on a une manif tranquille, douce, intelligente ; pas de vague. Un grand moment de paix. Une manif sans débordements. On est enfin mûrs en Occident : bien rangés, tous au même pas. Je me dis que finalement, les flics on en a plus vraiment besoin, on le fait très bien tout seul. Des temps bien étranges… j’ai dû louper tout le train…

    ***

    Comment en est-on arrivé à défiler pour la liberté d’expression, avec comme guide, des chefs d’Etat venus redorer leurs tristes blasons, qui n’ont de cesse de nous normaliser à grands coups médiatiques et à petits coups répétés dans l’organisation de notre vie quotidienne ? Comment en est-on arrivé à soutenir passivement et massivement, ceux qui musèlent justement cette liberté (dont Charlie hebdo comme tant d’autres ont pâti, mais là ils vont par se refuser de devenir journal officiel pour le prochain musée de la propagande…) ? Comment en est-on arrivé, d’un élan contre un acte inouï, à défiler sous les drapeaux français et un pacte républicain à verve nationaliste et européaniste, qui par ailleurs exclue 25% de la population française, que représente le FN ? Un pacte excluant à la base. A force de tomber à droite, Marine va finir au centre…

    En tombant par hasard dans la manif, j’ai eu quelques bribes de réponse.

    Malgré les apparences, chacun semblait isolé, tout comme dans le métro. Il est facile d’imaginer que dans cet Isolement, on croit qu’il suffit de penser librement, pour être libre, surtout dans une marche aussi formelle et volatile. Et en l’occurrence la liberté d’expression s’y prête bien : « Je m’exprime donc je suis libre ! » Ca coute rien comme liberté. C’est pas comme les retraites, la sécu, l’éducation, les hôpitaux et la concentration des richesses. Et puis si les autres pensent différent, on s’en fout, car d’ailleurs eux aussi s’en foutent de ce qu’on pense. Mais au moins on s’est tous exprimé. Il se trouve qu’en plus, on pense tous pareil. Facile : quand on est isolé, les médias, eux, s’occupent de nous occuper, et ils parlent tous le même langage, à peu de chose près. On pense tous pareil, ça veut dire on pense tous média. On est isolé puis réuni par l’idéologie des médias et leur censure silencieuse. C’est par cette déconnexion aux autres, qu’on arrive à faire une manif où on est connecté seulement par les medias, mais en se croyant dans l’expression, libre de sa pensée. Et dans la manif c’était plutôt effarant de déconnexion. Franchement proche de l’hallucination de masse. Mais une hallucination cool bobo. Tranquille quoi.

    L’histoire 68 tard, critique, un peu anar de Charlie, à la trappe ! Le nationalisme, c’est pas grave, c’est pour la bonne cause ! Les chefs d’Etat qui récupèrent, faut pas leur en vouloir c’est leur boulot ! La vraie liberté d’expression, qui n’existe plus depuis des années, ah bon… mais on dit c’qu’on veut en France… la preuve : on est là à la manif ! Chacun est dans son monde tout puissant, persuadé que la récupération ne le concerne pas. Le miracle de l’expression libre, c’est de croire que le fait même d’aller manifester, au nom d’une liberté d’expression toute formelle, libère de toute récupération, alors même qu’on défile sous la bannière de ses propres censeurs. Mais la bannière dans le for intérieur du manifestant, elle est blanche comme la colombe, et le berger on le méprise vaguement. « On est pas si con que ça ! ». Et puis les bannières, on finit par plus les voir, et le berger il vous envoie aux champs de bataille pour la nation, l’Europe et les USA…. au nom de Charlie ! C’est quand même miraculeux la liberté d’expression : il suffit de penser qu’on est pas d’accord, et le drapeau eh bien : il disparait ! D’ailleurs il n’a jamais existé ! Hallucination et déni de la réalité. Chacun dans sa toute puissance, cache, sous la bonne conscience du mot respect, la pire des censures : l’indifférence. Au fond on veut pas se le dire, mais on vend, on offre même, notre liberté et nos forces de pensée, à des bergers qui nous bercent de beaux mots. Eh oui, ça vaut cher les tours de prestidigitation et la dose d’hallucination…

    Merci Charlie quel retournement, quel coup de théâtre tu nous as offert ! Quelle belle surprise : l’Union nationale autour des valeurs de la République, de l’Europe, de l’OTAN ! Ca y est le pacte transatlantique : validé ! A moindre frais ! Encore quelques terroristes avec des morts et tout le tralala, et on est prêt pour la guerre atomique ! Tant pis si dans le passé t’étais pas d’accord Charlie, maintenant t’es mort, et on parle à ta place : « Les absents ont toujours tort ! Et qui ne dit mot consent ! »

    La suite on connaît : commandements contradictoires type pacte républicain excluant, dérive sécuritaire et de surveillance à la défaveur des citoyens, mini 11 septembre pour une politique étrangère agressive, manipulation des masses par la peur vers le nationalisme, mise en état de choc et diversion vers des valeurs abstraites et un bouc émissaire communautaire pour masquer les vrais problèmes créés par la folie du marché sauvage, et en prime, des citoyens isolés au cerveau retourné, qui sont tellement fragilisés par les attaques des médias, de la société de consommation, par l’addiction aux trois écrans, et la peur généralisée, qu’ils sont prêts à suivre n’importe quelle chimère.

    Tristan Edelman

    URL de cet article 27815 
    http://www.legrandsoir.info/un-dimanche-a-paris-ah-tiens-une-manif.html

     

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    Commentaires
    Un dimanche à Paris : Ah tiens une manif …
    17/01/2015 à 17:35 par Dwaabala

    Parmi de nombreuses notations très juste, celle-ci, la plus profonde :
    « On pense tous pareil, ça veut dire on pense tous média. On est isolé puis réuni par l’idéologie des médias et leur censure silencieuse. C’est par cette déconnexion aux autres, qu’on arrive à faire une manif où on est connecté seulement par les médias, mais en se croyant dans l’expression, libre de sa pensée. Et dans la manif c’était plutôt effarant de déconnexion. Franchement proche de l’hallucination de masse. Mais une hallucination cool bobo. Tranquille quoi. »

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    Isolement collectif, suite du 11 Janvier.

    J’ai été surpris de l’onde que mon court texte a provoquédans ma petite sphère. Hormis mes très très proches, dont je n’ai pas douté du soutien, et de quelques sites marginaux qui font respirer internet, les réactions ont été agitées, allant de la rigidité laconique à l’indignation agressive, et cela tous bords politiques confondus ; mais peut être n’y en a-t-il plus qu’un…

    J’ai écouté, et à vrai dire, je n’ai pas vraiment défendu ma vision. J’avoue tenir, avant tout, à ma tranquillité quotidienne et à la délicatesse que cela requiert. Et puis, j’ai senti quelque chose de plus important que les arguments et les adhésions du moment ; une ambiance, une atmosphère, un ébranlement. Bref : une énergie particulière que je souhaite décrypter. Pour ce, j’ai surtout écouté et réfléchi sur cette ambiance, en me connectant à notre psychologie d’êtres humains pris dans une foule. Pas facile ! Le recul, à la fois émotionnel et idéologique, devient particulièrement ardu dans notre période, où l’information est passée au peigne fin, où les idéologues nous retournent littéralement le cerveau, où on est surchargé de multiples tâches à faire et à penser, et où le champ politique est plus déprimant qu’autre chose. Bon. Pour sentir et comprendre un peu mieux, j’ai récolté des infos, grâce à mes amis têtes-chercheuses d’internet, fermé les yeux et les oreilles aux médias (regarder le sol dans la rue, mettre ses écouteurs dans les cars, se rendre aveugle aux msn d’internet, etc), mis de côté les continuelles relances administratives, et profité des quelques répits que nos enfants concèdent (surtout quand ils dorment…). Je vous livre mes réflexions en cours, qui ne sont que des pistes.

    Mon ton léger d’une part, et mon analyse sur la récupération radicale de l’événement d’autre part, ont été mal reçus. Pourquoi ? « Parce que nous avons sincèrement participé avec nos tripes ! » Les tripes n’aiment ni le sarcasme, ni la récupération. Je me suis alors demandé, pourquoi peut-on rire des religions et pas de la laïcité, pourquoi peut-on dénoncer la propagande des pays extérieurs, mais beaucoup plus difficilement, celle de l’intérieur ? Mauvaise question ! Les tripes ne se sentent ni légères ni manipulées. C’est sérieux et on y croit. Ok. Changement de cap. Nous sommes dans l’émotion et la croyance profondes. D’où viennent cette émotion et cette croyance ? Replaçons le contexte. Il y a eu à Paris, un événement punitif fait par des terroristes, avec des morts civiles français, journalistes et policiers.

    Avant le théâtre : Cela fait un certain temps qu’il n’y a pas eu d’attentats. Ces morts violents font irruption : coup de poing. La guerre, devenue une réalité abstraite, l’est un peu moins. Pour un court instant. En même temps, cet acte de guerre se pose contre la liberté d’expression, qui est un des fondements de nos valeurs, surtout quand en plus, elle passe par des caricatures, du blasphème, et de la dérision, traditions françaises par excellence. Tout le monde n’apprécie pas cette tradition : stupéfaction. Quoi de plus naturel quand on ne sait plus ce qu’est la guerre, avec ses morts violents, et quand on ne se penche pas vraiment sur le contenu politique d’un message, même s’il utilise la parodie. J’ai vécu dans les favelas où les morts violentes sont presque quotidiennes, en Afrique, où la politique est ostensiblement liée aux intérêts d’un groupe, en Israël où les couvre-feux sont imposés par un gouvernement religieux-national-colonial. Ce genre d’actes est pris différemment : l’horreur qu’ils inspirent est la même, mais avec moins de surprise. C’est ça que j’ai entendu : « Nous avons été surpris ». Surprise de la guerre et de la politique. Surprise du réel, car pour nous, la guerre est abstraite, et la politique se limite à un principe formel de liberté d’expression qui semble neutre. Ni mort, ni contenu. Je crois que dans un premier temps c’est cette surprise qui a créé un élan. Une surprise et un élan devant le réel qui fait une irruption inouïe. Descendre dans la rue c’était vivre ce choc et son désarroi. Cela, c’était beau, comme une princesse qui se réveille d’un long sommeil, qui ouvre les yeux, et qui constate brutalement, que son matelas n’est pas si moelleux, que l’air est plus vicié qu’il n’y paraît, et que les sept nains ont été mordus par des zombies. Grand moment ! La princesse s’est réveillée ! Combien de temps va-t-elle garder les yeux ouverts ?

    Premier acte : on entend parler de deuil. Difficile à comprendre. Faire un deuil pour des gens qu’on n’a pas connus, et dont on n’appréciait pas forcément les productions, bien discutables sur de nombreux points... il faut suivre. Non : en fait le deuil se porte, non sur les morts, mais sur ce qu’ils représentent. OK. Ils représentent la liberté d’expression. D’accord. Deuil pour la liberté d’expression ? Ben non ça marche pas. Ca voudrait dire qu’elle est morte et qu’on en fait le deuil. Trop bête. Non. On change. Deuil ça signifie : digestion émotionnelle d’un événement inouïe, et affirmation de la défense pour la liberté d’expression. Ca marche ! Entre temps, on n’interroge pas le lien entre l’événement et ses causes, entre le contenu du message et la réponse mortelle. Et pour cause : on a trop à faire avec la surprise et avec la réaction à cette surprise. On est fier, on se braque : « Même pas peur, on dit ce qu’on veut ! » Quoi de plus naturel, quand on est surpris mortellement, d’avoir peur et de réagir en affirmant qu’on a pas peur. C’est plutôt sain comme reprise de soi ; du moins tant que le déni ne vient pas remplacer la réalité. Mais bien sûr la peur est là, bien trop là. Préparée de longue date par les médias. « Je suis Charlie » veut dire : « Je sens que je peux me faire buter moi aussi à n’importe quel moment, alors je suis solidaire et je n’ai pas même pas peur ». Mais sincèrement : qui n’a pas peur de se faire buter ? La descente dans la rue prend les allures d’une conjuration collective contre la peur, une recherche de courage face à une déstabilisation énorme. Et cela passe par l’affirmation très haute et très forte, arrogante même, qu’on est « Contre les attentats et pour la liberté d’expression ». Choc, réveil, peur, affirmation, rite, conjuration. Que d’émotions ! Entre le choc et l’affirmation, ou après l’affirmation, il y a, dans le meilleur des cas, une remise en question constructive, ou a minima, une réflexion. Mais cette fois : pas le temps !

    Deuxième acte : les médias déferlent, les hommes politiques s’invitent. On sort les drapeaux, on chante la marseillaise, on embrasse les flics. « Allons enfants de la Patriiieeee ! » On remet une couche de médias et de caricatures. On congratule le pire d’Israël, de l’Ukraine, des USA et de l’U.E. Et l’islam ? Parlons en, ça fait tellement longtemps… ah oui… il y a un vrai problème : les banlieue-ghettos, la néo-colonisation, les guerres au Moyen-Orient… ah non pas ça !… on va juste dire qu’il y a un problème… un gros… très gros même… et qu’on osait pas en parler avant… et tout et tout… c’est vrai… ok. Mais encore une fois, pas question d’insister sur la complexité de l’islam, sur le nombre de musulmans qui participent pacifiquement au pays, et surtout, ah non ! Pas question : on va pas commencé à parler de ghettos, colonisation, guerre et tout le tintouin, et encore moins chercher à apporter des solutions, qui coûteraient chères en argent et en changements structurels... on s’arrête là : STOP ! Pour avoir travaillé 15 ans dans le 93, en tant que directeur artistique (animateur et propagateur de la social-démocratie serait plus juste…), j’avoue ne même plus écouter les déclarations d’intention concernant les banlieues.

    Pourtant malaise : du choc premier, et de la spontanéité qui en découle, on se retrouve à chanter la marseillaise en face de dirigeants, qu’on n’aime pas forcément. Parce que, quand même, malgré ce moment d’exaltation inespéré, on peut pas dire que la France se porte comme un cœur. « Kesaco ? Mais pas du tout ! Vous doutez ? On est ici pour l’union nationale autour de gens morts pour la liberté (d’expression), ne l’oubliez pas ! Des martyres de la République ! » Ca commence même à devenir un peu plus menaçant : « Comment ça t’es pas Charlie ? T’es pas pour la liberté alors ? », « On va traquer les Non-Charlie pour les intégrer ». Et tiens prends ça : j’ t’ rajoute une couche de médias et j’régularise un sans-papier, histoire de rappeler qu’il faut être un Héros (ou un Martyre) pour mériter d’être français. Faut dire que si google, face-book, twitter, yahoo, microsoft, la planète Mars, et j’en passe, s’y mettent tous ensemble, c’est qu’ça doit être bien. Il faut au moins tout ça pour faire taire notre malaise.

    Créer un large consensus. C’est ça que je commence à comprendre. Nous avons tous besoin de nous retrouver ensemble, de nous unir, de nous tenir chaud, de nous sentir « ensemble », même si les valeurs défendues sont à contenu variable. Pourquoi ? Parce que nous sommes chacun dans notre coin, sans empathie, saturés des besognes quotidiennes de plus en plus lourdes, et exaspérés par le voisin, qui lui-même n’en peut plus. Crise interne, indifférence, déréliction, désorientation, break-down. Imaginez un choc comme ces attentats, sur une crise sous-jacente comme celle-là. Ca fleurit. L’émotion explose. Il suffit alors d’amplifier l’événement avec les médias, afin de rassembler les gens, et puis de diriger, toujours avec les médias, toute cette émotion un peu trouble. Et cela est si bien fait, que ce sont les médias qui finissent par créer l’événement. L’émotion spontanée et la réflexion possible, se trouvent absorbées par les médias, porteurs du discours dominant. On a beau se dire que « J’étais pas tout à fait là pour ça »… trop tard ! Les médias ont inscrit leurs images, leurs figures et leurs valeurs. C’est la fusion entre une personne assommée par le quotidien et en carence d’empathie, avec le matraquage continuel des médias, sur fond d’absence de contre-pouvoir (ou plus modestement, de contre-pensée), qui a rendu possible cette récupération. Le décor a pris le pas sur le rassemblement, la liberté d’expression formelle sur son contenu politique réel.

    Troisième acte : une scission a eu lieu. La personne ne s’identifie pas autant qu’on voudrait le faire croire, au discours dominant. Elle se sent embarquée, malgré elle, dans un événement préfabriqué. Et là c’est pas facile. Il se passe alors un désinvestissement de la scène politique de la part de la personne, et en retour, un surinvestissement de la part du discours dominant, notamment à travers les médias. On aboutit à un clivage : on parle à notre place. On ne dit rien, mais n’en pense pas moins. La situation devient de plus en plus dérangeante : on se retrouve à soutenir, malgré nous, des politiques qu’on n’approuve pas. Nous voilà pris dans un cercle très vicieux : on se rassemble, en suivant une émotion, qui est immédiatement reprise par le discours qui formate cette émotion, en lui donnant une valeur (liberté), une figure (le Président), un mot (Charlie). On n’est pas super content du formatage, alors intérieurement, on commence par se désinvestir chaque fois plus du rassemblement, et le discours envahit l’espace abandonné, avec encore plus de vigueur… et on se désinvestit toujours plus, et pas que du rassemblement, etc. C’est ainsi que tout l’espace se trouve récupéré et formaté. Autrement dit : plus on désinvestit l’espace politique, plus la récupération l’investit.

    Mais ce formatage ne nous laisse pas indifférent. En effet, plus il y a consensus et matraquage, plus on a tendance à y croire à ce discours. Le consensus n’est pas une empathie, mais une production médiatique, avec un leurre d’empathie ; une empathie virtuelle. La récupération devient de plus en plus invisible, à la fois, parce qu’intérieurement, la personne croit pouvoir se mettre en dehors, et parce qu’avec le consensus (empathie virtuelle), même son intériorité finit par flancher. Elle pensera : « Je ne me suis pas fait récupérer, parce que je pense différemment, et en même temps, je suis quand même pas mal d’accord ». Il me semble que cette logique de fou est l’emblème de notre modernité. On pense qu’il suffit de penser pour être, même au milieu d’un rassemblement qui oriente différemment, et on pense que l’on est imperméable à cette orientation. Beaucoup de pensées pour cacher deux dénis de la réalité : d’une part un rassemblement décide de la couleur globale, et d’autre part, on finit par devenir la couleur dans laquelle on marche. Cette couleur, c’est le drapeau français. Entendez la couleur du nationalisme. Mais on l’a vu, ce processus fonctionne à partir du moment, où on ne va pas interroger les causes, et où on oriente les gens de manière la plus formelle possible. Ca va ensemble.

    Je me suis alors demandé pourquoi y-a-t-il une telle négation de la réalité de la récupération. Réponse : parce que ce serait s’avouer son impuissance. Son impuissance face à la foule, malgré son intériorité, et son impuissance face aux medias, malgré ses doutes. Vous vous rendez compte, si on enlève à l’individu moderne sa puissance individuelle de liberté d’être et de penser, le narcissisme s’écroule : il ne reste plus qu’à se laisser aller à un burn out… D’ailleurs, quand on arrive à parler calmement, et que la réalité de ce processus est admise, on finit par conclure : « Bon c’est vrai, mais qu’est-ce qu’on peut y faire ? » Et là, bien malin qui sait répondre. Alors chacun retourne dans son coin, un peu plus isolé, avec un souvenir un peu irréel de ce rassemblement, avec une vague peur qui rôde parce que le rite de la conjuration ça suffit pas, et pour couronner le tout, avec une crise identitaire latente. Pendant ce temps, le vice s’enracine : on désinvestit le champ politique, tandis que la récupération s’investit en nous.

    Quatrième acte : Comment en est-on arrivé à une telle impuissance ? Il me semble que c’est la conjugaison de trois facteurs : psychologique, politique et médiatique.

    Psychologique en ce sens où on fait confiance à nos gouvernants. Non plus à la manière naïve d’un amour du vote, mais à la manière cynique de citoyens dépités, et qui se résument en une phrase : « C’est encore le moins pire ». Et pour ce « moins pire », nous désinvestissons le champ politique décisionnaire, voire on laisse prendre des décisions contre notre volonté (le « non » à la constitution européenne, l’entrée dans l’OTAN sans consultation, les retraites etc), parce qu’en dernière instance, c’est quand même « moins pire » qu’ailleurs. Cette confiance est une sorte d’atavisme psychologique que nous avons tous, surtout en ces temps où la vie quotidienne nous demande tellement. Mais en plus, ce « moins pire » permet d’idéaliser la sorte de paix dans laquelle nous sommes en Occident ; c’est ce que l’on appelle le confort. Confort matériel de consommation. Et là encore, il s’agit d’un « moins pire » relatif, car si nous ne sommes pas plus heureux qu’avant ou qu’ailleurs, nous avons plus que les autres d’avant et d’ailleurs. C’est sûr que ramener le bonheur à du matériel, c’est pas très spirituel, mais c’est mieux que rien… En d’autres termes, nous nous rendons dociles, même si nous ne sommes pas contents. C’est là qu’intervient la liberté d’expression : « Plains-toi autant que tu veux, du moment que tu fais ce qu’on te dit de faire ». Et les français sont les champions olympiques dans ce marathon… Mais au fond, cette inertie psychologique prend racine dans une forme d’isolement. Un isolement qui se traduit par cet impératif de survie : faire en sorte que ce qui arrive à l’autre m’atteigne le moins possible, et surinvestir la sphère restreinte, qu’elle soit familiale, de l’ordre du loisir ou même du travail. C’est ainsi que toutes les routes mènent à Rome : désinvestissement du collectif.

    ROME. Traité de Rome. Décidemment il porte bien son nom. Ca c’est le facteur économico-politique. Ces fameux gouvernants que nous avons élus, en rechignant certes, mais c’est le jeu, on a pas vraiment de choix, et quand même, ils représentent le « moins pire ». Eh bien leurs lignes directrices deviennent de plus en plus nettes avec les derniers événements. Au nom de l’U.E, on a réussi à foutre en l’air le système social, à continuer les guerres coloniales (Irak, Lybie, Mali, Nigéria, Cameroun etc), à se créer des inimitiés (Chine, Russie), à appauvrir les pays d’Europe, et à courir se soumettre, la langue pendante, au géant ultra-libéral et angoissé que sont les USA. Et il faut bien reconnaître, qu’en France, les gauches ont participé, avec conviction et ferveur, à cette soumission. Cette politique contribue à notre isolement, à la fois interne, entre citoyens, et externes, avec les autres pays. Il va finir par plus rester plus grand-chose, à part les USA qui, par ailleurs, nous méprisent « cordialement » (correct politically), loin de tout qu’ils sont, protégés par un océan Atlantique d’indifférence, et qui nous enverraient, sans remords, jusqu’au dernier, se faire tuer pour l’Ukraine. L’Ukraine qui selon eux, mérite, soit de passer sous milice américano-néo-nazi, soit de finir dans le chaos. Ca c’est la réalité. On peut encore se terrer dans un trou de bonne conscience, de paix toute relative, d’isolement narcissique tout-puissant, mais ce trou risque de finir en fosse commune pour autruches. Mais il ne faut surtout pas que les citoyens européens relèvent le nez. Sinon imaginez : ils risquent de voir l’entourloupe de l’UESA (néologisme U.E+USA ;-)) et de sortir de l’Union sacrée, ou pire, d’imaginer une autre sorte d’union, moins sacrée, mais plus indépendante. C’est là qu’interviennent les médias.

    Pour assurer un pouvoir dominant qui joue à l’encontre des citoyens, il faut absolument contrôler les médias. Et là je le découvre chemin faisant. Pendant la première guerre d’Irak, où j’ai monté un groupe contre la guerre, j’ai vu la télévision et la radio être censurées sous mes yeux. Bon OK. Mes activités artistiques ont subi de nombreuses censures. Bon OK. Enfin pas OK, mais OK. Mais alors, réussir à embarquer internet, qu’on croyait le réseau libre, et à récupérer la masse des Français… dans la rue ! Alors là je dis chapeau bas. Quelle virtuosité ! J’ai rien vu venir ! Ils ont bien bossé ! On a pas eu le temps de dire ouf ! Consensus médiatique des partis et des citoyens, malgré le malaise de ces derniers. On finit même par se demander si nos politiques n’attendaient pas que cela, afin de plastronner et de refaire de l’Union à moindre coût (eux ils sont pas morts…)… Trop bien fait… Le poids des médias me rappelle ce que j’ai compris, en travaillant dans les majors musicales : d’abord, la mélodie doit être banale, les mots vides (amour et/ou révolte faciles selon les classes sociales), l’image léchée, et puis ensuite, -c’est le plus important- que cela passe en continue, partout, tout le temps. A la fin ça sonnera simple pour les auditeurs. Ils penseront que la mélodie est super naturelle, ils investiront les paroles creuses avec leur imaginaire et ils chanteront ta chanson sous leur douche. Franchement, on peut pas mieux dire sur la mise en scène hypnotique qu’on nous sert à propos du pacte républicain.

    Et bien voilà le travail. Avec ces trois facteurs conjugués, on arrive à ce que chacun reste chez soi, avec une vague bonne conscience, un clivage accentué en soi, avec les gouvernements et avec les autres en général, et un repli narcissique morose.

    Cinquième et dernier acte : premières conséquences prévisibles : un renforcement de la sécurité qui se traduit par l’augmentation du cyberg-contrôle, une omerta sur les causes profondes des troubles, une islam diabolisée pour essayer d’unir un peu les Français autour d’un bouc émissaire, une occasion de renforcer l’UESA (U.E/USA), une diversion pour faire en sorte que la Grèce ne questionne pas trop, une minimisation des autres guerres bien plus dangereuses, en terme de massacres et de géopolitique, notamment celle si proche, en Ukraine, et une politique identitaire sous-jacente, sur laquelle on espère compter, pour nous faire accepter l’inacceptable. Car au fond ces événements, qui braquent les franges identitaires et fanatiques de l’Islam, ont comme effet, convenu et souhaité, de braquer et de réveiller l’identité nationale française, autour d’un principe hypnotique de laïcité qui, tout rempli de stratégie politique, n’a plus rien de tolérant, et risque de devenir l’emblème de la prochaine guerre mondiale du bien contre le mal.

    Alors je me répète toujours et encore cette phrase, qu’on finit parfois par me dire, en désespoir de cause : « Bon c’est vrai, mais qu’est-ce qu’on peut y faire ? » Je prends un peu de distance et je sais bien que les êtres humains n’agissent que dans l’extrême limite. Et encore. La misère toute seule, ça marche pas. Il faut la conscience, l’occasion et la chance, la force de lutter, la confiance et le désir de changer. Ca fait beaucoup pour un saut dans l’inconnu. Ca marche comme ça chez nous les humains, c’est pas vrai ? Peut-être la Grèce qui, sortant de l’horreur de l’U.E, suivie de l’Espagne et des autres pays du sud, auront un impact sur nos âmes affaiblies. Peut-être une défaite de Kiev accélèrera une prise de conscience ; peut être faudra-t-il aller jusqu’au nationalisme et ses massacres humains, dans lesquels la gauche comme la droite, nous envoient avec une légèreté fascinante… Que doit-il arriver pour que la collectivité ne soit plus cooptée par des égoïstes et des partis hallucinés, qui jouent contre ceux et celles qu’ils sont censés représenter ? Que doit-il arriver pour pouvoir construire une Europe digne de ce nom, avec son ouverture à la Russie, à l’Asie, aux Amériques, à l’Afrique ? Bref, non une Europe réactionnaire et isolée, à la solde des USA sans pitié, et qui va droit dans le mur, et très fort, mais une Europe de l’ouverture au monde et à ses citoyens ? Que doit-il se passer pour sentir que l’Europe, c’est des peuples et non des gouvernants ? Que la force de l’Europe d’après-guerre, est précisément sa structure sociale, qui tend à se déliter sous le poids étouffant de l’hyper-égoïsme libéral ? Que faire pour que les gens reprennent confiance en eux et sortent de l’isolement ?

    Je sais que le devoir de mémoire ne sert à rien et que la vie est une initiation, mais quel que soit le dénouement de toute cette histoire, je ne dirai pas que je n’ai pas vu les choses venir. Et ça, c’est fondamental pour moi et mon histoire.

    Tristan Edelman

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     Tristan EDELMAN
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    Commentaires
    Isolement collectif, suite du 11 Janvier.
    08/02/2015 à 13:45 par Dwaabala

    Aujourd’hui, à la radio (France-info) : les Irakiens sont soulagés, lever du couvre-feu à Bagdad, et dans le même souffle : un attentat a fait 32 morts dans un café.

    Isolement collectif, suite du 11 Janvier.
    08/02/2015 à 15:12 par Esteban

    Très profond décryptage du maître khoroliste également grand virtuose des mots. J’adore la clairvoyance de ce garçon.
    Merci à monsieur Edelman. Merci au Grand soir pour cette publication.

    Isolement collectif, suite du 11 Janvier.
    08/02/2015 à 15:46 par Dwaabala

    @ Tristan EDELMAN

    Et puis, j’ai senti quelque chose de plus important que les arguments et les adhésions du moment ; une ambiance, une atmosphère, un ébranlement. Bref : une énergie particulière que je souhaite décrypter.

    Si j’ai bien compris, vous prolongez l’esprit du 11 janvier...

    Isolement collectif, suite du 11 Janvier.
    08/02/2015 à 16:55 par Archer Gabrielle

    « À propos du soit-disant esprit du 11 janvier 2015 nous disons aux schnocks et aux pingouins du gouvernement qu’il ne devraient pas prendre “tous” les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages… 
    Nous ne sommes pas tous des "charlots" et encore moins des marionnettes…..! » *laughing out loud*

    Isolement collectif, suite du 11 Janvier.
    08/02/2015 à 17:42 par Emilio

    Regarde dans ta boite aux lettres .

    Tu viens de recevoir ton ordre de route pour rejoindre, de suite , ton unite , mobilisable pour le front russe . 
    ordre presidentiel . mais promi jure crache , ce sera court . ouf

    quoique la poste c est trop lent , un SMS suffit. (comme pour les licenciements)

    “j engage les licencies , les chomeurs … “ qu il disait. 
    Euh oui , mais … le “mais” c est conspiterroriste , ou bien tu fais ta valise, right now, ou bien tu es fusille sur le champ. En democratie tu as le choix , penses aux pays communistes qui n ont pas ce choix la. Ah ben vu comme cela , evidemment , je m execute alors . Quoi ? tu veux faire du mauvais esprit ? > premiere ligne

    Ok je suis Charlie , sans mais. Ben voila ,donc , tu es volontaire pour la premiere ligne.

    who’ll stop the rain ? http://youtu.be/lIPan-rEQJA (pour la route)

    la guerre eclate quand la tele implose .

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    En France, un comédien est arrêté pour un commentaire sur Facebook, exposant l’hypocrisie de la « liberté d’expression » en Occident (The Intercept)

    Article initialement paru en anglais sur le site de Glenn Greenwald, un journaliste politique, avocat, blogueur et écrivain américain. À partir de 2013, c’est lui qui commence à publier les révélations d’Edward Snowden sur les programmes de surveillance de masse (PRISM, XKeyscore) des citoyens, entreprises et États du monde entier par la NSA.

    48 heures après avoir été l’hôte d’une grande marche sous la bannière de la liberté d’expression, la France ouvrait une enquête judiciaire sur un comédien controversé pour un post Facebook qu’il avait écrit à propos de l’attaque contre Charlie Hebdo, et ce matin, il fut arrêté pour ce même post, au prétexte « d’apologie du terrorisme ». Le comédien, Dieudonné (ci-dessus), s’était par le passé présenté à des élections en France sur une liste qu’il avait appelée « antisioniste », avait vu ses spectacles interdits par de nombreuses communes à travers la France, et avait été poursuivi de multiples fois pour avoir exprimé des idées interdites dans ce pays.

    Le point de vue apparemment criminel qu’il aurait posté sur Facebook était le suivant : « Ce soir, en ce qui me concerne, je me sens Charlie Coulibaly ». Les enquêteurs en conclurent qu’il s’agissait d’une moquerie du slogan « Je Suis Charlie » et que cela exprimait un soutien envers celui qui avait commis des meurtres dans un supermarché à Paris (dont le nom de famille était « Coulibaly »). Exprimer une telle opinion est bien évidemment un crime en cette République de Liberté, qui se targue d’un lignage d’intellectuels du 20ème siècle – de Sartre et Genet à Foucault et Derrida – dont la marque de fabrique était de ne laisser aucune doctrine ou convention intacte, peu importe sa sainteté.

    Depuis cette glorieuse marche de la « liberté d’expression », la France a rapporté avoir ouvert 54 procédures judiciaires pour « apologie du terrorisme ». L’AP (associated press) signalait ce matin que « la France a ordonné aux procureurs à travers le pays de s’attaquer aux discours de haine, antisémites et faisant l’apologie du terrorisme ».

    Aussi pernicieuse que soient cette arrestation, et les autres « mesures répressives », cela permet un examen critique : à savoir que cela souligne l’imposture totale de cette semaine de célébration de la « liberté d’expression » en Occident. La veille des attentats contre Charlie Hebdo, par hasard, j’étais en train de documenter de nombreuses affaires occidentales – et des USA – où des musulmans avaient été poursuivis et même emprisonnés pour leurs discours politiques. Quasiment aucun des courageux défenseurs de la liberté d’expression de cette semaine n’ont dit mot sur ces affaires – avant l’affaire Charlie Hebdo, ou après. C’est parce que « liberté d’expression », aux yeux de nombre d’occidentaux, signifie en réalité : il est vital que les idées que j’aime soient protégées et que le droit d’offenser des groupes que je n’aime pas soit hautement respecté ; tout le reste est discutable.

    Il est probablement exact que bien des points de vue de Dieudonné soient nocifs, bien que ses supporters et lui-même insistent qu’il ne s’agit que de « satire », le tout dans la bonne humeur. A cet égard, la controverse qu’ils provoquent est similaire aux dessins de Charlie Hebdo maintenant-très-appréciés (un militant de gauche français insiste sur le fait que les dessinateurs étaient seulement moqueurs et pas racistes et sectaires, mais Olivier Cyran, un ancien rédacteur du magazine qui avait démissionné en 2001, avait écrit une lettre ouverte en 2013 amplement documentée et condamnant Charlie Hebdo pour s’être plongé à la suite du 11 septembre, et plein gaz, dans un sectarisme anti-musulman obsessionnel).

    Au-delà de la menace évidente que pose cette arrestation à la liberté d’expression, il est évidemment inconcevable qu’une seule figure médiatique occidentale de premier plan se mette à tweeter « #JeSuisDieudonné » ou publie des photographies d’elle-même en train de faire le geste « évoquant le nazisme » (quenelle) par « solidarité » avec son droit à la liberté d’expression. Et ça serait vrai même s’il avait été tué pour ses idées et pas « simplement » arrêté et poursuivi en justice. C’est parce que la célébration des dessinateurs de Charlie Hebdo de la semaine dernière (bien au-delà d’un simple deuil pour ces meurtres injustes) était tout autant une approbation de leurs messages anti-musulmans qu’une célébration de leur liberté d’expression – au moins autant.

    L’essentiel des hommages à la « liberté d’expression » de la semaine dernière n’étaient rien de plus qu’une tentative de protéger et sacraliser un discours qui s’attaque aux groupes défavorisés tout en interdisant les discours qui feraient de même mais envers les groupes favorisés, en camouflant insidieusement ça sous de nobles principes de liberté. En réponse à mon article de lundi contenant des dessins anti-juifs – que j’ai posté pour démontrer la sélectivité extrême et l’inauthenticité de ce nouveau culte du discours diffamatoire – j’ai été assailli de circonvolutions sans fin tentant de m’expliquer pourquoi le discours anti-musulman était tout à fait correct et noble tandis que le discours anti-juif est hideux offensant et démoniaque (la distinction la plus souvent évoquée – « les juifs sont une race/ethnie tandis que les musulmans ne le sont pas » – surprendrait bien des juifs asiatiques, noirs, latinos et blancs, ainsi que ceux qui s’identifient comme « musulman » comme leur identité culturelle bien que ne priant pas 5 fois par jour). Comme d’habitude : c’est la liberté d’expression si cela évoque des idées que j’aime ou si ça s’attaque à des groupes que je n’aime pas, mais c’est très différent si je fais partie du groupe visé.

    Pensez à l’accusation « d’apologie du terrorisme » au nom de laquelle Dieudonné a été arrêté. Cela devrait-il être une infraction – entrainant donc arrestation, poursuite judiciaire et emprisonnement – de dire quelque chose qui équivaut à : les pays occidentaux comme la France sèment la violence depuis si longtemps dans les pays musulmans que je crois aujourd’hui qu’il soit justifiable que la violence s’importe en France dans le but qu’ils arrêtent ? Si vous voulez que de telles « apologies du terrorisme » soient poursuivies en justice (au lieu de les combattre socialement) alors pourquoi ne pas condamner ceux qui justifient, célèbrent et glorifient l’invasion et la destruction de l’Irak, avec son slogan de « choc et stupeur » signifiant l’intention de terroriser la population civile afin qu’elle se soumette, et ses tactiques monstrueuses comme à Falloujah ? Ou pourquoi pas l’appel psychotique du présentateur de Fox News, qui, pendant une discussion sur les musulmans radicaux, à appelé à « les tuer tous ». Pourquoi un point de vue est-il autorisé et l’autre passible de poursuite – à part parce que la loi est utilisée pour contrôler les discours politiques et qu’une forme de terrorisme (violence dans le monde musulman) est le fait de l’Occident, qui est l’assaillant, pas la victime ?

    Pour ceux que ça intéresse mon argumentation développée contre toutes les lois « discours de haine » et autres tentatives d’exploiter la loi pour policer un discours politique est ici. Cet essai a principalement été écrit pour dénoncer la proposition de la ministre française Najat Vallaud-Belkacem de forcer Twitter à coopérer avec le gouvernement Français afin de supprimer les tweets que des officiels comme cette ministre (et ses futurs successeurs) jugent « haineux ». La France est aussi représentative de la liberté d’expression que Charlie Hebdo, qui avait viré un de ses rédacteurs en 2009 pour une seule phrase supposément antisémite publiée au milieu d’une orgie de contenu anti-musulman (pas juste anti-Islam). Les célébrations françaises de cette semaine – et la horde de leaders tyranniques qui s’y sont associés – avaient bien peu à voir avec la liberté d’expression mais bien plus avec la répression d’idées qu’ils réprouvent, et la sanctification de celles qu’ils approuvent.

    Peut-être que la figure intellectuelle la plus corrompue dans toute cette histoire, est, sans surprise, l’intellectuel public le plus diffusé (mais aussi, et haut la main, le plus surestimé au monde), le philosophe Bernard-Henri Lévy. Il demande que soit supprimé tout ce qui ressemble de près ou de loin à un point de vue anti-juif (il a appelé à l’interdiction des spectacles de Dieudonné – « Je ne comprends même pas pourquoi quiconque souhaiterait en débattre » – et approuvé le licenciement du rédacteur de Charlie Hebdo en 2009 pour offense envers les juifs), tout en paradant sans aucun scrupule en tant que grand champion de la liberté d’expression, du moment que c’est anti-musulman, tout au long de la semaine dernière.

    Mais ceci, inévitablement, est précisément le but, et la conséquence, de lois qui criminalisent certaines idées et de ceux qui approuvent de telles lois : codifier un système où les opinions qu’ils approuvent sont sanctifiées et les groupes qui les émettent protégés. Les opinions et les groupes qu’ils aiment le moins – et seulement eux – sont passibles d’oppressions et de diffamations.

    L’arrestation de ce comédien français si rapidement après l’épique marche de Paris pour la liberté d’expression souligne ça bien plus que tout ce que j’aurais pu écrire sur la sélectivité et la fraude de la parade « pour la liberté d’expression » de cette semaine. Cela montre – à nouveau – pourquoi ceux qui veulent criminaliser les idées qu’ils n’approuvent pas sont au moins aussi dangereux et tyranniques que les idées qu’ils combattent au moins.

    Glenn Greenwald

    Traduction : Nicolas CASAUX

    Source : http://partage-le.com/2015/01/larrestation-de-dieudonne-ou-limposture-de-la-liberte-dexpression-glenn-greenwald/

    »» https://firstlook.org/theintercept/2015/01/14/days-hosting-massive-fre...
    URL de cet article 27813 
    http://www.legrandsoir.info/en-france-un-comedien-est-arrete-pour-un-commentaire-sur-facebook-exposant-l-hypocrisie-de-la-liberte-d-expression-en-occident.html

     

     

     
    Paris est un avertissement : il n’y a pas de cloison étanche entre nous et nos guerres. (The Guardian)

    Les attaques en France sont le contrecoup des interventions dans le monde arabe et musulman. Ce qui arrive là-bas, arrive aussi ici.

    La réponse officielle de l’Occident depuis 2001 a été de jeter de l’huile sur le feu. Ça a été le cas après le 11 septembre, quand George Bush a lancé sa guerre contre le terrorisme, dévastant des pays entiers et répandant la terreur dans le monde. Ça a été le cas en 2005, après les bombes de Londres, quand Tony Blair a réduit les libertés publiques et envoyé des milliers de soldats anglais en mission impossible en Afghanistan. Et ça a été le cas, la semaine dernière, après les horribles massacres à Charlie Hebdo et dans un supermarché juif de Paris.

    En écho à la rhétorique de Bush, la réaction de l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, aux attaques contre “nos libertés” a été de déclarer une “guerre des civilisations”. Au lieu d’être simplement là avec les victimes – et, aussi, par exemple, avec le grand nombre de victimes de Boko Haram au Nigériaon a élevé le magazine satirique, et sa manière de représenter le prophète Mouhammad, au rang de symbole sacré de la liberté occidentale. La sortie, mercredi, d’une édition de Charlie Hebdo sponsorisée par l’état est devenu le dernier test en date du “qui n’est pas avec nous est contre nous” dans l’engagement à “nos valeurs”, tout cela pendant que les députés français votaient, par 488 votes pour et un seul contre, la poursuite de la campagne militaire en Irak. Si l’on en juge par le bilan des 13 dernières années, cela se révélera être une décision dangereuse, et pas seulement pour la France.

    Absolument rien ne justifie l’assaut meurtrier des journalistes de Charlie Hebdo, et encore moins celui des victimes juives sélectionnées sur le seul critère de leur identité religieuse et ethnique. Ce qui est devenu terriblement évident la semaine dernière, en revanche, c’est le fossé qui sépare la manière dont est perçue la position officielle de l’état français en matière de politique intérieure dans le pays et à l’étranger ainsi que par de nombreux citoyens musulmans du pays. Cela est vrai de l’Angleterre aussi bien sûr. Mais ce qui est salué par la France blanche comme une laïcité dénuée de tout préjugé racial, garantissant l’égalité à tous, est vécu par de nombreux Musulmans comme de la discrimination et comme un déni de leurs liberté fondamentales.

    Dans un pays où les femmes sont embarquées dans des cars de police à cause de la manière dont elles s’habillent, la liberté d’expression peut aussi donner l’impression d’être à sens unique. Charlie Hebdo prétend pratiquer “l’offense égalitaire”, en insultant toutes les religions. Mais la réalité, comme un de ses anciens journalistes l’a souligné, était que le journal souffrait d’une “névrose islamophobeet que son fonds de commerce était l’attaque raciste de la minorité la plus marginalisée de la population. Il ne s’agissait pas simplement de “représentations” du prophète, mais d’humiliations pornographiques à répétition.

    Malgré tous les beaux discours sur le fait que la liberté d’expression est un droit non négociable en France, la négation de l’Holocauste y est illégale et les spectacles du comédien noir antisémite Dieudonné y ont été interdits. Mais c’est avec le même aveuglement dont les milieux progressistes français ont fait preuve en ne se rendant pas compte que l’idéologie laïque, qui servait autrefois à lutter contre le pouvoir des puissants, servait aujourd’hui à contrôler le segment le plus faible de la population, que le droit de cibler une religion et de l’insulter à qui mieux mieux a été élevé au statut de valeur libérale fondamentale.

    Tout le monde a pu constater l’absurdité de la situation à la manifestation “Je suis Charlie”, à Paris, dimanche. Une marche supposée défendre la liberté d’expression était menée par des rangs serrés de va-t-en guerre et d’autocrates : des leaders de l’OTAN et de celui d’Israël, Binyamin Netanyahou, au roi Abdullah de Jordanie et au ministre des Affaires Etrangères égyptien qui, tous autant qu’ils sont, ont harcelé, jeté en prison et assassiné des pléthores de journalistes tout en commettant des massacres et en lançant des interventions armées qui ont fait des centaines de milliers de morts, bombardant, en chemin, les stations de TV de la Serbie jusqu’à l’Afghanistan.

    La scène était d’un ridicule achevé. Mais elle mettait aussi en lumière le rôle central de la guerre contre le terrorisme dans les atrocités commises à Paris, et la manière dont les rangs serrés de meneurs de la manif, sont en train de la récupérer pour faire avancer leur agenda personnel. Bien sûr, le cocktail de causes et de motivations qui a présidé aux attaques est complexe : il va de l’héritage de la sauvage brutalité coloniale en Algérie, à l’idéologie takfiri djihadiste, en passant par la pauvreté, le racisme, la criminalité.

    Mais ces attaques n’auraient certainement pas eu lieu si les puissances occidentales, dont la France, n’avaient pas attaqué le monde arabe et musulman pour le mettre au pas et le réoccuper. Cette guerre contre le terrorisme dure depuis 13 ans – même s’il y a eu des tentatives bien antérieures de contrôler la région – et sème massivement la destruction et la terreur.

    C’est ce que les meurtriers disent eux-mêmes. Les frères Kouachi se sont radicalisés à la guerre d’Irak et ont été entraînés au Yémen par al-Qaida. Cherif Kouachi a dit clairement que les attaques avaient pour but de venger les “enfants des Musulmans en Irak, Afghanistan et Syrie”. Ahmed Coulibaly a dit qu’elles étaient une réponse aux attaques de la France contre Isis tout en affirmant que le massacre du supermarché avait pour objet de venger les morts de Musulmans de Palestine.

    Ces assassinats gratuits sont bien sûr tout à fait contre-productifs et nuisent aux causes qu’ils sont censés promouvoir – et le fait que les victimes soient choisies en fonction d’un cadre religieux réactionnaire, donne à penser que ces assassinats sont une sorte de produit mutant des guerres culturelles européennes. Mais ces attaques n’existaient pas avant 2001. Les bombes de 1995 à Paris qui semblent me contredire, étaient en fait une retombée directe de la guerre civile en Algérie et du rôle qu’y jouait la France. Par contre, la guerre de l’Union Soviétique en Afghanistan, il y a 30 ans, a favorisé le développement d’une forme de fondamentalisme violent qui revient en boomerang frapper le cœur de l’occident.

    La France est célèbre pour avoir refusé de prendre part à l’agression étasuno-anglaise contre l’Irak. Mais depuis elle a rattrapé le temps perdu en envoyant des troupes en Afghanistan, en intervenant dans un pays africain après l’autre : de la Libye et du Mali à la Côte d’Ivoire et à la République centrafricaine, en bombardant l’Irak et en soutenant les rebelles syriens. Comme l’Angleterre, la France a armé les autocrates du Golfe et basé des troupes chez eux, et dernièrement, le président français a déclaré qu’il était le “partenaire” du dictateur égyptien Sissi et qu’il était “prêt ” à bombarder à nouveau la Syrie.

    L’ancien premier ministre français, Dominique de Villepin, chef de file du camp opposé à la guerre en Irak, a dit, cette semaine, qu’Isis était “l’enfant monstrueux” de la politique occidentale. Les guerres occidentales dans le monde musulman “nourrissent toujours de nouvelles guerres” et “elles nourrissent le terrorisme chez nous”, a-t-il écrit, pendant que “nous simplifions" ces conflits “en ne regardant que le symptôme islamiste ”.

    Il a raison – mais il ne fait pas partie des leaders qui ont mené la marche en rangs serrés et qui vont utiliser ces attaques pour justifier d’autres interventions militaires. Etant donné les événements de la dernière décennie, les Européens ont de la chance d’avoir eu si peu d’attentats terroristes. Mais le prix à payer est la perte des libertés, la montée de l’antisémitisme et l’islamophobie rampante. Plus nous laissons cette guerre s'éterniser, plus la menace s'alourdit. Dans un monde globalisé, il n'y a pas moyen de s'isoler. Ce qui arrive là-bas, finit par arriver ici aussi.

    •  

    Seumas Milne

    Traduction : Dominique Muselet

    »» http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jan/15/paris-warning-no-...
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    http://www.legrandsoir.info/paris-est-un-avertissement-il-n-y-a-pas-de-cloison-etanche-entre-nous-et-nos-guerres.html
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     Seumas MILNE
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