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25 janvier 2014

PAROLE ET VERITE

Mais nous voici en présence d'une étrange et bienheureuse contradiction. La réalité qui nous entoure est constamment changeante et fluente. Tout coule. Panta rhei. Le fleuve qui est là n'est jamais le même, cette eau devant moi fuit et ne sera plus jamais. A tous ses niveaux, le réel est instable et fuyant. Prenez le politique ou l'économique, chaque instant modifie sa contexture, chaque instant introduit une perte ou un accident qui rend impossibles prévision comme organisation effective. Il n'y a pas de répétition en histoire, jamais deux situations ne seront effectivement comparables. Mais ce n'est pas seulement le temps qui fait l'instabilité du réel. Celui-ci en lui-même, qu'est-il? Le beau livre de Bernard d'Espagnat nous interroge et nous émeut. Cette pierre que je vois, je savais qu'elle était essentiellement du vide avec des tourbillons d'atomes. Mais plus le physicien avance, plus le réel devient insaisissable, à la limite seule la mathématique me donne la garantie qu'il existe. On arrive à une finesse d'analyse et de connaissance qui fait de ce réel un évanescent éblouissement. Le réel est là et pourtant il n'y a rien. Ce que je crois saisir est non seulement transitoire et labile, mais dans sa "substance" (s'il est encore permis d'employer ce mot dans le vide et l'absence que nous découvre la physique théorique) proprement insaisissable. Existent nos instruments de mesure. Mais au-delà... Tout alors est-il contenu dans nos sens? Vielle question, qu'il faut renouveler, car voici l'étonnante contradiction. Le réel qui m'entoure, cette table sur laquelle j'écris, je les saisis par la vue, par le toucher. C'est-à-dire par les sens les plus assurés, les plus indiscutables. Et cependant nous savons de science sûre que ce que je vois n'est pas ce que je vois. Mais qu'importe. Ma vue me donne une certitude sur le réel, et je n'ai besoin de rien d'autre.

Voici l'autre volet. Shakespeare:" Car la vérité reste la vérité jusqu'à l'infini des nombres" (Mesure pour mesure).Et Shakespeare a raison. La vérité reste la vérité envers et contre tout. Elle est ferme, stable, dure, irréfragable. Il ne faut pas la relativiser parce que les sciences ont varié. Il ne faut pas dire que vérité hier devient erreur aujourd'hui (et l'inverse). Il ne faut pas dans un libéralisme extrême dire que tout est relatif et par conséquent celui-ci peut bien avoir raison et celui qui dit le contraire, également. Si la vérité est la vérité hors de nos saisies et de nos aproximations, elle est. Un point c'est tout. Elle reste forcément elle-même. Héraclite constatant la fuite du réel dit une chose qui elle, ne fuit pas, et se trouve du ressort de la vérité. La vérité n'est rien d'autre que l'absolu, ou l'éternel, et dont nous ne sommes pas capables d'approcher les abords. Et ce n'est pas nous qui construisons cette vérité, par pièces et morceaux successivement ajoutés pour être bientôt retirés et l'édifice démantélé. Or cette vérité fermée comme un point et sûre comme une carte, translucide comme un cristal mais dure comme un diamant, voilà donc que c'est par la parole que nous la transmettons et même la cernons. Seulement par la parole. Elle est liée à la parole, elle se communique par elle. C'est-à-dire, avons-nous vu, le moyen le plus incertain, le plus susceptible de variations et de doute. La parole fragile et qui ne dure pas, qui s'évanouit aussitôt dite. Ainsi notre sens le plus assuré se réfère à ce qui existe de plus incertain, et notre moyen le plus labile de réfère à ce qui est le plus certain.

Et voici l'émerveillement: c'est une bénédiction pour l'homme qu'il en soit ainsi. Comment pourrions-nous vivre si nos sens nous avertissaient que le réel dans lequel nous nous situons finalement n'existe pas, que ce n'est qu'une débauche de tourbillons et d'illusions? Comment pourrais-je marcher si mes sens me montraient que devant moi il n'y a que du vide, comment pourrais-je manger si mes sens me montraient le caractère totalement irréel de ce que je mange...? Tout ne se ramène pas à mes impressions. Ce n'est pas cela que je veux dire. Mais que les sens de la certitude, la vue et le toucher, me fournissent la garantie qui m'est indispensable pour vivre, à l'égard d'un milieu qui m'est etranger et etrange. Ma certitude est fausse quant à l'exactitude de ce réel, mais c'est cette certitude qui me permet de vivre. Et la physique ou la mathématique m'apprennent beaucoup sur ce réel mais ne peuvent contredire l'irrécusable de mes sens. Qu'importe que la chimie me donne l'exacte formule du vin que je suis en train de boire, cela ne chang rien au plaisir extrême que j'éprouve. Il faut pour que je vive que mes sens aient raison contre l'analyse scientifique du réel. Et voici que la réciproque est non moins vraie. Que deviendrions-nous si nous pouvions saisir la vérité avec une inexorable exactitude, s'il y avait adéquation parfaite entre les moyens et la vérité. Ce serait épouvantable et proprement invivable. Fixés une fois pour toutes dans un musée de papillons. Nous serions là avec notre splendeur sans plus pouvoir bouger puisque tout serait dit, clos, achevé. Parfait. Nous avons vu l'horreur qui s'est produite au cours de notre histoire chaque fois qu'un homme ou un groupe ont prétendu exprimer la totalité de la vérité, et que leur parole était identique à la vérité, ou que la vérité ne pouvait se situer "ailleurs" ni être "autre". Ceci a légitimé toutes les dictatures, toutes les oppressions, tous les mensonges, tous les massacres. Une parole contre une parole, cela seul peut comme une boussole frémissant dans son habitacle pointer fragilement vers la vérité. Et même hors de la prétention de l'homme empli de son orgueilleuse, exlusive saisie d'une vérité, si, en effet, nous pouvions la saisir telle quelle et la transmettre sans déperdition, sans troubles, la vérité en elle-même nous écraserait et nous empêcherait de vivre. Il faut pour vivre que la vérité soit exprimée par l'agent le plus fragile, laissant à l'autre sa liberté, avec l'inquiétude qui nous fait avancer que jamais nous ne pourrons saisir la vérité entière, jamais clore notre aventure par l'identité entre ma vie et la vérité. Et même quand nous avons l'entière conviction que la vérité est "là", je pense aux chrétiens, je pense à mes amis protestants:"la parole de Dieu est exprimée dans la Bible". Même ainsi comment  n'aurais-je pas la prudence de dire que cette parole est transmise par une parole d'hommes, de témoins la passant à d'autres témoins, et moi quand je l'écoute je la comprends avec mes mots, avec mes images de parole, et je la dis avec mon langage et je ne suis pas Dieu -heureusement. Bien heureusement. Sans quoi la vie humaine serait close. Et disant cela je n'amoindris en rien cette vérité révélée: au contraire, c'est ainsi que je la respecte, que je lui reconnais une telle dimension, une telle profondeur, une telle perpétuité, qu'elle est vraiment vérité. Si je prétendais la saisir, l'exprimer entière, c'est alors qu'elle ne serait plus vérité. Et le lien Parole-Vérité se trouve tel, que sans parole, rien ne peut être su de la vérité. Et cette vérité se constitue dans les lentes générations (Toledoth) au travers des flux et reflux de paroles, au travers de nos communions et de nos malentendus. Ainsi se situe cette vie merveilleusement humaine. Le sens le plus assuré s'adressant au monde le plus incertain. Le sens le plus flexible exprimant l'irréfragable.

La Parole humiliée.

P45-48

Jacques Ellul.

Car ce n'est pas pour baptiser que le Christ m'a envoyé, c'est pour proclamer la Bonne nouvelle. Et cela, sans recourir aux arguments de la sagesse humaine, afin de ne pas vider de son sens la mort du Christ sur la croix.

En effet, la prédication de la mort du Christ sur une croix est une folie aux yeux de ceux qui se perdent. Mais pour nous qui sommes sauvés, elle est la puissance même de Dieu. N'est-il pas écrit:

Où est le sage? Où est l'interpète de la Loi? Où est le raisonneur de ce monde? Dieu n'a-t-il pas changé en folie la sagesse du monde?

En effet, là où la sagesse divine s'est manifestée, le monde n'a pas reconnu Dieu par le moyen de la sagesse. C'est pourquoi Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient, par un message qui paraît annoncer une folie.

Oui, tandis que, d'un côté, les Juifs réclament des signes miraculeux et que, de l'autre, les Grecs recherchent "la sagesse", nous, nous prêchons un Christ mis en croix. Les Juifs crient au scandale. Les Grecs, à l'absurdité. Mais pour tous ceux que Dieu a appelés, qu'ils soient Juifs ou Grecs, ce Christ que nous prêchons manifeste la puissance et la sagesse de Dieu. Car cette "folie" de Dieu est plus sage que la sagesse des hommes, cette "faiblesse" de Dieu est plus forte que la force des hommes.

1Corinthiens 1.17-25

Un livre extraordinaire pour ceux qui veulent voyager dans le temps et se retrouver en plein dans le déroulement de l'histoire du Christ. A quelques détails près le récit est époustouflant de "réalisme" en toute liberté créative par rapport à l'exactitude de la source que sont les Ecritures.Je le conseille vivement tant pour les croyants que pour ceux qui ne le sont pas. Un de mes livres favoris.

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