Cher Charb, cher Fabrice Nicolino,
« Et que ceux qui prétendent et prétendront demain que “Charlie” est raciste aient au moins le courage de le dire à voix haute, et sous leur nom. Nous saurons quoi leur répondre. » En lisant cette rodomontade à la fin de votre tribune dans Le Monde1, façon « viens nous le dire en face si t’es un homme », j’ai senti monter comme une envie de rejoindre mon poste de combat dans la cour de récré. La sommation ne m’était pourtant pas destinée. Quelles bonnes âmes vous espérez convaincre, d’ailleurs, mystère. Cela fait belle lurette que quantité de gens disent à « voix haute » et « sous leur nom » ce qu’ils pensent de votre journal et du fonds de sauce qui s’en écoule, sans que personne chez vous ne se soit soucié de leur répondre ou d’agiter ses petits poings.
Ainsi donc Le Monde vous a charitablement ouvert son rayon blanchisserie, pour un repassage express de votre honneur tout chiffonné. À vous entendre, il y avait urgence : même plus moyen de sortir dans Paris sans qu’un chauffeur de taxi vous traite de racistes et vous abandonne les bras ballants sur le bord du trottoir. On comprend la vexation, mais pourquoi ce besoin d’aller vous refaire une beauté dans un autre journal que le vôtre ?Charlie Hebdo, son site internet et sa maison d’édition ne vous offrent donc pas un espace d’expression à la hauteur ? Vous invoquez le glorieux héritage du « Charlie » des années 1960 et 70, quand c’était la censure du pouvoir politique et non la hantise du discrédit qui donnait du fil à retordre au journal. Mais je doute qu’à l’époque un Cavanna ou un Choron eussent quémandé l’aide de la presse en redingote pour se façonner une respectabilité.
S’il m’est arrivé à moi aussi, par le passé, de griffonner quelques lignes fumasses en réaction à tel ou tel de vos exploits, je ne me suis jamais appesanti sur le sujet. Sans doute n’avais-je ni la patience ni le cœur assez bien accroché pour suivre semaine après semaine la navrante mutation qui s’est opérée dans votre équipe après le tournant du 11 septembre 2001. Je ne faisais déjà plus partie de Charlie Hebdo quand les avions suicide ont percuté votre ligne éditoriale, mais la névrose islamophobe qui s’est peu à peu emparée de vos pages à compter de ce jour-là m’affectait personnellement, car elle salopait le souvenir des bons moments que j’avais passés dans ce journal au cours des années 1990. Le rire dévastateur du « Charlie » que j’avais aimé sonnait désormais à mes oreilles comme le rire de l’imbécile heureux qui se déboutonne au comptoir du commerce, ou du cochon qui se roule dans sa merde. Pour autant je n’ai jamais qualifié votre journal de raciste. Mais puisque aujourd’hui vous proclamez haut et fort votre antiracisme inoxydable et sans reproches, le moment est peut-être venu de considérer sérieusement la question.
Raciste, Charlie Hebdo ne l’était assurément pas du temps où j’y ai travaillé. En tout cas, l’idée qu’un jour le canard s’exposerait à pareil soupçon ne m’a jamais effleuré. Il y a avait bien quelques franchouillardises et les éditos de Philippe Val, sujets à une fixette inquiétante et s’aggravant au fil des ans sur le « monde arabo-musulman », considéré comme un océan de barbarie menaçant de submerger à tout instant cet îlot de haute culture et de raffinement démocratique qu’était pour lui Israël. Mais les délires du taulier restaient confinés à sa page 3 et ne débordaient que rarement sur le cœur du journal qui, dans ces années-là, me semblait-il, battait d’un sang plutôt bien oxygéné.
À peine avais-je pris mes cliques et mes claques, lassé par la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel du patron, que les tours jumelles s’effondrèrent et que Caroline Fourest débarqua dans votre rédaction. Cette double catastrophe mit en branle un processus de reformatage idéologique qui allait faire fuir vos anciens lecteurs et vous en attirer d’autres, plus propres sur eux, et plus sensibles à la « war on terror » version Rires & Chansons qu’à l’anarchie douce d’un Gébé. Petit à petit, la dénonciation en vrac des « barbus », des femmes voilées et de leurs complices imaginaires s’imposa comme un axe central de votre production journalistique et satirique. Des « enquêtes » se mirent à fleurir qui accréditaient les rumeurs les plus extravagantes, comme la prétendue infiltration de la Ligue des droits de l’homme (LDH) ou du Forum social européen (FSE) par une horde de salafistes assoiffés de sang2. Le nouveau tropisme en vigueur imposa d’abjurer le tempérament indocile qui structurait le journal jusqu’alors et de nouer des alliances avec les figures les plus corrompues de la jet-set intellectuelle, telles que Bernard-Henri Lévy ou Antoine Sfeir, cosignataires dans Charlie Hebdo d’un guignolesque « Manifeste des douze contre le nouveau totalitarisme islamique3 ». Quiconque ne se reconnaissait pas dans une lecture du monde opposant les civilisés (européens) aux obscurantistes (musulmans) se voyait illico presto renvoyé dans les cordes des « idiots utiles » ou des « islamo-gauchistes ».
À Charlie Hebdo, il a toujours été de bon ton de railler les « gros cons » qui aiment le foot et regardent TF1. Pente glissante. La conviction d’être d’une essence supérieure, habilitée à regarder de très haut le commun des mortels, constitue le plus sûr moyen de saboter ses propres défenses intellectuelles et de les laisser bailler au moindre courant d’air. Les vôtres, pourtant arrimées à une bonne éducation, à des revenus confortables et à l’entre-soi gratifiant de la « bande à Charlie », ont dégringolé à une vitesse ahurissante. Je me souviens de cette pleine page de Caroline Fourest parue le 11 juin 2008. Elle y racontait son amicale rencontre avec le dessinateur néerlandais Gregorius Nekschot, qui s’était attiré quelques ennuis pour avoir représenté ses concitoyens musulmans sous un jour particulièrement drolatique. Qu’on en juge : un imam habillé en Père Noël en train d’enculer une chèvre, avec pour légende : « Il faut savoir partager les traditions ». Ou un Arabe affalé sur un pouf et perdu dans ses pensées : « Le Coran ne dit pas s’il faut faire quelque chose pour avoir trente ans de chômage et d’allocs ». Ou encore ce « monument à l’esclavage du contribuable autochtone blanc » : un Néerlandais, chaînes au pied, portant sur son dos un Noir, bras croisés et tétine à la bouche. Racisme fétide ? Allons donc, liberté d’expression ! Certes, concède Fourest, l’humour un peu corsé de son ami « ne voyage pas toujours bien », mais il doit être compris « dans un contexte néerlandais ultratolérant, voire angélique, envers l’intégrisme ». La faute à qui si les musulmans prêtent le flanc à des gags difficilement exportables ? Aux musulmans eux-mêmes et à leurs alliés trop angéliques, ça va de soi. Comme l’enseigne Nekschot aux lecteurs de Charlie Hebdo, « les musulmans doivent comprendre que l’humour fait partie de nos traditions depuis des siècles ».
Personne chez vous n’a claqué sa démission après cette page insuffisamment remarquée, qui après tout ne faisait que consacrer le processus entamé six ou sept ans plus tôt. Vos sortes de tolérances vous regardent. Mais quand je lis dans votre tribune du Monde : « Nous avons presque honte de rappeler que l’antiracisme et la passion de l’égalité entre tous les humains sont et resteront le pacte fondateur de Charlie Hebdo », la seule information que je retiens, c’est que votre équipe ne serait donc pas totalement inaccessible à la honte. Vraiment ?
Après le départ en 2009 de Val et de Fourest, appelés à de plus hautes destinées, l’un à la tête d’une radio publique, l’autre sur les podiums de l’antiracisme gouvernemental, on se demandait si vous continueriez à faire du Val sans lui et de la Fourest sans elle. Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous êtes restés fidèles à la ligne. Imprégnés jusqu’au trognon, faut croire.
Aujourd’hui, les mouches qu’un Tignous n’omet jamais de faire tourner autour de la tête de ses « barbus » se collent plus que jamais à votre imaginaire dès que vous « riez » des musulmans. Dans une vidéo postée fin 2011 sur le site de Charlie Hebdo, on te voyait, Charb, imiter l’appel du muezzin sous les hoquets hilares de tes petits camarades. Tordant, le numéro de la psalmodie coranique à l’heure du bouclage, Michel Leeb n’aurait pas fait mieux. Dans quelle marinade collective faut-il macérer pour en arriver là ? Dans quelles crevasses psychologiques puisez-vous matière à « rire » d’un dessin représentant des femmes voilées qui exhibent leurs fesses pendant qu’elles font leur prière à la « mère Mecquerelle » ? Minable vanne même pas honteuse, embarrassante d’imbécilité avant même que d’être révélatrice d’un état d’esprit, d’une vision du monde.
C’est ce dessin de Catherine qui me vient à l’esprit, mais je pourrais en citer tant d’autres parmi les épanchements de gaudriole islamophobe que vous autres, fabricants d’humour gonflé aux vents du temps, dégazez à longueur de semaines. Ce dessin-là accompagnait une pseudo-enquête sur les « djihadistes du sexe » en Syrie4. Un « scoop » dont on apprenait peu de temps après – il est vrai qu’on s’en doutait un peu à la lecture – que c’était un tissu d’âneries bidonné à des fins de propagande5. À noter que vous n’avez même pas retiré cette daube de votre site web : apparemment, certains sujets se prêtent mieux que d’autres au relâchement. Quand on rigole avec la femme voilée, on peut bien se laisser aller, s’autoriser un peu de confusion entre info croustillante en papier mâché et poilade de salle de garde.
Mais je ne vous écris pas pour vous parler de bon goût, plutôt de ce pays que vous avez contribué à rendre plus insalubre. Un pays qui désormais interdit à une femme de travailler dans une crèche au motif que le bout de tissu qu’elle porte sur la tête traumatiserait les bambins. Où une élève de troisième coiffée d’un bandana jugé trop large se fait exclure de son collège avec la bénédiction d’un maire UMP, du ministre socialiste de l’Éducation nationale et de la presse écumante6. Où l’on peine à trouver un comptoir de bistrot ou une table de fins lettrés sans qu’à un moment ne se déverse le genre de blagues qui, à « Charlie », vous font péter les boyaux le jour du bouclage. Où l’on considère comme une avant-garde de la cinquième colonne toute femme qui se couvre les cheveux, au point qu’on lui interdit de participer à une sortie scolaire ou de faire du bénévolat aux Restos du cœur7.
Je sais qu’à vos yeux ces vigoureuses dispositions sont cruciales pour la survie de la république et de la laïcité. Récemment, vous avez jugé utile de publier une interview de votre avocat, Richard Malka, le valeureux défenseur de Clearstream, de DSK et de l’esprit des Lumières. « Le voile, c’est l’anéantissement, l’ensevelissement du triptyque républicain “Liberté, Égalité, Fraternité”8 », pérorait votre bavard comme à un concours d’éloquence pour vendeurs d’aspirateurs9. Faudrait déjà qu’il nous explique en quoi ce fameux triptyque a une existence concrète et au bénéfice de qui, mais passons. Ce qu’il enfonce dans la tête de vos lecteurs, pourtant déjà abondamment instruits en la matière, c’est que quelques centimètres carrés de coton éventuellement mêlé de polyester menacent de répandre la peste sur notre beau pays. Que ce voile est si dangereusement infecté qu’il ne serait pas sage de prêter attention à l’individu qui le porte.
Je dois préciser à ce stade que, personnellement, je n’ai aucun « problème » avec le bonnet de ma tante ou les dreadlocks de mon cousin, et que je n’en ai pas davantage avec le voile de ma voisine. Si cette dernière me confiait qu’elle le porte contre son gré, j’aurais certainement le réflexe de l’encourager à trouver les moyens de vivre comme elle l’entend. Je réagirais de même si on l’obligeait à porter des bas résille ou le kilt écossais. En dehors d’un tel scénario, qu’une femme décide ou non de porter telle ou telle liquette ne me regarde pas. Que ce soit pour des motifs personnels, religieux, esthétiques ou autres, c’est son affaire. Étonnante, cette manie qu’ont les gens dans ce pays de projeter leurs fantasmes sur un carré d’étoffe, qui l’aliénation de la femme, qui la peur de l’invasion islamique, qui la défense du droit masculin à la drague capillaire, etc. Peu m’importent le voile, les talons hauts ou même le t-shirt Camaïeu made in Bangladesh, du moment que la personne dessous, dessus ou dedans mérite le respect. Où en sommes-nous rendus pour qu’il faille réhabiliter un principe aussi évident ? Essayez-le, vous verrez : c’est le meilleur préventif contre l’ulcère à l’estomac et la sauce blanche dans la tête.
Le pilonnage obsessionnel des musulmans auquel votre hebdomadaire se livre depuis une grosse dizaine d’années a des effets tout à fait concrets. Il a puissamment contribué à répandre dans l’opinion « de gauche » l’idée que l’islam est un « problème » majeur de la société française. Que rabaisser les musulmans n’est plus un privilège de l’extrême droite, mais un droit à l’impertinence sanctifié par la laïcité, la république, le « vivre ensemble ». Et même, ne soyons pas pingres sur les alibis, par le droit des femmes – étant largement admis aujourd’hui que l’exclusion d’une gamine voilée relève non d’une discrimination stupide, mais d’un féminisme de bon aloi consistant à s’acharner sur celle que l’on prétend libérer. Drapés dans ces nobles intentions qui flattent leur ignorance et les exonèrent de tout scrupule, voilà que des gens qui nous étaient proches et que l’on croyait sains d’esprit se mettent brusquement à débonder des crétineries racistes. À chacun sa référence : La journée de la jupe, Elisabeth Badinter, Alain Finkielkraut, Caroline Fourest, Pascal Bruckner, Manuel Valls, Marine Le Pen ou combien d’autres, il y en a pour tous les goûts et toutes les « sensibilités ». Mais il est rare que Charlie Hebdo ne soit pas cité à l’appui de la règle d’or qui autorise à dégueuler sur les musulmans. Et comme vos disciples ont bien retenu la leçon, ils ne manquent jamais de se récrier quand on les chope en flag’ : mais enfin, on a bien le droit de se moquer des religions ! Pas d’amalgame entre la critique légitime de l’islam et le racisme anti-arabe !
C’est évidemment ce même sillon que vous labourez dans votre tribune du Monde. « Passe encore, vous lamentez-vous, que Charlie consacre tant de ses dessins de couverture aux papistes. Mais la religion musulmane, drapeau imposé à d’innombrables peuples de la planète, jusqu’en Indonésie, devrait, elle, être épargnée. Pourquoi diable ? Quel est le rapport, autre qu’idéologique, essentialiste au fond, entre le fait d’être arabe par exemple et l’appartenance à l’islam ? »
Je veux bien tâcher d’éclairer vos lanternes sur ce point, mais permettez-moi d’abord d’apprécier la vicieuse petite incise dans laquelle vous resservez en loucedé le vieux plat sur l’islam-religion-conquérante qui fait rien qu’à croquer la planète. L’islamisation de l’archipel indonésien a commencé au XIIIe siècle, quand des princes de Sumatra se sont convertis à la religion des marchands perses et indiens qui faisaient bombance dans leurs ports – non sous la contrainte, mais par désir d’intégrer un réseau commercial prospère. Plus tard, au XVIIIe siècle, ce sont les colons hollandais, chrétiens irréprochables, qui se sont arrangés pour imposer l’islam à Java, en vue de soustraire sa population à l’influence séditieuse des Balinais hindouistes. On est loin de l’imagerie du farouche bédouin réduisant à sa merci des peuples exotiques, à laquelle se résume apparemment votre connaissance du monde musulman.
Mais revenons à la question du « rapport » entre Arabes et musulmans, racisme et islamophobie. La démarcation que vous tracez avec une belle assurance entre les deux catégories est-elle vraiment si claire dans vos esprits ? À lire le début de votre tribune, il est permis d’en douter. L’édifiante anecdote du « chauffeur de taxi arabe », qui refuse de conduire à bon port un collaborateur du journal « au motif de dessins moquant la religion musulmane », révèle à cet égard une certaine confusion. En quoi la qualité d’« arabe » prêtée au chauffeur – qui d’après vous ne saurait donc être simplement français – nous renseigne-t-elle sur l’affront subi par votre infortuné collègue ? Croyez-vous qu’il faille être « arabe » pour froncer le nez devant vos beaufitudes de fin de banquet ? Moi qui ne suis ni arabe ni chauffeur de taxi, pas sûr que je dépannerais votre collaborateur d’un ticket de métro. J’espère néanmoins qu’il aura surmonté son choc des civilisations en se dégotant un chauffeur blanc qui l’accepte sur sa banquette arrière.
Vous avez raison, arabe et musulman, ce n’est pas la même chose. Mais vous savez quoi ? Musulman et musulman, ce n’est pas pareil non plus. Sachez qu’il y en a de toutes sortes, riches ou pauvres, petits ou grands, sympathiques ou revêches, généreux ou rapiats, désireux d’un monde meilleur, réactionnaires ou même, oui, intégristes. Or, dans Charlie Hebdo, rien ne ressemble davantage à un musulman qu’un autre musulman. Toujours représenté sous les traits d’un faible d’esprit, d’un fanatique, d’un terroriste, d’un assisté. La musulmane ? Toujours une pauvre cloche réductible à son foulard, et qui n’a d’autre fonction sociale que d’émoustiller la libido de vos humoristes.
Parlant de cela, il y aurait beaucoup à dire sur la composante graveleuse de votre inspiration. L’euphorie avec laquelle Charlie Hebdo a acclamé les militantes topless des Femen suggère que le graillon islamophobe s’agrège parfaitement aux éclaboussures de testostérone. L’ode de Bernard Maris à Amina Sboui, une Femen tunisienne qui avait posé torse nu sur Internet, offre un bon échantillon de la mayonnaise hormonale qui colle à vos pages : « Montre tes seins, Amina, montre ton sexe à tous les crétins barbus habitués des sites pornos, à tous les cochons du désert qui prêchent la morale à domicile et se payent des escorts dans les palaces étrangers, et rêvent de te voir lapidée après t’avoir outragée... Ton corps nu est d’une pureté absolue en face des djellabas et des niqabs répugnants10. » Allo, docteur ?
Vous avez le toupet d’accuser vos détracteurs d’« essentialisme », et sans doute les bulbes congestionnés qui vous vénèrent applaudiront-ils l’acrobatie. Mais on n’est pas au cirque. L’essentialisme, vous vous y vautrez chaque semaine ou presque en racialisant le musulman sous les traits d’une créature constamment grotesque ou hideuse. Ce qui définit la vision dominante du « racialisé », « c’est qu’il est tout entier contenu dans ce qui le racialise ; sa culture, sa religion, sa couleur de peau. Il serait comme incapable de s’en sortir, incapable de voir plus loin que son taux de mélanine ou le tissu qu’il porte sur la tête, observe sur son blog Valérie CG, une féministe pas très intéressante puisqu’elle ne vous a pas montré ses seins. Musulman devient une sorte de nouvelle couleur de peau dont il est impossible de se détacher11. »
Cette remarque judicieuse se rapportait aux élucubrations de la « pédopsychiatre » Caroline Eliacheff, qui, dans le magazine Elle, venait de justifier ainsi le licenciement d’une puéricultrice voilée par la crèche Baby-Loup : « On peut s’interroger sur les conséquences pour un nourrisson de ne voir que le visage de face, une tête amputée des oreilles, des cheveux et du cou12. » Le voile est une arme de destruction massive, il ensevelit la république aussi sûrement qu’il ampute des organes vitaux. Inutile de préciser que Caroline Eliacheff, tout comme vous, « lutte contre le racisme », c’est en tout cas ce qu’elle déclare dans son interview. Pour professer des inepties, et justifier le renvoi brutal d’une employée reconnue comme compétente et que personne n’a vu appeler les petits chéris au djihad, on n’est jamais aussi confortablement juché qu’au plus haut sommet des vertus civilisées.
Mais votre trône surplombe un marécage. Toi, Charb, pour lequel j’ai jadis éprouvé de l’estime, et toi, Fabrice, dont j’appréciais la rigueur intellectuelle13, je vous tiens, vous et vos collègues, pour coresponsables du pourrissement ambiant. Après le 11-Septembre,Charlie Hebdo a été parmi les premiers, dans la presse dite de gauche, à enfourcher le cheval du péril islamique. Ne vous privez donc pas de ramasser votre part du crottin au moment où le nombre d’actes islamophobes bat des records : + 11,3 % sur les neuf premiers mois de 2013 par rapport à la même période de 2012, selon l’Observatoire national de l’islamophobie. Lequel s’inquiète d’un « nouveau phénomène » de violence, marqué par au moins quatorze agressions de femmes voilées depuis le début de l’année.
Rassurez-vous, je ne dis pas que la lecture de Charlie Hebdo déclenche mécaniquement l’envie de badigeonner une mosquée avec du sang de porc ou d’arracher son voile à une cliente de supermarché, comme cela se produit ici et là. Vous avez désigné les cibles, mais vous ne voulez pas qu’un pauvre type s’attaque à elles pour de vrai, car vous êtes contre la violence et contre le racisme. Vos lecteurs aussi, très certainement. Ils n’ont aucun préjugé contre les musulmans, c’est juste qu’ils s’esclaffent de bon cœur sur ce dessin de Charb où l’on voit un Arabe à grosse moustache en arrêt devant une prostituée, tandis qu’un prédicateur à barbe le sermonne : « Mon frère ! Tu vas pas payer 40 euros une passe alors que pour le même prix tu peux acheter une épouse ! » Dans les années trente, le même gag avec des juifs à la place des musulmans aurait fait un tabac, sauf qu’à l’époque son auteur n’aurait sans doute pas eu l’idée de venir brandir un brevet d’antiracisme. Le dessin en question illustrait un article démasquant les sombres desseins d’un petit groupe de salafistes à Bruxelles. Le sous-titre résumait bien l’idée : « Les frites seront-elles bientôt toutes halal en Belgique ? Quelques barbus s’y activent, et combattent la démocratie qui leur permet d’exister14. » Quoi ? Islamisation des frites, démocratie en danger ? Dans sa tête, le lecteur commence déjà à graisser son fusil de chasse. Dans sa tête seulement, car c’est un antiraciste. À moins qu’il n’aille se déverser au bas de quelque site internet évoquant vos faits d’armes, à la manière de « lulupipistrelle », auteur de ce commentaire sur Agoravox : « Les caricatures de leur prophète ulcèrent les musulmans ? Et alors, moi j’ai envie de baffer toutes les bonnes femmes voilées que je croise, et je ne parlent [sic] pas des barbus... mais je me domine...15 »
Bien sûr que Charlie Hebdo ne se limite pas à cela, qu’on y écrit et dessine sur bien d’autres sujets. On veut bien croire que nombre de lecteurs vous achètent par attachement à la cause des animaux, ou pour Cavanna, ou pour Nicolino, ou pour les dessins drôles, ou pour congratuler Bernard Maris après sa nomination au conseil général de la Banque de France, autre repaire de joyeux drilles. Mais je doute qu’il y en ait beaucoup qui ne trouvent leur petit plaisir sale dans le ressassement de vos obsessions islamophobes – sans quoi le journal leur tomberait des mains. Il en est même, vous ne pouvez l’ignorer, qui l’achètent principalement pour ça : pour voir ce que « Charlie » va encore leur mettre dans les dents cette semaine. Faut avouer, c’est une bonne affaire. Depuis l’épisode des caricatures danoises et votre héroïque montée des marches en costumes de pingouins au festival de Cannes, bras dessus bras dessous avec Philippe Val, Daniel Leconte et BHL (mais hélas sans Carla Bruni, pourtant annoncée), le « muslim bashing » ripoliné en « défense intransigeante de la liberté d’expression » est devenu votre tête de gondole, que vous prenez soin de réapprovisionner régulièrement. Vous pouvez toujours certifier que les sans-papiers sont vos amis ou critiquer Manuel Valls pour ses rafles de Roms, c’est l’islamophobie votre marronnier, votre ligne de front.
Vous me direz que vous n’êtes pas les seuls. Votre positionnement sur ce terrain est en effet assez largement partagé par vos confrères de la presse écrite, de L’Express à Valeurs Actuelles en passant par Le Point, Marianne, Le Nouvel Observateur ou Le Figaro, pour s’en tenir aux plus enthousiastes. Et je ne parle même pas des télés et des radios. Le marché médiatique de l’islam « sans-gêne », « qui fait peur » et « qui dérange » rapporte gros, même s’il est quelque peu saturé. Toutefois, au sein de cette saine et fraternelle concurrence, votre canard parvient à se distinguer par des produits qui n’ont leur équivalent nulle part ailleurs, et qui vous permettent d’occuper un segment non négligeable de l’opinion islamophobe décomplexée de gauche.
Vous connaissant, je m’interroge cependant : c’est quoi, au juste, votre problème avec les musulmans de ce pays ? Dans votre texte du Monde, vous invoquez la salutaire remise en cause des « si grands pouvoirs des principaux clergés », mais sans préciser en quoi l’islam – qui n’a pas de clergé, mais on ne peut pas tout savoir, hein – exerce en France un « si grand pouvoir ». Hors de la version hardcore qu’en donnent quelques furieux, la religion musulmane ne me paraît pas revêtir chez nous des formes extraordinairement intrusives ou belliqueuses. Sur le plan politique, son influence est nulle : six millions de musulmans dans le pays, zéro représentant à l’Assemblée nationale. Pour un parlementaire, il est plus prudent de plaider la cause des avocats d’affaires et de voter des lois d’invisibilité pour les femmes voilées que de s’inquiéter de l’explosion des violences islamophobes. Pas un seul musulman non plus chez les propriétaires de médias, les directeurs d’information, les poids lourds du patronat, les grands banquiers, les gros éditeurs, les chefferies syndicales. Dans les partis politiques, de gauche comme de droite, seuls les musulmans qui savent réciter par cœur les œuvres complètes de Caroline Fourest ont une petite chance d’accéder à un strapontin.
Je n’ignore pas, Charb, que tu as reçu des menaces de mort et qu’il y a peut-être des dingues quelque part qui en veulent à ta peau. Cela me désole. Malgré tout ce que je vous reproche, à toi et aux autres, je ne me réjouis pas de t’imaginer avec deux flics collés en permanence à tes semelles et qui coûtent un bras à votre république chérie. Je crains aussi que tes molosses ne déteignent sur toi comme Val a déteint sur toute l’équipe. Mais si vraiment vous tremblez à l’idée que les musulmans de France se métamorphosent en serial killers de la guerre sainte, peut-être trouverez-vous un brin d’apaisement en voyant la manière placide dont les intéressés réagissent aux attaques réelles ou symboliques qui sont leur lot quotidien. Quand une mosquée est recouverte de tags racistes, croyez-vous que ses responsables ou les fidèles du coin se répandent en cris de vengeance ou en promesses de mettre l’Élysée à feu et à sang ? Non, à chaque fois ils déclarent s’en remettre tout simplement à la « justice de leur pays ». Parmi ceux que je connais, l’écume médiatique de vos prouesses ne fait qu’ajouter une petite couche supplémentaire à leur lassitude. Pas sûr que j’aurais la même patience.
Bunkérisés derrière vos zygomatiques, vous revendiquez le droit sacré de « rire » pareillement des imams, des curés et des rabbins. Pourquoi pas, si encore vous appliquiez vraiment ce principe. On oublie l’épisode Siné ou il faut vous faire un dessin ? Un constat avéré d’islamophobie, et c’est l’éclat de rire. Une mensongère accusation d’antisémitisme, et c’est la porte. Cette affaire remonte aux années Val, mais la pleutre approbation que votre patron d’alors a recueilli auprès de « toute la bande », et plus particulièrement auprès de toi, Charb, démontre que le deux poids deux mesures en vigueur à cette époque n’était pas le fait d’un seul homme. La même règle a perduré. À ce jour, me dit-on, le numéro spécial « Charia Hebdo » ne s’est toujours pas dédoublé en un « Talmud Hebdo ». Croyez bien que je ne le regrette pas.
Vous vous réclamez de la tradition anticléricale, mais en feignant d’ignorer en quoi elle se différencie fondamentalement de l’islamophobie : la première s’est construite au cours d’une lutte dure, longue et acharnée contre un clergé catholique effectivement redoutable de puissance, qui avait – et a encore – ses journaux, ses députés, ses lobbies, ses salons et son immense patrimoine immobilier ; la seconde s’attaque aux membres d’une confession minoritaire dépourvue de toute espèce d’influence sur les sphères de pouvoir. Elle consiste à détourner l’attention des intérêts bien nourris qui gouvernent ce pays pour exciter la meute contre des citoyens qui déjà ne sont pas à la fête, si l’on veut bien prendre la peine de considérer que, pour la plupart d’entre eux, colonisation, immigration et discrimination ne leur ont pas assigné la place la plus reluisante dans la société française. Est-ce trop demander à une équipe qui, selon vos termes, « se partage entre tenants de la gauche, de l’extrême gauche, de l’anarchie et de l’écologie », que de prendre un tantinet en compte l’histoire du pays et sa réalité sociale ?
J’aime bien les bouffeurs de curés, j’ai grandi avec et ils m’ont inculqué quelques solides défenses contre les contes de fées et les abus de pouvoir. C’est en partie cet héritage-là qui me fait dresser les poils devant l’arrogante paresse intellectuelle du bouffeur de musulmans. La posture antireligieuse lui offre un moyen commode de se prélasser dans son ignorance, de faire passer pour insolents ses petits réflexes de contraction mentale. Elle donne du lustre à un manque béant d’imagination et à un conformisme corrodé par les yeux doux de l’extrême droite16.
« Encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable », c’est ainsi que Thomas Deltombe définit la fonction de l’islamophobie, décrite aussi comme une « machine à raffiner le racisme brut »17. Les deux formules vous vont comme un gant. Ne montez donc pas sur vos grands chevaux quand vos détracteurs usent de mots durs contre vous. Ces derniers jours, vous avez hurlé au scandale parce qu’un rappeur pas très futé réclamait un « autodafé pour ces chiens de Charlie Hebdo » au détour d’un titre collectif inséré dans la BO du film La Marche. Comme si votre journal n’était qu’amour et poésie, vous avez fait savoir à la terre entière que vous étiez « effarés » par tant de « violence ». Pourtant, vous ne vous êtes pas offusqués lorsque le rappeur tunisien Weld El 15 a assimilé les policiers de son pays à des « chiens bons à égorger comme des moutons ». Au contraire, vous l’avez interviewé avec tous les égards dus à un « combattant de la liberté d’expression18 ». Les violences verbales de Weld El 15 trouvent grâce à vos yeux parce qu’elles visent un régime à dominante islamiste qui veut le renvoyer en prison. Mais quand la métaphore canine se retourne contre vous, ce n’est plus du tout la même chanson. Envolée, la liberté d’expression : ralliement à la rengaine néoconservatrice sur le rap comme « appel à la haine » et « chant religieux communautariste »19.
La machine à raffiner le racisme brut n’est pas seulement lucrative, elle est aussi extrêmement susceptible.
Bien à vous,
Olivier Cyran
VICTIMES COLLATÉRALES09/01/2015 à 19h12
Après Charlie Hebdo : « Quoiqu’ils fassent, les musulmans sont bloqués »
Hassen Chalghoumi, président de la Conférence des imams de France et imam de Drancy (Seine-Saint-Denis), devant Charlie Hebdo, à Paris, le 8 janvier 2015 (MARTIN BUREAU/AFP)
« Depuis mercredi soir, le journal télévisé est devenu un moment étrange chez nous. On débat, on se chamaille, on se fait la gueule. »
Adnane (le prénom a été changé) vient d’avoir 26 ans. Il est grand, costaud et change de voix quand il évoque ses partiels à la fac et le carnage à Charlie Hebdo. Banlieusard et musulman pratiquant, il dit la même chose que le jeune que j’avais rencontré au moment de l’affaire Mohamed Merah :
« Tout de suite, je me suis dit : “Pourvu qu’ils ne soient pas bronzés et musulmans. Que physiquement, ils ne me ressemblent pas.” C’est égoïste. Mais, c’est nous les victimes collatérales et je sais qu’on va être mis de côté. »
« Il y a de la provocation quand des gens disent : “Bien fait” »
Dans son salon, avec sa famille, c’est souvent la cacophonie. Avec ses potes aussi :
« On a tous une théorie et une posture. Certains sont bouleversés, d’autres parlent de complot et d’exil. De toute façon, quoique les musulmans disent ou fassent, ils auront toujours tort. On est bloqués pour un moment. »
C’est compliqué de parler de tout ça à chaud. De ne pas avoir de recul. Tout va trop vite. Les attentats, les prises d’otages, les assauts. Adnane le déplore :
« Il y a de la provocation quand des gens disent : “Bien fait.” Ils ne le pensent pas. Mettre ça en avant et quelques imbéciles sur les réseaux sociaux, ce n’est pas honnête. C’est beaucoup plus compliqué que ça, mais c’est arrangeant de croire que les musulmans sont des bêtes sauvages. »
Et raconte les discussions qu’il y a eu ces dernières heures.
1
« Après la manif, ils me regarderont comme Ben Laden »
A propos du rassemblement de dimanche
« Au boulot, mon pote m’a dit que quelques remarques avaient fusé aujourd’hui. “Dans le Coran, le djihad est obligatoire”, des trucs comme ça. Sous le coup de l’émotion, je peux comprendre les maladresses et les amalgames. C’est humain. Sauf que ça dure depuis des années et que personne n’a rien fait pour que ça cesse, y compris ceux qui appellent les musulmans à se désolidariseret à manifester.
Chez moi, on n’est d’accord que sur un point : cette violence est intolérable et on doit tous la condamner. Mon père, pratiquant, est bouleversé. Ma mère, moins à fond dans la religion, tout aussi choquée, trouve néanmoins l’indignation surjouée. Je suis d’accord avec elle. On est dans le spectacle. Chacun y va de son petit slogan et de son petit message sur les réseaux sociaux.
Je suis triste, mais je ne lisais pas Charlie Hebdo. Je n’aimais pas leur boulot, ni leurs caricatures, même si elles ne m’empêchaient pas de dormir. Je ne peux donc pas “être Charlie” comme le clament certains de mes proches et manifester aux côtés de gens qui me considèrent comme leur ennemi. Ils me détestent et contribueront dans les prochaines semaines à faire croire que je suis un danger potentiel.
Je ne veux pas faire semblant. Après la manifestation, ils me regarderont comme Ben Laden. Ce que je dis peut être mal interprété parce que je suis musulman. Si un athée dit la même chose, ça n’aurait pas la même portée car lui, on ne lui demande pas de montrer patte blanche. Et pourtant, tous les athées n’iront pas manifester, peut-être pour les mêmes raisons que moi. »
2
« Mon frère a ricané : “C’est un scénario” »
Sur la théorie du complot
« Je refuse de croire au complot. C’est déjà assez compliqué comme ça. Mais je comprends les gens qui s’interrogent. Quand mon frère passe devant le journal télévisé, il ricane. “C’est un scénario, ça” :
“C’est trop gros pour être vrai.”
Il a lu tous les articles complotistes qui tournent sur les réseaux sociaux. Lui n’était pas d’accord avec la minute de silence, qu’il juge hypocrite. “Ils n’auraient pas fait ça pour des musulmans.” Je ne sais pas trop quoi en penser. Il s’est pris la tête avec mon père :
“Ce n’est pas parce que les autres sont cons que tu ne dois pas être meilleur qu’eux ?”
Les vidéos qui arrivent quelques minutes après la tuerie, la carte d’identité oubliée, les armes de guerre : comme pour Mohamed Merah, on est perdu et on n’est pas sûr d’avoir des réponses.
Mais avant d’essayer d’aller trop loin dans la réflexion, il faut poser les vraies questions. J’aimerais qu’on m’explique, avant de dire qu’on est en guerre, comment des armes arrivent à entrer en France et des gens à se balader avec des kalachnikov ? Pourquoi des dangers potentiels avec des passifs aussi lourds ne sont pas surveillés ?
Le danger avec cette pseudo-unité, c’est qu’on ne fasse que dans l’émotion. Pourtant, cette tuerie doit au moins servir à mettre les vrais problèmes sur la table. »
3
« On ne peut pas dire qu’ils ne sont pas musulmans »
Beaucoup de déni
« Je me suis embrouillé avec pas mal de monde autour de moi, mais au-delà du profil chelou des djihadistes, on ne peut pas dire qu’ils ne sont pas musulmans. Ils parlent du Prophète, du Coran et pensent a priori que leur interprétation de la religion est bonne. Ça ne réglera rien de les excommunier.
Beaucoup de musulmans sont dans le déni, mais la réalité est là : on doit commencer à réfléchir sur ces attentats et les réponses que l’on peut collectivement apporter à l’extrémisme.
Je ne parle pas de manifestations. Il faut être honnête. Ce n’est pas avec une pancarte que je vais convaincre un jeune de ne pas aller en Syrie. Et ce n’est pas non plus à nous de faire le travail de la police. Je ne sais pas ce que les gens croient, mais je me réjouis quand des extrémistes qui envoient des gamins en Syrie se sont arrêter.
Il faut ouvrir un grand débat au sein de la communauté musulmane et des mosquées. De toute façon, ça ne nous fera pas de mal de réfléchir. »
4
« Ils étaient conscients du danger »
Du rôle des médias
« La première fois qu’on a vu les images de Charlie Hebdo chez moi, on s’est embrouillé. Ma sœur a lâché un : “Ils étaient conscients du danger, c’est malheureux mais leurs têtes étaient mis à prix.” Pas sur le ton “bien fait”, plutôt sur celui de “c’était ciblé et ça nous concerne pas”. Ma mère a commencé à s’énerver :
“Demain, ils peuvent tirer sur tout le monde dans le métro. On dira quoi ? ‘C’est malheureux ?’ Ils sont innocents. On s’en fout de ce qu’ils dessinent.”
Tu sais ce qui énerve mes potes ? Ce qui crée de la frustration ? C’est qu’après Charlie Hebdo, des cons se vengent sur des mosquées et on en parle à peine. C’est comme si c’étaient les conséquences normales.
D’accord, il n’y a pas eu de mort. Mais les médias doivent jouer un rôle en ce moment pour calmer les frustrations. En tant que musulman, j’ai peur. Pour moi, pour ma famille, pour mon boulot. Je ne mets plus d’écouteurs dans mes oreilles parce que j’ai peur de ne pas être assez attentif. »
5
« On est français, on n’a pas à se planquer »
« Traiter les problèmes de fond »
« Ne pas manifester, ça ne veut pas dire qu’on doive rester à l’écart. Beaucoup de musulmans ne se mobilisent jamais, parce qu’ils pensent qu’on les a mis à part. Ça doit changer. On est français et on n’a pas à se planquer.
Plutôt que de manifester avec le PS et l’UMP qui sont responsables des divisions, des confusions et du déni de réalité, il faut réfléchir à des vraies solutions et traiter les problèmes de fond. Le djihadisme, c’est une façade, il y a plein de choses derrière.
Il est urgent d’arrêter de mettre en avant des personnes qui ne nous représentent pas. Hassen Chalghoumi [imam de Drancy, Seine-Saint-Denis, ndlr], ça suffit. Il ne dit rien de dangereux, mais nous décrédibilise à tout le temps demander pardon. Je n’ai rien à me reprocher, ma religion non plus. Avec son accent, il représente un islam d’ailleurs, qui conforte les gens dans l’idée que nous sommes étrangers.
Il faut que les gens comprennent une chose. Dans l’affaire Charlie Hebdo, il y a les victimes innocentes. Mais il y a aussi les musulmans, qui sont les victimes collatérales de ces fous. Et pas qu’en France. »
*
Je ne suis pas Charlie et je t’emmerde
jeudi 8 janvier 2015
Toutes les versions de cet article : [Deutsch][français]
Les parisiens se sont réveillés ce matin, et à travers eux le monde entier, dans une odeur macabre de poudre. Quelques fanatiques religieux, ce ne sont pas les premiers, ce ne seront pas les derniers, ont ouvert le feu lors de la réunion hebdomadaire de la rédaction du journal satyrique Charlie Hebdo. Une douzaine de morts et des blessés, dont une majorité de journalistes et caricaturistes connus de tous et habitués des mass médias, ainsi que deux flics, qui à la différence des autres, recevaient salaire pour se faire tirer dessus. Hormis peut-être chez quelques vieux loups de guerre, la première réaction que ces événements suscitent est l’empathie face à la terreur de cet assaut. En effet, cet attentat qui est le plus meurtrier en France depuis celui, fasciste, du train Strasbourg-Paris le 18 juin 1961 lors de la guerre d’Algérie, ne peut que faire résonner l’effroi face à la détermination et la fuite en avant de ses perpétrateurs. L’effroi, également, face à l’infamie religieuse qui détourne plus que jamais une bonne partie de l’humanité d’une véritable réflexion sur le monde qui l’entoure. A cela, pour nous anarchistes et révolutionnaires, vient s’ajouter l’effroi de la sempiternelle union nationale. Cette union nationale que l’on nous ressort à chaque fois que les États ont besoin de chair à canon prolétarienne. Car ce sont toujours les mêmes à qui l’on demande de se sacrifier sur les sentiers de la gloire pour des intérêts qui ne sont pas les leurs, comme la nation, la « paix » ou la république, pendant que les décisionnaires se grattent le dos sous les dorures de leurs palais.
On nous avait déjà fait le coup il y a cent ans, en 1914, nous exhortant à l’unité face aux « boches », ou il y a quelques années avec « l’affaire Merah », et c’est pareil aujourd’hui. Patrons et travailleurs, prisonniers et matons, flics et « délinquants », riches et pauvres, tous unis main dans la main pour observer le deuil national. Aujourd’hui, il n’y a plus de classes, plus de barrières entre les gens, ni de barricades, pourtant des centaines de milliers de personnes défilent dans les rues de toute la France (et même ailleurs). Mais au fait, qui cela arrange-t-il ? Certainement pas les indésirables qui peuplent les rues de Paris et du monde. Soudain, le terrorisme d’État, le terrorisme républicain et démocratique, les terroristes du fric, versent leurs larmes de crocodiles et se font passer pour les gentils, les djihadistes leur servent l’opportunité sur un plateau qui prend les proportions de l’univers, à tel point qu’il ne nous manque plus aujourd’hui que le maréchal pour prendre la tête de l’organigramme. Mais aujourd’hui il ne s’agit pas de récupérer l’Alsace-Lorraine, il s’agit de « défendre les valeurs de laïcité et la liberté d’expression ». Que de la merde, en somme, pour nous qui voulons détruire toutes les religions, et qui refusons toute liberté d’expression à tout ce qui porte une cravate, une soutane ou n’importe quel autre uniforme ou titre de noblesse.
Chacun y va de son petit commentaire lacrymal, chaque parti, chaque organisation, de tous les bords imaginables et possibles, libertaires inclus [1], nous recrache le discours prémâché des « barbares » à l’assaut du « vivre-ensemble ».
Mais c’est quoi au juste un barbare ?
Arrêtons-nous un instant sur ce terme. Du grec bárbaros (« étranger »), le mot était utilisé par les Grecs anciens pour désigner les populations n’appartenant pas à leur civilisation, définie par la langue et la religion helléniques. Le barbare est doncl’autre, celui qui ne partage pas la même soupe, ou bien celui qui ne la mange pas à la même table. Montaigne disait : « Nous appelons barbarie ce qui n’est pas de notre usage ». Comme nous l’avions déjà dit ailleurs, nous ne connaissons pas de barbares, nous ne connaissons que des individus survivant au sein de cette civilisation morbide. Nous ne connaissons pas d’en-dehors, nous connaissons des exclus, oui, mais ils ne pourraient pas être plus dedans qu’ils ne le sont déjà.
Les « barbares » du jour sont bien loin d’être en-dehors de la civilisation, bien qu’il soit probablement rassurant de le penser pour ses défenseurs. Tout comme le fameux « gang des barbares » en son temps, ils sont bien de purs produits de la civilisation. Ils en connaissent les codes, en utilisent les outils, et ne sont pas bien loin de ceux qui les fustigent en toute hypocrisie. Car cela ne fait que peu de différence, au fond, si les assassins portent un uniforme vert ou noir, s’ils crient « vive la démocratie » ou « Allahu akbar », s’ils portent un drapeau tricolore ou djihadiste, s’ils sont sanctionnés par l’opinion publique ou non, si leurs boucheries sont légales ou illégales, s’ils nous massacrent pour nous apporter leurs Lumières ou leur obscurité. En commettant leurs macabres exactions ils se mettent tous au même niveau, à partir du moment où ils refusent à l’individu de se réaliser comme il l’entend.
Le terrorisme n’est pas une pratique barbare, c’est une pratique hautement civilisée, la démocratie n’est elle pas née de la Terreur ? C’est pour cette raison qu’il faut combattre la terreur au même titre que la civilisation qui la produit et en a besoin, des « septembriseurs » de 1792 aux peines de prison exterminatrices et à Daeshaujourd’hui. Qui sont ils, ces porcs en cravate qui envoient leurs armées à l’assaut des populations de Centrafrique, d’Afghanistan et d’ailleurs, et qui aujourd’hui nous donnent des leçons de pacifisme lorsque douze personnes sont assassinées à Paris ? Ils sont exactement tous ceux qui défilent actuellement à la TV pour verser quelques larmes à peu de frais pour gagner ou ne pas perdre un ou deux misérables points de plus dans leurs tout aussi misérables sondages d’opinion.
Aujourd’hui, nous ne sommes pas plus Charlie qu’hier, et la mort ne transforme pas nos adversaires ou nos ennemis d’hier en amis d’aujourd’hui, nous laissons ce rapport au monde aux hyènes et aux vautours. Nous n’avons pas pour habitude de pleurer sur les tombes de journalistes (mêmes vaguement alternatifs ou libertaires) et de flics, car cela fait bien longtemps que nous avons identifié les médias et la police comme les deux armes essentielles de ce terrorisme civilisateur, par la fabrication du consentement, d’une part, par la répression et l’enfermement, de l’autre. Voila pourquoi nous refusons de pleurer des loups avec d’autres loups, ou même avec des moutons.
Ces prédateurs qui nous exhortent aujourd’hui à pleurer en cœur avec eux, à déclarer « Je suis Charlie », ces mêmes prédateurs en costards qui sont responsables de l’essor de groupes et de mouvances horrifiantes comme Al-Qaeda ou Daesh, anciens alliés des démocraties occidentales contre les périls précédents avant de prendre une place de choix sur le podium des périls géostratégiques d’aujourd’hui. Ces mêmes salauds qui chaque jour, dans leurs tribunaux, leurs commissariats, leurs taules, assassinent, enferment, mutilent et séquestrent celles et ceux qui ne suivent pas le chemin tout tracé qu’ils nous imposent à coups de trique et d’éducation. Ces mêmes êtres civilisés qui font crever chaque jour à leurs frontières celles et ceux qui tentent de fuir la misère et les guerres qu’eux-mêmes provoquent, ou leurs ennemis du jour, salafistes et consorts.
Ces salauds-là, nous n’avons aucune envie de les voir continuer à nous civiliser ou nous supprimer, et encore moins à se serrer les coudes avec eux. Car c’est contre eux que nous voulons nous serrer les coudes, contre eux et contre tous ceux qui sous divers prétextes, religieux, politiques, communautaristes, interclassistes, civilisateurs et nationalistes, ne nous envisagent que comme des pions à placer, à sacrifier, sur un échiquier immonde et absurde. Il est bon, aujourd’hui comme hier et demain, de rappeler ces quelques mots de Rudolf Rocker, lorsqu’il affirmait que « les États nationaux ne sont que des organisations d’églises politiques ; que la prétendue conscience nationale n’est pas née en l’homme mais enseignée à lui. C’est un concept religieux ; on est allemand, français, italien, exactement comme on est catholique, protestant ou juif ».
Cependant, il ne s’agit pas d’amoindrir le danger que représentent ces fous d’Allah, ces amoureux de l’auto-soumission et du masochisme moral. Et si nous sommes aujourd’hui complètement dépassés par leurs capacité à recruter un peu partout pour aller se faire sauter à droite à gauche, il faudra se poser des questions à ce sujet pour sortir de l’incompréhension. Tout en ne cédant pas aux sirènes de ceux qui ne souhaitent que nous diviser encore un peu plus en élargissant à partir d’une infime partie des musulmans, la stigmatisation de toute une population pour arriver au prétendu « choc des civilisations » qui les fait tant rêver, en fait la guerre civile, dont ils ne se rendent probablement pas compte des conséquences qu’elle pourrait avoir pour nous tous.
Et que dire de cet homme de ménage criblé de balles, froidement exécuté, qui n’avait rien demandé ? Qui s’en soucie ? Il n’avait probablement pas de compte twitter, il n’avait probablement pas ses entrées dans le spectacle moderne, il n’avait pas de nom, pas de visage, pas de copain pour le chialer à la TV. Il n’était pas Charlie. Il n’est qu’un dommage collatéral de quelques fous de dieu à la gâchette illuminée, comme tant d’autres en ce moment, comme les millions de victimes collatérales des États à travers le monde. C’est à lui que vont nos pensées ce soir.
Une chose est sûre, il n’y a rien à choisir entre peste et choléra, entre un quelconque dieu avec ses prophètes égorgeurs, crucifiés ou massacreurs et un quelconque État de merde avec ses flics et ses militaires assassins. Nous refuserons encore et toujours la sommation de choisir entre plusieurs formes d’esclavage et de soumission. Le choix que nous voulons faire ne pourra venir que de nous même, et c’est celui de la liberté.
Dans cette époque désespérante, face à la pseudo « unité nationale », face à la guerre civile, aux djihads des fanatiques et aux « guerres propres » des États, il nous faut remettre la guerre sociale sur le devant de la scène, jusqu’à ce que la scène brûle.
Des anarchistes,
le 7 janvier 2015.
Notes
[1] Petit jeu, ces déclarations sont elles extraites du communiqué du Groupe J.B Botul de la Fédération Anarchiste ou bien du discours de Francois Hollande ? : « Nos camarades de Charlie Hebdo viennent de payer un lourd tribut à la liberté d’expression. Plusieurs policiers font également partie des victimes. Nous rendons hommage à tous et à toutes ces victimes. [...] les anarchistes respectent la liberté de croyance dès lors qu’elle s’exerce dans le cadre d’une république laïque. »
Toutes les versions de cet article :[Deutsch][français]
Ni loi ni sharia
vendredi 9 janvier 2015
Toutes les versions de cet article : [français] [italiano][Nederlands]
Souvent, des prétendus adversaires partent en fait de la même base, partageant une même logique et ce n’est que la façade de leurs « solutions » qui diffère. Prenons par exemple les politiciens. Tous veulent se distinguer les uns des autres, proposant d’autres « programmes ». Mais tous sont d’accord que c’est eux, les politiciens de tout bord, qui sont les seuls capables d’organiser le vivre-ensemble. Aucun politicien ne croit à la capacité de chaque être humain à organiser lui-même sa vie, selon ses envies et ses besoins, ensemble avec d’autres
Le spectacle qu’ont mis en scène policiers et militants islamistes [1] la semaine dernière à Molenbeek est du même bord. Les policiers veulent faire respecter la loi de l’Etat, les islamistes prétendent se battre pour la loi de Dieu. Tous sont d’accord sur le fond : il faut une loi, car les gens, les individus, ne sont pas capables, pire, ne doivent en aucun cas avoir la liberté de décider eux-mêmes de leur vies, ni de comment se rapporter aux autres. Certes, il y a des lois qui laissent plus de « marges de manœuvre » que d’autres, mais au fond ce n’est toujours rien d’autre que le règlement de la grande prison qu’est la société actuelle. Policiers, Etat, islamistes : tous ne croient qu’en une chose : l’Autorité. Leur grand ennemi commun, c’est la liberté. L’Etat le démontre bien en réprimant tous ceux qui remettent en question le système actuel, qui prennent la liberté en se battant pour un changement radical. Les islamistes le démontrent bien en réprimant tous ceux qui veulent vivre libres, hors de toute contrainte, que ce soit au quotidien en essayant d’imposer leur morale et leurs punitions tortionnaires pour tout « pécheur », que ce soit sous les régimes islamistes ailleurs qui exterminent toute opposition, toute liberté, toute volonté individuelle.
Nous vivons dans un monde, dans une ville, pleine de tensions, des tensions sociales entre riches et pauvres, entre dirigeants et dirigés, entre exploiteurs et exploités. Les conflits ne sont pas rares et s’expriment de mille manières lors d’affrontements dans les quartiers, de grèves sauvages dans les entreprises, de refus de se soumettre à l’autorité étatique, de révoltes, de sabotages du train-train quotidien. Tout le monde sent que rien ne va s’aménager, que les oppositions deviendront toujours plus fortes et qu’il faudrait lutter, s’insurger pour qu’un changement radical et profond devienne possible. Ce n’est pas un hasard si aujourd’hui l’Etat se renforce de tous les côtés en pensant même à envoyer les militaires dans les rues de Bruxelles pour nous soumettre. Ce n’est pas un hasard si des forces réactionnaires et autoritaires comme les islamistes cherchent à se trouver une place « à la tête » de la conflictualité sociale. Car tous sentent que ça va exploser à un certain moment, mais personne ne sait où ça pourrait nous amener. Et tous ceux là, de l’Etat en passant par les partis politiques aux islamistes et fascistes, veulent le Pouvoir, craignent la liberté qui deviendra possible lors de l’explosion sociale. Tous veulent nous diriger, nous imposer ce qu’on doit faire et pas faire, ce qu’on doit penser et ce qu’on doit ressentir.
On n’utilisera pas des demi-mots face à la situation actuelle : nous sommes des révolutionnaires et des anarchistes, nous ne voulons diriger personne et ça fait longtemps que nous avons déclaré la guerre à toute forme d’Autorité. Qu’elle soit étatique ou islamiste, démocratique ou fasciste, toute autorité est ennemie de la liberté. Toute autorité cherchera toujours à nous condamner, enfermer, éliminer dès que nous commençons à penser pour nous-mêmes, à agir par nous-mêmes, à avoir confiance en nos capacités de radicalement transformer ce monde.
Alors, face aux tentatives d’islamistes de s’accaparer le mécontentement latent et la révolte, face à tous ceux qui prétendent combattre les autorités aujourd’hui pour en fait les remplacer demain par d’autres autorités, face à l’Etat qui s’apprête à serrer les vis pour tout le monde : autoritaires de tout bord, allez vous faire foutre !
Extrait de Hors Service n°28.
Notes
[1] Par là, nous ne voulons pas dire que tous ceux qui se sont opposés à la police lors de ces événements à Molenbeek seraient des islamistes ; simplement que ceux-ci ont cherché à se mettre « à la tête » d’une hostilité diffuse contre les autorités.
À L’ATTENTION DES INDIGNÉS
Au nom de la liberté d’expression, il me semble impossible aujourd’hui de clamer : « Je ne suis pas Charlie. » — La liberté d’expression serait-elle en train de tuer la liberté d’expression ? Comme c’est étrange…
La chose est effrayante en réalité. Me voilà dans l’obligation de dire, penser et être Charlie, et dans le cas contraire, je serai recadré par la ruche. Eh quoi ! N’ai-je donc pas le droit de douter ? Charlie et ses stylos incarnent-ils réellement la liberté d’expression ainsi qu’on me l’impose en boucle ? Noyé dans le pathos des images et des manifestations que les médias amplifient par leur matraquage, me voilà dans l’interdiction tacite de dire : Charlie n’incarne pas la liberté. Certes, les dessinateurs de ce journal se sont donné une liberté de s’exprimer, mais pourquoi cette « liberté » s’est-elle retournée contre eux de manière si sauvage, si animale et si indiscutablement condamnable ?
N’est-ce pas en définitive parce que cette violence est leur propre boomerang qui se retourne contre eux après avoir gagné en force chez leurs ennemis ? Scandale ! me répondrez-vous. Puis vous continuerez ainsi : « C’est parce qu’ils connaissaient la liberté de façon éminemment supérieure à leurs ennemis que ces derniers les ont traités avec tant de barbarie. » Soit donc, je vous demanderai alors la chose suivante : leur liberté était-elle à ce point évoluée ? En ce cas, pourquoi s’accordaient-ils le droit d’offenser la misérable ébauche de liberté de leurs adversaires par des satires si amères ?
En vérité, je crois qu’ils manipulaient le mot « liberté » sous la mine de leurs crayons de couleurs, mais qu’au fond ils ne la connaissaient guère plus que leurs assassins. Ils ont touché à des choses qui les dépassaient. Tel l’enfant tirant la queue d’un tigre qu’il prend pour un chat, et sous prétexte de le domestiquer, ils ont surtout exaspéré l’animal du haut de leur supériorité intellectuelle. Mais voici que le tigre s’est retourné contre eux, se révélant soudain pour ce qu’il est : une bête sauvage !
La tragédie qui vient d’arriver nous dit en réalité une chose : nous ne savons pas user de notre liberté et encore moins éduquer celui qui en manque afin de l’aider à en acquérir plus. Bien davantage , nous ne sommes pas libres à hauteur de nos prétentions. Mais le malheur de notre malheur, c’est que nous croyons être au sommet de notre liberté dès que nous nous donnons le droit de traiter une idéologie barbare par le non-argument. C’est-à-dire par le crayon de la satire ou par le bâton du policier ! Car ce qui relie l’un et l’autre, c’est précisément le caractère lapidaire de l’argument, l’extrême brièveté du propos, le recours à une charge pour répondre à la partie adverse.
Ainsi donc on usera de la matraque pour les individus encore incapables d’écouter un argument construit. Et à ce titre, parce que le représentant de la force publique connaît fort bien le caractère conflictuel de sa mission, il s’y prépare avec tous les moyens adaptés. En revanche, le satiriste, en croyant user de son crayon comme d’un moyen pour éduquer, et alors qu’il ne comprend pas qu’il a entre ses doigts la matraque d’une forme de Répression, se laisse surprendre par une scène de guerre qui n’est plus métaphorique, par une riposte qui n’est plus une image… Il s’ensuit que la mort d’un Policier est toujours celle d’un homme courageux, parce que le courage c’est d’être pleinement conscient du métier que l’on fait sans se leurrer à son propos.
ivsan et dianitsa otets
- Par ivsan otets | jeudi 8 janvier 2015 | 22:46
- http://www.canalblog.com/cf/my/?nav=blog.manage&bid=1140305&pid=31281870
9 janvier 2015
12
User nos semelles sur le froid macadam pour cautionner les chefs d’Etat européens ?
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
La suite de l’attentat contre Charlie Hebdo est comme une deuxième mort. Quand, face aux caméras de télévision, on ne trouve rien de mieux que Caroline Fourest et Philippe Val pour défendre la liberté de la presse, c’est qu’elle-même a décampé.
L’attentat de Richard Lenoir n’en est pas seulement un contre un hebdomadaire et ses héros, il en cache un autre, celui qui fait crier des dizaines de milliers de français venus dans la rue pour défendre la « liberté de la presse ». Quelle liberté ? Celle de Dassault, de Lagardère, de Bergé, Pigasse et Niel, celle de Drahi ou Rothschild, de Pinault ou d’Arnaud ? Les hommes au bon cœur, en sortant de chez eux pour manifester la haine qu’ils éprouvent pour les ennemies de la liberté, n’ont pas imaginé qu’en allant ainsi user leurs semelles sur le froid macadam, ils cautionnaient le système. Celui qui fait que la presse est moribonde, étouffée par ses mensonges, par ses oublis, par ses réseaux et de son peu de goût pour cette maxime venu des États Unis, mais qui me plait quand même : le journaliste est là pour réconforter les faibles et affliger les puissants.
Le pompon, comme le cordon du poêle que l’on doit tenir en ce jour de deuil, c’est le débarquement de Sarkozy à l’Élysée. Sarko is back, la belle image. Sorti du bavardage inutile avec Hollande, de son moment de connivence entre professionnel de la politique, on a pu entendre le nouveau président de l’UMP dauber sur « le système de sécurité français qui n’est pas adapté ». Il faut oser. Qui a organisé l’islam de France autour de l’UOIF au point que ce chef d’œuvre vient d’être couché par les Émirats Arabes Unis sur la liste des organisations terroristes ? Qui a soufflé sur le feu en Syrie avant de semer le chaos en Libye pour en faire deux nouvelles patries du djihad ? Principalement Sarkozy et ses compères du Qatar.
Après la tuerie de Charlie le temps est venu, non point d’ouvrir les prisons et de donner plus des fusils aux gendarmes. Le temps est venu d’un mea culpa. Il faut qu’un tribunal international juge tous les politiciens, essentiellement ceux de Washington, de Ryad et de Doha, qui ont inventé et nourri le djihad et son esprit, celui qui nous frappe aujourd’hui. Rappelons nous combien Ben Laden était un gentil garçon quand, aux côtés de la CIA, il se battant en Afghanistan contre les soviétiques. Rappelons-nous l’indifférence occidentale aux tueries perpétrées en Algérie par les sbires du GIA, dès qu’ils sont rentrés au pays leur campagne afghane terminée. Rappelons-nous que les États-Unis refusent toujours de publier 28 pages du rapport officiel sur les attentats du 11 septembre. Feuillets qui mettent en cause la complaisance de l’Arabie Saoudite pour les guérilleros ailés de Manhattan.
Peine perdue, demain nous passerons le micro à des Zemmour ou des Houellebecq puisqu’il semble que ce soit avec ces remèdes que les médias, et ceux qui les possèdent, entendent faire rendre gorge aux mahométans tout en sauvegardant la liberté de la presse.
Jacques-Marie Bourget
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
09/01/2015 à 23:55 par SZWED Christian
Et il n’est pas impossible que les balles de Kalachikov qui ont tué Bernard Maris, Cabu, Wolinski, Charb, Tignous et les autres personnes proviennent de ces armes et munitions lâchées aux salopards de tous bords par d’autres salopards qui ont mis le chaos en Libye et ouvert les armureries : les forces de l’OTAN et le propagandiste Bothul. Tous ceux là qui aujourd’hui sont à verser des larmes de crocodiles.Le comble de l’horreur.
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 01:35 par vagabond
Des gens qui se promènent avec des lance-roquettes parait-il ! Ils laissent leur carte d’identité commed’aucuns laisseriaent leurs cartes de visite.
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 02:05 par fabienne
Ah oui c’est clair, vu les budgets énormes consacrés à l’armement, les Etats-Unis ayant le pompon !! La France accueille d’ailleurs le grand salon de l’ingéniosité à tuer, avec un éventail de produits conséquent. Quand on fabrique des armes c’est pas pour les entreposer c’est pour les utiliser contre des GENS !!!!!!!!!!!!!!!!
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 08:37 par gérard
Quand j’entends le mot "Charlie", je me mets aux "abonnés absents", et ne demande qu’une chose :"sois sage Ô ma douleur et tiens toi plus tranquille"...
Ce qui s’est passé est un monstre que l’Occident a créé depuis 2001 et même bien avant . Mais allez donc en parler autour de vous, sans vous faire injurier.
À présent comme a dit Céline en arrivant sur le front en 1914 (voyage au bout de la nuit) :
« On venait d’allumer la guerre entre nous et ceux d’en face, et à présent ça brûlait ! Comme le courant entre les deux charbons, dans la lampe à arc. Et il n’était pas près de s’éteindre le charbon ! (...) »
À partir du moment où contre toute option de "dialogue", celle d’abattre au plus vite les assassins de Charlie (pour qu’ils ne parlent pas ?), la guerre avait donc été officiellement déclarée.
Elle peut maintenant continuer n’importe quand, n’importe où, demain, au supermarché du coin...plus rien ne peut l’arrêter.
Aller défiler demain ? même pas en rêve !
De toute façon il est trop tard.
Défiler demain, c’est réclamer un "patriot act" à la française, merci ! sans façon !
Mais on l’aura, ça c’est certain !
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 09:59 par Triaire
Il faut etre prudent en parlant des " tueries du GIA " en Algérie...Il paraitrait que peut-etre, toutes ne venaient pas de cette formation .
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 10:07 par Archer Gabrielle
Il paraît que tout le monde est libre de s’exprimer librement dans ce pays...
« MENSONGE ! »
Car concrètement les moyens de s’exprimer ne sont pas accessibles à [tous]
Seuls ceux qui restent dans les normes consensuelles ont accès aux médias.
Les autres doivent se contenter de quelques affiches.....!
(Anonyme)
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 11:48 par D. Vanhove
Article judicieux et clair...
comme à chaque fois dans ce genre de tragédie, les vraies questions ne sont pas posées...
ces patrons de presse soi-disant "libre" ne sont-ils pas les mêmes qui sont aussi les marchands d’armes du pays !?...
alors, à qui profitent vraiment ces crimes ?... aux musulmans !?... évidmt que non, ils en sont une fois de plus les premières victimes...
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 11:52 par chb
Il se pourrait que les USA fâchent leur allié saoudien en publiant les 28 redacted pages.
Y a-t-il un rapport avec le maintien de la production de pétrole par Riyad, préjudiciable via baisse de prix non seulement aux russes mais aussi aux producteurs de pétrole de roche d’outre atlantique ?
On pardonnerait alors aux ricains d’avoir suivi de si près les Tarnac et Memmouche et Kouachi, et de n’avoir pas communiqué en temps utile à nos pandores ce qui était important (Valls évoque des erreurs...). Mais cela suffira-t-il à occulter ces graves « défauts de communication » entre services étatsuniens, en 2001, qui ont tant facilité la réussite des attentats ?
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 11:52 par chb
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 12:17 par Archer Gabrielle
User nos semelles sur le froid macadam pour cautionner les chefs d’État européens « ..# @..???? !!!!!! & aarrrfffff » (mdr)
"On" peut tromper une partie du monde tout le temps et tout le monde une partie du temps, mais "On" ne peut tromper tout le monde tout le temps.....!
[Abraham Lincoln]
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 14:09 par Oli.
Non ce ne sont pas 3 tarés et des ’extrémistes armées par les amerlock (avec l’accord de nos politiciens) qui menacent la liberté d’expression.
Ce sont les politiciens et les médias Mainstream qui traitent ceux qui ne sont ni atlantistes, ni pro européen avec condescendance et supériorité : ah ces fascistes, ultra gauchistes, anarchistes, conspirationnistes.
Ce sont les journalistes qui ne sont plus que la courroie de transmission de la politique (pour ne pas dire du désordre) organisé par l’OTAN et la bureaucratie du bloc américano occidental qui taisent la politique de Regime Change américaine, de révolutions colorées montées par des agences publicitaires et autres ONG subventionnée par Soros & co., politique dirigée par la même clic de néo conservateur depuis 15 ans. Impérialiste, agressive, sortie des cartons de l’industrie de l’armement.
Ceux qui croient que notre système parce qu’il n’est pas une dictature est une démocratie, nous sommes dans une anti-démocratie.
Non l’Euricain et son modèle de société à croissance illimitée (fusse-t-elle verte) n’est pas un exemplaire universel et idéal.
Ceux qui soutienne un gouvernement ouvertement nazi pas seulement pro nazi, non la référence à Hitler est sans est sans ambages à Kiev.
La “liberté d’expression” n’a aujourd’hui et dans le bloc BAO (“bloc américaniste-occidentaliste) quasiment aucune existence sinon dans les réseaux quasi-clandestins que l’on trouve sur l’internet.
Fermer la tv, la radio,les média spectacles subventionnés et chercher les blogs, les empêcheurs de tourner en rond comme ici, ceux qui étudient des faits et ne se contentent pas de répandre une narrative pour ne pas dire propagande !
ET deux lectures : Le mythe de la caverne de Platon et 1984 d’Orwell
Ah bon ! Quelle liberté de la presse ?
10/01/2015 à 17:07 par Vertjaune
Et voilà, la grande récupération est lancée.
NON je ne manifesterai pas dimanche !
Et surtout pas derrière tous les chefs d’états européens, qui sont les organisateurs de ce massacre. Le clou de cette manifestation, c’est la venue de Porochenko, le boucher des Martyrs d’Odessa, brûlés vifs par les extrémistes néonazis qui l’entourent et qui lui servent de gardes prétoriens.
NON, décidément NON je n’irai pas.
Derrière Sarkozy, que le PS a instrumentalisé en le nommant chef de l’opposition, lui qui appelle à l’instauration du Patriot Act, et à l’arrêt des libertés, organisateurs de la Lybie et des livraisons d’armes qui reviennent aujourd’hui dans les mains des tueurs.
NON je n’irai pas derrière BHL, ce pantin admirateur de son nombril et de ceux qui massacrent des enfants à Gaza.
Je ne mêlerai pas mes pas avec ceux qui organisent le massacre. Ou étaient-ils tous ces bouffons qui pleurent aujourd’hui, lorsque Charlie publiait les fameuses caricatures du Prophète. Les ont-ils publiées dans leurs journaux ? Ont-ils soutenu le rédacteur en chef de France-Soir qui fut licencié le lendemain du jour ou il les fit paraître ?
NON définitivement NON je n’irai pas !!
10 janvier 2015
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Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
Dans le chaos provoqué par l’attentat monstrueux qui a coûté la vie à douze êtres humains, il n’est pas facile de se situer : Entre ceux qui expriment uniquement douleur et colère justifiées, ceux qui « craignent les amalgames » et ceux qui appellent à l’union nationale (et internationale) contre l’Islamisme radical sous la bannière du slogan « je suis Charlie ».
Bien sûr, le crime appelle douleur et colère, mais contre quoi exactement ?
Ce massacre ignoble est revendiqué par des individus qui se disent membres de Al Qaida. La nécessité absolue de combattre les mouvances obscurantistes de l’islamisme radical ne doit pas nous rendre amnésique. Ces courants qui s’imposent par la terreur affirment commettre leurs crimes au nom de l’Islam. Leur développement a été rendu possible par les interventions impérialistes, le démembrement des États et l’utilisation par l’Occident de ce courant contre les forces progressistes. En France, la situation sociale insupportable que vit la population issue de l’immigration post-coloniale, le racisme d’État, l’islamophobie, les discriminations, la stigmatisation ou les contrôles au faciès portent une responsabilité évidente dans l’essor de ce courant qui touche en réalité une frange marginale d’une jeunesse de toutes origines mais sans horizon.
Bien sûr le crime risque de provoquer des amalgames. Mais ces amalgames sont-ils nouveaux ? Charlie Hebdo, qui a longtemps représenté pour nous l’impertinence, l’insolence de mai soixante-huit, Wolinski, Cabu, l’écologie, RESF, ne s’est-t-il pas justement distingué dans l’art graphique et politique de l’amalgame depuis des années ? Et que les choses soient claires, personne ici ne dit qu’il n’avait pas la liberté de le faire et il a eu toute liberté de le faire des années durant.
Avoir la moindre complaisance ou compréhension pour des assassins de dessinateurs ou pour la mise à mort de gens en raison de leurs idées est insensé.
Mais Charlie Hebdo a mené une bataille politique. Et occulter et faire oublier dans quel contexte il publiait ses caricatures faisait partie de sa bataille politique.
Peut-on imaginer des caricatures émanant de journaux progressistes critiquant la religion juive pendant les années trente au moment de la montée de l’antisémitisme et de la persécution des juifs ? Et nous ne parlons pas ici de caricatures antisémites de l’époque mais de caricatures critiquant la religion juive.
Comment la critique des religions pourrait-elle faire abstraction du rapport dominant/dominé ? Critiquer les religions cela se fait aussi dans un contexte, dans un moment politique qui n’est aucunement neutre à l’égard des musulmans. Les actes de Charlie Hebdo, et les caricatures et les articles sont des actes et ont participé au développement de l’islamophobie en France. Développement du mépris et du racisme à l’encontre de tous les musulmans, des lois chargées de protéger « la laïcité à la française » contre eux, des mosquées attaquées, des agressions physiques contre des gens "d’apparence musulmane". Leur désignation comme boucs émissaires de la crise économique et sociale, qu’ils subissent aussi et souvent en première ligne, à l’aide des « amalgames » est en marche depuis des années.
Des ghettos et des discriminations, il n’en est pas question aujourd’hui, l’« union nationale » peut se faire avec le sang de tous ces morts, contre les musulmans, des mosquées brûlent déjà (encore), le terrain a été préparé de longue date.
Le "suicide français" est en marche annonçait le mois dernier un autre Charlot.
"L’Union Nationale" et "l’Union Sacrée" que l’émotion autour du massacre qui vient d’être commis essaie de nous imposer, manipulent les sentiments d’horreur et de révolte légitimes au service d’autres significations bien plus complexes et douteuses. La liberté d’expression n’est pas menacée en France, même la plus raciste. Nous ne sommes pas dans le camp de ceux qui soutiennent le racisme d’État ou les interventions impérialistes. Nous n’acceptons pas le "choc des civilisations" et la logique "terrorisme/antiterrorisme". Nous refusons d’avance toutes les nouvelles lois "sécuritaires" et toutes les nouvelles formes de discrimination ou d’injonction à l’égard des musulmans que cette union nationale ne peut manquer de produire. .
Alors aujourd’hui craindre l’amalgame nous semble plus qu’insuffisant. La France se dit un État de droit, les criminels doivent être arrêtés et jugés pour leurs crimes [Là, ils ont été abattus. Note du GS]. Mais leur crime va bien au-delà, il vient en réalité de libérer la politique de l’amalgame, et du bouc émissaire. En ce sens les bourreaux comme les victimes de l’attentat étaient partie prenante de la guerre des civilisations. En ce sens, si les assassins nous font horreur, Charlie n’était pas et n’est pas pour autant notre ami et « nous ne sommes pas Charlie ». Si notre solidarité et notre profonde compassion vont à tous les journalistes, salariés, policiers, victimes innocentes de cette tragédie et à leurs familles, l’union qu’il faut construire aujourd’hui est celle d’une France qui accepte d’être enfin celle de tous ses citoyens, musulmans inclus. La bataille contre le terrorisme passera par la bataille pour l’égalité, la justice, la reconnaissance de la France d’aujourd’hui dans toute sa diversité source d’immense richesse. Pour qu’au bout de cette nuit, le jour se lève, nous devons être aujourd’hui des musulmans.
Bureau national de l’UJFP le 9 janvier 2015
Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - 21 ter rue Voltaire, 75011 PARIS
Téléphone : 07 81 89 95 25 • E-mail : contact@ujfp.org : • Site web :
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Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 10:29 par Archer Gabrielle
encore une raison supplémentaire pour justifier le tout sécuritaire de l’Etat policier français.....!
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 10:56 par Elisabeth Loubet
Merci pour cette article qui associe la raison au coeur malgré ce que dirait Pascal.
Mais je pense aussi à Rousseau pour rappeler que la force ne peut fonder le droit. Tous ceux qui prétendent que la mort des assassins présumés fait justice se trompent et nous trompent.
Mais n’y a-t-il pas pour certains (et je ne parle pas des policiers qui ont fait l’assaut) la volonté d’abattre avant de juger ? ou peut-être pour ne pas juger.
Je laisse la réponse à la réflexion de chacun.
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 11:33 par Michel Taupin
"Les actes de Charlie Hebdo, et les caricatures et les articles sont des actes et ont participé au développement de l’islamophobie en France."
Je suis consterné par cette phrase irresponsable. Les dessinateurs de Charlie Hebdo dénonçaient le fanatisme insensé, les fous de Dieu, certainement pas l’Islam. Ils étaient anti-cléricaux mais tolérants. Ils ne supportaient pas les extrémismes religieux. Je n’aime pas cette sorte d’’unanimité" insupportable car contraire à la vérité. Vous pouvez penser ce que vous voulez de Charlie Hebdo, mais cette phrase est très laide, moi non plus j’étais loin d’être d’accord sur tout, je ne partage pas non plus le "nous sommes tous Charlie". Il y a là-dedans beaucoup d’indécence. On en reparlera. Moi, je suis Charb, je suis Wolinski, je suis Cabu, je suis Tignous, je suis mes amis libres.
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 12:00 par marc
je ne pense pas que NOUS SOMMES TOUS DES CHARLOTS
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 17:27 par Triaire
Excellent article qui remet les choses à leur juste place .Charlie avait dévié politiquement depuis les années 1996...Je jes ai quittés à cette époque, je les lisais depuis mes 18 ans mais avec les Choron, Cavanna, Reiser, Cabu, Siné etc..
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 17:40 par Hassinus
Il faut se poser la responsabilité des dirigeants occidentaux, Bush , Obama Sarkozy et consorts qui , il y a moins de deux ans laissaient des officines recruter au su et vu de tous les services de sécurité des jeunes musulmans désœuvrés pour aller détruire la Lybie et la Syrie et qu’encadraient des experts militaires américains français, anglais - envois assumés par ces pays. Ces crimes horribles sont la facture à payer de tant d’aveuglement politique. De plus, aux pleurs des victimes françaises - et ceux-là plus que d’autres ne le méritaient pas, il faut ajouter les victimes des bombardements barbares , effectués lâchement par des drones, de milliers de femmes et d’enfants de Syrie, Irak.
Et ces journalistes qui s’étiquettent si facilement -" je suis Charlie" et autres experts politiques prennent bien garde de ne pas souligner ces vérités simples...
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 19:12 par Altau
Merci au GS d’avoir publié ce texte si juste, à l’analyse percutante.
Bien avant l’issue de ces deux affaires, j’étais certain que les preneurs d’otages seraient abattus. Surtout ne pas prendre le risque d’un procès où seraient dites certaines choses que l’on ne voudrait absolument pas entendre.
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 20:39 par JOHN
Cela fait plaisir de trouver un endroit où des gens réfléchissent avec leur cerveau sans se laisser manipuler comme des enfants.
Je me pose une question depuis le début du délire "je suis charlie" au niveau internationale : comment expliquer un tel engouement à un tel niveau et aussi rapidement ?
Cela n’est pas arriver avec l’attentat contre l’école juive, je n’ai vu personne avec une pancarte "je suis juif". Le pilonnage meurtrier des civils palestiniens n’a pas soulevé un tel engouement compassionnel. Pas de pancarte "je suis palestinien" et on pourrait continuer comme ça avec une liste malheureusement interminable. Surtout que dans le cas de charlie les victimes des terroristes étaient loin d’être des civils neutres et sans parti pris sur l’échiquier des rapports extrémistes radicaux (sauf évidement pour les éternels et inévitables malheureux dommages colatéraux). Leurs façons d’exprimer une "liberté d’expression" était dans la connaissance des risques et dans des réactions qui déjà coûtaient des vies humaines lors de manifestations qui dégénéraient dans certains pays musulmans. Est-ce que des idées qui provoquent de tels séismes sociétaux sont nécessaires pour secourir la "liberté" ? La liberté a-t-elle besoin de tels procédés ? L’homme est-il plus important que ces idées de "libertés d’expressions" ou cela mérite t-il de tels carnages ? Ou bien peut-être sommes nous ailleurs que dans ces belles idées et ces belles paroles qui vu le résultat (et ce n’est pas fini) peuvent nous faire sérieusement douté ? Finalement j’ai bien peur que tout cela ne soit pas nouveaux. Au nom de belles idéologies bien peu réelles, des intérêts et des sentiments bien moins nobles sacrifient "ceux qui nous dérangent".
Suis-je responsable de mon frère ?
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 20:43 par Mazig
L’un des rares articles , pour ne pas dire le seul , à apporter une vision hors de la cohue médiatique globale dominante par sa totale subjectivité préméditée et agissant tel un comburant dans un objectif pré-établi et à visée destructrice.
Encore merci pour ce bol d’air.
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
10/01/2015 à 23:24 par Liang
Excellent ! Merci LGS.
Liberté d’expression ? D’abord de quoi ? Puis, avec quelle moyen technique ?
A la page de www.ujfp.org/spip.php?article3760 , vous trouverez " The service is not available. Please try again later ..."
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
11/01/2015 à 01:33 par Liang
Certains font un parallèle avec le 11/9 et parlent de France’s 911, même dans les classes primaires.
Un élève lève la main : Madame, mon Papa m’a dit qu’il y a aussi un 11/9 chilien...
La Maîtresse : N’importe quoi ! Il n’est pas un peu rouge-brun ton Papa ?
L’élève : c’est quoi rouge-brun ?
La Maîtresse : Antisémite.
L’élève : c’est quoi anti...?
La Maîtresse : Ça suffit ! Toto. Tu recopieras cent fois : Je suis Charlie.
Être ou ne pas être Charlie – là n’est pas la question
11/01/2015 à 01:57 par Leo Lerouge
Remarquable. Merci pour ce beau texte.
Une vidéo pour mesurer l'étendue des dégâts opérés par la politique béliqueuse de certains qui se montrent comme exemples de démocratie:
https://www.facebook.com/video.php?v=1010146615665743
10 janvier 2015
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Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer
Il est minuit moins le quart dans le siècle. Nous sommes à un point de bascule historique sur l’islamophobie et le déchaînement du racisme en France et plus largement en Europe.
La lecture simplifiée à l’extrême par les médias de cette journée du 7 janviers 2015 va se résumer et s’imprimer dans de nombreux cerveaux « par l’attaque meurtrière contre un journal « de Gauche » par des musulmans. Cela va déstabiliser et retourner des positionnements politiques. La peur, la colère, la tétanie, l’incompréhension, la panique morale vont chez certains laisser largement place à la Haine.
Au-delà des paramètres d’opportunité militaire qui ont pu justifier le choix de ce journal par ce commando, cette attentat correspond à une logique et à une vision politique des tak-taks : précipiter l’affrontement et la radicalisation de fractions importantes de la population. Charlie Hebdo bénéficie d’un capital symbolique encore important à gauche : il est encore considéré comme antiraciste et incarnant la liberté d’expression par de nombreuse personnes. Ce n’est pas Minute ou le Figaro qui ont été visés.
Les tak-taks savent que si la digue antiraciste de gauche saute, alors c’est toute l’Europe qui bascule dans le déchaînement d’une violence raciste symbolique et physique dont les musulmans sont les premières proies. Dans ce scenario les guerriers tak-taks qui se fantasment en défenseurs de l’Islam espèrent que les populations musulmanes alors violemment opprimées viendront trouver protection derrière eux. Un peu comme les sionistes toujours prêts a instrumentaliser les vagues d’antisémitisme pour justifier l’existence de l’État d’Israël en refuge des populations juives opprimées, les tak-taks ont besoin de l’oppression de l’Islam pour conquérir les cœurs des croyants.
Ne soyons pas hypocrites, Charlie Hebdo n’est pas un ami politique. Depuis des années, il a basculé dans le camp de la pensée dominante et participe au développement d’une islamophobie de gauche. Pourtant personne ne peut ni ne doit se réjouir de l’assassinat de ses journalistes. Rien ne peut justifier cet acte dans le contexte actuel de la France. Mais cette attaque ne doit pas faire taire non plus les critiques à l’encontre de Charlie Hebdo et de la presse en général sur sa ligne rédactionnelle et humoristique islamophobe.
Aujourd’hui, porter la guerre dans la salle de rédaction de Charlie hebdo, c’est comme poser une bombe à la gare de Bologne. C’est un acte de terreur pour désorienter.
Sur cet acte, complotisme et islamophobie vont prospérer. L’attaque contre Charlie Hebdo permet la prise en otage de millions de personnes de confession musulmane en France et en Europe.
Les seuls gagnants de cet a attentat sont les réactionnaires de tous bords, islamophobes en tête. En face, les tak-taks qui veulent le repli sur elle d’une communauté musulmane hétérogène se frottent les mains. Cette attaque, c’est un verrou qui est mis en place pour nous bloquer entre le marteau des takfirs et l’enclume du néo-libéralisme.
Les multiples sensibilités présentes dans les quartiers vont faire face à la sommation de choisir l’embrigadement à la Cause nationale ou la marginalisation et la criminalisation.
Les conditions permettant l’arrivée d’une telle catastrophe étaient réunies, nous le craignions.
Le PS a liquidé durant des années toute opposition à gauche, et surtout celle qui tentait de se construire dans les quartiers populaires. Cela a contribué à laisser le terrain libre à ce qui peut se faire de pire en matière de nihilisme. Parce qu’au delà de la ligne réactionnaire, ce qui marque ce genre d’action c’est l’impasse politique économique et sociale dans laquelle l’Europe se retrouve à chaque crise économique. Le nihilisme d’une partie des nôtres prospère sur la misère que sèment les gouvernements capitalistes en Europe.
Ce qui s’est passé ce 7 janvier, c’est la possibilité offerte par les tak-taks à ceux qui nous oppriment de couper des liens de solidarité et de détruire une communauté de destin entre croyants et non croyants. C’est la possibilité de condamner à l’avance n’importe qui en fonction de sa croyance ou de son faciès.
Les analyses biaisées servant de propagande aux pires réactionnaires, les appels à l’ordre républicain, à l’unité nationale, à la laïcité, à la liberté d’expression, à la démocratie parlementaire comme rempart face à la barbarie de l’ennemi intérieur nous tombent dessus comme une déferlante. Dans ce contexte la ritournelle sur « l’angélisme » dont la « gauche coupable » a fait preuve envers l’immigration et les Musulman.e.s risque de faire basculer bien des personnes raisonnables dans le camp de la haine de l’autre.
La population vivant en France se retrouve coincée dans ce contexte de crise économique entre l’enclume néolibérale qui ne donne pas de solution autre qu’individuelle et le marteau réactionnaire qui met les origines culturelles ou biologiques des classes populaires en compétition. La seule chose à faire est de tenir la ligne qui permette de nous sortir de ce piège : se battre collectivement pour la justice économique et sociale. Pris entre le marteau et l’enclume nous devons stopper le forgeron. Dans cette période sombre nous devons nous inspirer de ce qui se passe ailleurs dans le monde comme au Kurdistan coincé entre l’impérialisme occidental et les réactionnaires de Daesh. Ici comme ailleurs, nous avons la possibilité de créer les conditions de notre libération.
Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer
10/01/2015 à 14:42 par SZWED Christian
Il n’y a plus besoin d’inventer une stratégie du chaos en Europe et en France en particulier.Elle est offerte ici à bon compte par le Yémen aux dirigeants européens et à l’oligarchie otanesque.Le bon peuple médusé, abusé va suivre docilement ses maîtres demain place de la République.
Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer
10/01/2015 à 16:43 par Monk
Quand cessera-t-on de parler d’islamophobie ? L’islamophobie est bien souvent le faux-nez du racisme et Charlie Hebdo n’était pas du tout raciste. Sa ligne éditoriale pouvait être critiquée, son alignement dans les années Philippe Val, l’exclusion de Siné, etc. Mais non il n’était pas devenu ce journal raciste décrié par beaucoup.
Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer
10/01/2015 à 16:45 par Pierpoljack
ça fait plaisir de voir que LGS ait repris ce texte.
Nous ne sommes pas "Charlie"
Nous ne sommes pas "américains"
Pas en notre nom !
Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer
10/01/2015 à 17:40 par Grain de sel
Avec beaucoup de grains sel ont rempli un sac
Le sac de LGS se remplit d’un sel que je peux digérer
Suite à un acte anti social très indigestible
A qui profite ce crime ? Beaucoup se questionnent
Et nos mémoires individuelles et collectives
Sont condamnées à vivre avec ce souvenir que nous ne désirions pas
Perso, j’inscris la pathologie meurtrière dans le système d’exclusion sociale
Qui produit des espèces de zombies prêtes à tout
Pour rendre leur vie digne, même par la pire des indignité
Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer
11/01/2015 à 05:16 par Bruno
Vous dites : " Pris entre le marteau et l’enclume nous devons stopper le forgeron "
Je suis parfaitement d’accord avec vous. Cette phrase est excellente.
Votre article est excellent. Mais il y a un " mais ".
Oui, hélas, il y a toujours un " mais ".
Il y a un impensé logique dans votre article :
Nous ne pouvons pas faire le boulot, tout seul. Il faut qu’à l’inverse un certain travail idéologique soit fait.
J’ai entendu une anecdote une fois.
Est-elle exacte ou est-elle la trace d’un résidu raciste chez les révolutionnaires ?
Il ne me semble pas.
L’anecdote est celle-ci :
Ernesto Guevara, au début des guerres de libération en Afrique ( en Angola ? ) voyait certains de ses combattants africains se faire massacrer stupidement , car ils se peignaient selon leurs dires, une sorte de peinture d’ invisibilité magiques sur la peau, qui selon eux , les rendaient impénétrables aux balles tirées par les forces militaires d’oppression adverses.
Vous aurez une petite idée du résultat. Les types évidemment se faisaient trouer la peau. La pensée magique dans ce cas précis, ne les aidait pas. En rien du tout.
A vous lire au delà de la pertinence d’ensemble, on dirait que vous conseillez à vos amis de ne pas s’interroger sur leur corpus idéologique.
Dans votre esprit, ce sont les camarades, les personnes de Gauche, de faire "tout le boulot".
Désolé, j’y vois une forte condescendance de votre part. Il va bien falloir que cela change.
DE PART ET D’AUTRE.
Voici un article qui vous intéressera sans doute si vous avez vraiment envie que la réalité prenne une autre tournure.Car il n’y a pas qu’un seul forgeron. Il y en a deux :
Un forgeron chez l’un et un forgeron chez autrui.
Nous avons chacun et chacune un forgeron en nous, qui forge nos chaines.
Il s’agit précisément d’en finir avec lui.
c’est à dire, avec les DEUX forgerons.
Chez l’un, chez l’autre.
"Sami Aldeeb : Lettre à Dalil Boubakeur" :
http://www.memri.fr/2015/01/09/sami-aldeeb-lettre-a-dalil-boubakeur-re...
Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer
11/01/2015 à 12:10 par caius
Il est inacceptable d’assimiler les musulmans à une race ! Ce sophisme est utilisé depuis des décennies par des imbéciles utiles qui en stigmatisant ’l’islamophobie" défendent une idéologie totalitaire fasciste. L’islam est né dans le sang, Mahomet son créateur était un odieux criminel et j’ai le droit de considérer que cette idéologie est dangereuse et de le dire.
Ça faisait longtemps que Charlie Hebdo ne faisait plus rire, aujourd’hui il fait pleurer
11/01/2015 à 15:26 par Michel Maugis
@caius
Il est inacceptable d’assimiler les musulmans à une race ! Ce sophisme est utilisé depuis des décennies par des imbéciles utiles qui en stigmatisant ’l’islamophobie" défendent une idéologie totalitaire fasciste. L’islam est né dans le sang, Mahomet son créateur était un odieux criminel et j’ai le droit de considérer que cette idéologie est dangereuse et de le dire.
Mais si c’ est acceptable d’ assimiler les musulmans à une race, comme les juifs, les communistes, les marxistes, les homosexuels, les jeunes, les vieux,…etc..
Les racistes le savent trop bien. Être raciste c’ est discriminer un groupe d’ individu selon un ou plusieurs critères, physique ou culturel, dans tout débat. Voilà le sens moderne du RACISME.
Nier que le racisme n’ existe pas parce que les races humaines n’ existeraient pas est ridicule.
Les races existent puisque le racisme existe bel et bien, et vous en êtes un parfait exemple moderne.
Les races humaines existent si on prend en compte non seulement les différences physiques forgées par le climat, la géographie, les migrations mais aussi parce qui est bien plus important les cultures dont les religions font parti.
Le racisme est très utile pour dominer les peuples, pour dominer le peuple a conquérir et aussi pour dominer le peuple conquérant. D’ ailleurs, leurs élites ne sont pas forcément racistes, ils exploitent un sentiment imbéciles pour dominer et arriver à leurs fins : exploiter les peuples, saccager leurs ressources.
Demain pour recoloniser le monde musulman il faudra que les peuples racistes occidentaux deviennent des islamophobes, comme vous. Pour cela, il faut encourager les islamistes pour ravager les pays antiterroristes, laïques et muslmans, comme l’ étaient l’ Irak, et la Libye, et l’ est encore la Syrie. Il faut des Hollande, des cameron, des Obama, des Merkel etc… Il faut que les islamistes gagnent et installent leur état !! Après nous lancerons la guerre de libération, mais surtout de reconquête du monde musulman. Et vive le racisme !!
Il fallait fustiger l’intervention soviétique en Afghanistan qui osait ouvrir des écoles pour les petites filles. Ce que l’ impérialisme raciste blanc ne pouvait permettre. Seuls les petits racistes blancs occidentaux ont le droit de vivre sur la Terre.
L’ islamophobie est du racisme, au sens moderne. Invoquer la criminalité de Mahomet est aussi ridicule que d’ invoquer la criminalité de Staline pour justifier le racisme anti-communsite.
Prenez les choses à l’ endroit : Les pays occidentaux envahissent et massacrent les peuples depuis des siècles. Que sont ils exactement ? Des chrétiens ? ou non ? au nom de quoi massacrent ils ?
Pourquoi n’ êtes vous pas christianophobes ?
Qui attaque ? qui se défend ?
Apprenez que les religions NE SONT PAS LES CAUSES des guerres, comme les armes ne le sont non plus. Les religions ne sont qu’ une arme.. pour le pire et le meilleur, tout dépend.
Mohamed n’ a fait que construire une arme “la religion musulmane” à l’ exemple des juifs et des “chrétiens”.. pour conquérir… ou pour se défendre d’ un monde qui envisageait déjà d’ envahir le sien.
Polémique dans la famille Charlie Hebdo
Le Monde.fr | 14.01.2015 à 18h50 • Mis à jour le 14.01.2015 à 19h12 | Par Ariane Chemin
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« Je t’en veux vraiment, Charb ». Six petits mots dans le numéro de L’Obs du 14 janvier ont suffi pour plonger la famille de Charlie Hebdo dans l’une de ces violentes querelles qui agitent l’hebdomadaire satirique depuis l’affaire des caricatures de Mahomet, il y a bientôt huit ans.
« Je sais, ça ne se fait pas », écrit Delfeil de Ton à la fin d’un long article consacré à l’aventure de Charlie et en s’adressant à son « chef », exécuté le mercredi 7 janvier avec onze autres personnes. Evoquant un « gars épatant », mais « tête de lard », Delfeil reproche à Charb d’avoir mené sa rédaction à la mort. Un procès qui a fait bondir Maître Richard Malka, avocat du journal satirique depuis 22 ans, et beaucoup d’autres.
Delfeil de Ton, 80 ans, chroniqueur à L’Obs depuis 1975, est un des fondateurs de Charlie Hebdo. Il était déjà des aventures de Hara Kiri, puis de Hara Kiri Hebdo, avant de participer à la création du « premier » Charlie, en 1970, puis du « deuxième », en 1992. Il s’en était allé au bout de quatre mois - « je m’ennuyais à mourir avec Philippe Val », le nouveau patron, racontait-il à l’époque. Pour son numéro spécial consacré à la tragédie de Charlie Hebdo, le directeur de la rédaction de L’Obs, Matthieu Croissandeau, a donc demandé à son collaborateur de raconter aux lecteurs ses souvenirs sur deux pages.
Delfeil de Ton ressuscite ses souvenirs, croque ses amis, puis en vient à ce numéro de Charia Hebdo, que Charb avait décidé de publier, avec les caricatures de Mahomet, en novembre 2011. « Quel besoin a-t-il eu d’entraîner l’équipe dans la surenchère ? », accuse Delfeil. Peu après la sortie du numéro, les locaux de Charlie sont incendiés. Delfeil rappelle ce que son ami Wolinski, même âge que lui, en disait à l’époque : « Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire ». Ni recommencer, estime Delfeil : « Il fallait pas le faire mais Charb l’a refait, un an plus tard, en septembre 2012 ».
Ce n’est pas la première fois que Delfeil crée la polémique en consacrant sa chronique à Charlie. C’était à l’été 2008, lors d’une autre querelle qui avait largement dépassé les frontières de la rédaction de L’Obs et les troupes de Charlie. Après la publication d’un article du dessinateur Siné sur le mariage du fils de Nicolas Sarkozy, que Philippe Val avait jugé antisémite, le directeur de l’hebdomadaire avait décidé de licencier le dessinateur (Siné a depuis fait condamner Charlie pour préjudice moral et financier, et obtenu en appel 90 000 euros de réparations).
« Papier polémique et fielleux »
Déjà, comme si chacun pressentait qu’une autre partie, plus vaste, se jouait par-delà du sort d’une chronique et de dessins, une violente polémique s’était engagée, divisant la rédaction de Charlie, les partis de gauche, et jusqu’aux intellectuels. Le Prix Nobel de la paix, Elie Wiesel, avait pris le parti de Philippe Val, comme Bernard-Henri Lévy, Elisabeth et Robert Badinter, Pierre Lescure, Elisabeth Roudinesco, SOS-Racisme et d’autres. En défense de Siné, des dessinateurs comme Rémi Malingrey et Lefred Thouron, et au sein de la rédaction, Cavanna (qui évoquait en 2011 l’affaire dans son dernier livre, Lune de miel), Willem, Tignous, ou des journalistes comme Michel Polac et Sylvie Caster. Mais aussi, dans les colonnes du Nouvel Observateur, Delfeil de Ton, qui accuse depuis longtemps Val d’entraîner Charlie dans un combat sionisto-islamophobe.
Avocat de Charlie depuis 22 ans, Richard Malka a envoyé mercredi un texto scandalisé à Mathieu Pigasse, l’un des actionnaires de L’Obs (et du Monde), qu’il connaît bien. « Charb n’est pas encore enterré que L’Obs ne trouve rien de mieux à faire que de publier sur lui un papier polémique et fielleux, s’indigne Me Malka. Sur le plateau du Grand Journal, l’autre jour, le directeur de L’Obs, Matthieu Croissandeau n’avait pas de larmes assez chaudes pour dire qu’il continuerait le combat. Je ne pensais pas qu’il le ferait de cette manière. Je refuse de me laisser envahir par de mauvaises pensées, mais ma déception est immense ».
D’autres estiment que Delfeil a tort de ressusciter des propos anciens de Wolinski, « alors que ’Wolin’ est toujours resté fidèle à Charb, et se rendait toutes les semaines au journal ». « Il s’agit d’une chronique, répond calmement Matthieu Croissandeau. Nous avons reçu ce texte, et, après débat, j’ai décidé de le publier ; dans un numéro sur la liberté d’expression, il m’aurait semblé gênant de censurer une voix, quand bien même elle serait discordante. D’autant qu’il s’agit de la voix d’un des pionniers de cette bande ».
Delfeil, lui, refuse d’en dire davantage. « J’ai refusé de parler aux télés, aux radios, à tout le monde. J’ai gardé mon témoignage pour L’Obs, qui l’a d’ailleurs mal titré, et je ne suis pas prêt de l’ouvrir à nouveau sur le sujet ». Il précise seulement, en ne citant qu’un nom et en pesant chacun de ses mots : « Jeudi, j’irai aux obsèques de Wolinski ».
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/societe/article/2015/01/14/polemique-dans-la-famille-charlie-hebdo_4556428_3224.html#HIfjCvuu3UBCY8hA.99
Charlie à tout prix ?
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mardi 13 janvier 2015, par Frédéric Lordon
Ce texte est tiré d’une intervention à la soirée « La dissidence, pas le silence ! », organisée par le journal Fakir à la Bourse du travail à Paris le 12 janvier 2015.
Lorsque le pouvoir de transfiguration de la mort, ce rituel social qui commande l’éloge des disparus, se joint à la puissance d’une émotion commune à l’échelle de la société tout entière, il est à craindre que ce soit la clarté des idées qui passe un mauvais moment. Il faut sans doute en prendre son parti, car il y a un temps social pour chaque chose, et chaque chose a son heure sociale sous le ciel : un temps pour se recueillir, un temps pour tout dire à nouveau.
Mais qu’on se doive d’abord à la mémoire de ceux qui sont morts n’implique pas, même au plus fort du traumatisme, que toute parole nous soit interdite. Et notamment pour tenter de mettre quelque clarification dans l’inextricable confusion intellectuelle et politique qu’un événement si extrême ne pouvait manquer, en soi, de produire, à plus forte raison sous la direction éclairée de médias qui ne louperont pas une occasion de se refaire la cerise sur le dos de la « liberté d’expression », et de politiques experts en l’art de la récupération.
Disons tout de suite que l’essentiel de cette confusion se sera concentré en une seule phrase, « Je suis Charlie », qui semble avoir tout d’une limpide évidence, quand tant d’implicites à problème s’y trouvent repliés.
« Je suis Charlie ». Que peut bien vouloir dire une phrase pareille, même si elle est en apparence d’une parfaite simplicité ? On appelle métonymie la figure de rhétorique qui consiste à donner une chose pour une autre, avec laquelle elle est dans un certain rapport : l’effet pour la cause, le contenu pour le contenant, ou la partie pour le tout. Dans « Je suis Charlie », le problème du mot « Charlie » vient du fait qu’il renvoie à une multitude de choses différentes, mais liées entre elles sous un rapport de métonymie. Or ces choses différentes appellent de notre part des devoirs différents, là où, précisément, leurs rapports de métonymie tendent à les confondre et à tout plonger dans l’indistinction.
Charlie, ce sont d’abord des personnes humaines, privées – par bonheur, on s’est aperçu rapidement que dire simplement « Charlie » pour les rassembler faisait bon marché de deux policiers, un agent de maintenance, un malheureux visiteur de ce jour là, et puis aussi de cinq autres personnes, dont quatre juives, tuées les deux jours d’après. Sauf à avoir rompu avec toute humanité en soi, on ne pouvait qu’être frappé de stupeur et d’effroi à la nouvelle de ces assassinats.
Mais l’émotion n’a été si considérable que parce qu’il était perceptible à tous que ce qui venait d’être attaqué excédait évidemment les personnes privées. Et voici donc le deuxième sens possible de « Charlie » : Charlie comme métonymie des principes de liberté d’expression, des droits à exprimer sans craindre pour sa sécurité, tels qu’ils sont au cœur de notre forme de vie.
On pouvait donc sans doute se sentir Charlie pour l’hommage aux personnes tuées – à la condition toutefois de se souvenir que, des personnes tuées, il y en a régulièrement, Zied et Bouna il y a quelque temps, Rémi Fraisse il y a peu, et que la compassion publique se distribue parfois d’une manière étrange, je veux dire étrangement inégale.
On pouvait aussi se sentir Charlie au nom de l’idée générale, sinon d’une certaine manière de vivre en société, du moins d’y organiser la parole, c’est-à-dire au nom du désir de ne pas s’en laisser conter par les agressions qui entreprennent de la nier radicalement. Et l’on pouvait trouver qu’une communauté, qui sait retourner ainsi à l’un de ses dénominateurs communs les plus puissants, fait une démonstration de sa vitalité.
Mais les choses deviennent moins simples quand « Charlie » désigne – et c’est bien sûr cette lecture immédiate qui avait tout chance d’imposer sa force d’évidence – quand « Charlie », donc, désigne non plus des personnes privées, ni des principes généraux, mais des personnes publiques rassemblées dans un journal. On peut sans la moindre contradiction avoir été accablé par la tragédie humaine et n’avoir pas varié quant à l’avis que ce journal nous inspirait – pour ma part il était un objet de violent désaccord politique. Si, comme il était assez logique de l’entendre, « Je suis Charlie » était une injonction à s’assimiler au journal Charlie, cette injonction-là m’était impossible. Je ne suis pas Charlie, et je ne pouvais pas l’être, à aucun moment.
Je le pouvais d’autant moins que cette formule a aussi fonctionné comme une sommation. Et nous avons en quelques heures basculé dans un régime de commandement inséparablement émotionnel et politique. Dès ses premiers moments, la diffusion comme traînée de poudre du « Je suis Charlie » a fait irrésistiblement penser au « Nous sommes tous américains » du journal Le Monde du 12 septembre 2001. Il n’a pas fallu une demi-journée pour que cette réminiscence se confirme, et c’est Libération qui s’est chargé de faire passer le mot d’ordre à la première personne du pluriel : « Nous sommes tous Charlie » — bienvenue dans le monde de l’unanimité décrétée, et malheur aux réfractaires. Et puis surtout célébrons la liberté de penser sous l’écrasement de tout dissensus, en mélangeant subrepticement l’émotion de la tragédie et l’adhésion politique implicite à une ligne éditoriale. Ceci d’ailleurs au point de faire à la presse anglo-saxonne le procès de se montrer hypocrite et insuffisamment solidaire (obéissante) quand elle refuse de republier les caricatures. Il fallait donc traverser au moins une mer pour avoir quelque chance de retrouver des têtes froides, et entendre cet argument normalement élémentaire que défendre la liberté d’expression n’implique pas d’endosser les expressions de ceux dont on défend la liberté.
Mais cette unanimité sous injonction était surtout bien faite pour que s’y engouffrent toutes sortes de récupérateurs. Les médias d’abord, dont on pouvait être sûr que, dans un réflexe opportuniste somme toute très semblable à celui des pouvoirs politiques dont ils partagent le discrédit, ils ne manqueraient pas pareille occasion de s’envelopper dans la « liberté de la presse », cet asile de leur turpitude. A l’image par exemple de Libération, qui organise avec une publicité aussi ostentatoire que possible l’hébergement de Charlie Hebdo. Libération, ce rafiot, vendu à tous les pouvoirs temporels, auto-institué dernière demeure de la liberté d’expression ! — peut-être en tous les sens du terme d’ailleurs. Et combien de la même farine derrière Libé pour faire de la surenchère dans le Charlisme ?
« Si cet homme qui, dit-on, riait de tout revenait en ce siècle, il mourrait de rire assurément », écrit Spinoza dans une de ses lettres. Et c’est vrai qu’il y a de quoi rire longtemps à voir ainsi les organes de la soumission à l’ordre social entonner avec autant de sincérité l’air de l’anticonformisme et de la subversion radicale. Rire longtemps... enfin pas trop quand même, car il faudra bien songer un jour à sortir de cette imposture.
Ce sera sans l’aide du pouvoir politique, qui n’a jamais intérêt au dessillement, et à qui l’union nationale a toujours été la plus fidèle des ressources. Union nationale, et même internationale en l’occurrence, dont une version carabinée nous aura été administrée. Fallait-il qu’elle soit incoercible la pulsion récupératrice de François Hollande de se faire reluire à la tête de Paris « capitale du monde » pour convier, de proche en proche, jusqu’à Orban, Porochenko, et puis Netanyahu, Lieberman, etc. de hautes figures morales, connues pour se partager entre défenseurs de la liberté de la presse et amis du dialogue interconfessionnel [1].
Par bonheur, il s’est déjà trouvé suffisamment de voix pour s’inquiéter des usages, ou plutôt des mésusages, que ce pouvoir ne manquera pas de faire d’une mobilisation de masse qu’il s’empressera de considérer comme un mandat.
Espérons qu’il s’en trouvera également pour recommander à quelques éditorialistes un court séjour en cellule de dégrisement, et pour leur apporter le café salé. Dans la concurrence pour être à la hauteur de l’Histoire, et même – pente aussi fatale que grotesque de l’information en continu – pour être les premiers à « annoncer » l’Histoire, il était logique que tous criassent à l’Histoire et à l’Historique à propos de la manifestation d’hier. S’il est permis d’en rire, on dira que, historique, elle l’a sans doute été sous quelque rapport, au moins pour être la première du genre où le comptage de la police avait une chance d’être supérieur à celui des organisateurs. On ne sache pas cependant qu’il soit resté grand-chose des manifestations monstres de Carpentras et du 1er mai 2002, effusions collectives qui avaient déjà hystérisé le commentariat, mais dont on doit bien reconnaître que la productivité politique aura été rigoureusement nulle.
On aimerait beaucoup qu’il en aille autrement cette fois-ci, mais on ne peut pas s’empêcher de poser en toute généralité la question de savoir s’il n’y a pas un effet de substitution entre le degré de l’unanimité et sa teneur politique possible. Par construction, arasant toute la conflictualité qui est la matière même de la politique, la masse unie est tendanciellement a-politique. Ou alors, c’est que c’est la Révolution – mais il n’est pas certain que nous soyons dans ce cas de figure…
Il y aurait enfin matière à questionner la réalité de l’« union nationale » qu’on célèbre en tous sens. Tout porte à croire que le cortège parisien, si immense qu’il ait été, s’est montré d’une remarquable homogénéité sociologique : blanc, urbain, éduqué. C’est que le nombre brut n’est pas en soi un indicateur de représentativité : il suffit que soit exceptionnellement élevé le taux de mobilisation d’un certain sous-ensemble de la population pour produire un résultat pareil.
Alors « union nationale » ? « Peuple en marche » ? « France debout » ? Il s’agirait peut-être d’y regarder à deux fois, et notamment pour savoir si cette manière de clamer la résolution du problème par la levée en masse n’est pas une manière spécialement insidieuse de reconduire le problème, ou d’en faire la dénégation. A l’image des dominants, toujours portés à prendre leur particularité pour de l’universel, et à croire que leur être au monde social épuise tout ce qu’il y a à dire sur le monde social, il se pourrait que les cortèges d’hier aient surtout vu la bourgeoisie éduquée contempler ses propres puissances et s’abandonner au ravissement d’elle-même. Il n’est pas certain cependant que ceci fasse un « pays », ou même un « peuple », comme nous pourrions avoir bientôt l’occasion de nous en ressouvenir.
Il y a une façon aveuglée de s’extasier de l’histoire imaginaire qui est le plus sûr moyen de laisser échapper l’histoire réelle — celle qui s’accomplit hors de toute fantasmagorie, et le plus souvent dans notre dos. Or, l’histoire réelle qui s’annonce a vraiment une sale gueule. Si nous voulons avoir quelque chance de nous la réapproprier, passé le temps du deuil, il faudra songer à sortir de l’hébétude et à refaire de la politique. Mais pour de bon.
[1] Lire Alain Gresh, « D’étranges défenseurs de la liberté de la presse à la manifestation pour “Charlie Hebdo” », Nouvelles d’Orient, 12 janvier 2015.
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13 janvier @13h55 »
bulle
Qu’il y ait une bulle, non pas phynancière, mais médiatique et citoyenne autour d’un journal que très peu lisaient, est entendable.
Mais Charlie Hebdo, ce n’est pas que des crayons, ça a toujours été des plumes... On pouvait regarder ce journal mais aussi lire derrière la couverture : les textes de Cavanna, Polac, Maris, Lançon, Thoret ont toujours fait réfléchir au-delà des images.
13 janvier @14h01 « »
"Ou alors, c’est que c’est la Révolution – mais il n’est pas certain que nous soyons dans ce cas de figure…" Surement. Mais la rapidité de la réaction de Hollande (ne nous moquons pas de ce très fin politique) tient autant à la crainte de la révolution qu’à celle du terrorisme. On nous a refermé très vite la bouche au moment où elle s’ouvrait. La parole comprimée peut exploser. Et il y a des formes multiples de révolution. Ne nous rendons pas trop vite aux modes de pensée de l’adversaire.
13 janvier @14h09 « »
Comme d’hab, le fond de ma pensée ici parfaitement exprimé.
Se faire traiter de monstre d’insensibilité pour cause de se refuser à être Charlie avec tout ce que cela entend...
Nous verrons dans un mois si tous ces Charlie continueront à s’investir..
13 janvier @14h10 « »
La religion de la libre concurrence non faussée a fait de notre société une société darwinienne où règne la loi du plus fort.
La "médiacratie" fait de notre société une société "Pavlovienne" d’où disparait la moindre miette de pensée.